Projection artistique du Vantage College de UBC

Projection artistique du Vantage College de UBC
Photo Credit: http://www.ubc.ca/

Vantage College à l’Université de la Colombie-Britannique: Canadiens, abstenez-vous!

UBC, l’Université de la Colombie-Britannique, a entrepris la construction d’un nouveau collège sur son campus face au Pacifique au coût de 127 millions de dollars. Par contre, les étudiants canadiens sont fortement invités « à ne pas y postuler.»

Le collège ne recevra que des étudiants internationaux aux goussets très profonds, essentiellement de Chine.

Ce n’est aujourd’hui qu’un simple gros trou, mais le projet Vantage College irrite de nombreux étudiants de l’université britanno-colombienne qui soulignent que les fonds auraient pu être investis dans la rénovation des résidences étudiantes actuelles ou encore dans une politique de limitation de l’augmentation des frais de scolarité.

Aspen Dirk, étudiante à UBC

Aspen Dirk, étudiante à UBC

« C’est un manqué total de respect, » martèle l’étudiante Aspen Dirk. « C’est comme de recevoir une gifle en plein visage.»

De nombreux étudiants affirment que UBC investit plus de 127 millions de dollars dans ce projet d’un collège autonome avec sa tour de résidences étudiantes pour près de 1 000 étudiants internationaux alors que l’université n’a pas beaucoup  de marge de manœuvre financière.

Le site web du collège Vantage ciblant les étudiants internationaux asiatiques affirme qu’ils pourront se prévaloir « d’appui scolaire et autres 24 heures par jour » (round the clock support), « un cursus sur mesure » (custom curriculum) et « des classes plus petites » (lower class sizes).

Le collège à venir permettra aux étudiants potentiels dont les résultats linguistiques aux tests d’Anglais ne rencontreraient pas les standards requis par UBC – mais dont les résultats scolaires sont bons – d’entrer dans un programme particulier de première année taillé sur mesure.

Les étudiants du Vantage College paieront 50 000 dollars par année, ce qui comprend les frais de scolarité, le logement et les soins de santé.

Clientèle cible : que des étudiants internationaux

Zachary Crispin, porte-parole de la FCÉÉ

Zachary Crispin, porte-parole de la FCÉÉ

Il est à noter que même les étudiants canadiens dont l’anglais est une langue seconde et qui auraient les moyens de s’inscrire au Vantage College ne sont pas les bienvenus.

De fait, le site web précise: « Vous ne pouvez faire une demande d’application que si vous êtes étudiant international, que vous n’êtes ni citoyen canadien ni résident permanent. »

La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants affirme de son côté que de vouloir contrer la chute du financement universitaire au Canada en construisant un collège pour une frange d’étudiants riches est pour le moins rétrograde.

Zachary Crispin, porte-parole de la FCÉÉ a déclaré : « Le collège Vantage n’est qu’un exemple où les priorités de financement sont faussées. Nous devons nous pencher sur les conditions des étudiants déjà inscrits au Canada aujourd’hui et sur les contraintes auxquelles ils doivent faire face dans le financement de leurs études universitaires. »

Alors que UBC investit des fonds dans le collège Vantage et sa tour résidentielle de 1 000 chambres pour étudiants, l’université est confrontée à un manque chronique de logement pour sa population estudiantine actuelle avec une liste d’attente de plus de 5 200 noms. De plus, les étudiants sont confrontés à une augmentation de 20% des frais de logement.

Pour l’année universitaire 2015-2016, les étudiants internationaux – dont les frais de scolarité sont plus du double de ceux payés par les étudiants canadiens – devront absorber une augmentation de 10% des frais de logement.

Les étudiants de UBC craignent assister à l’émergence d’une classe élite

Anne Kessler, vice-présidente de l’Association des étudiants de l’Université de la Colombie-Britannique

Anne Kessler, vice-présidente de l’Association des étudiants de l’Université de la Colombie-Britannique

L’Association des étudiants de l’Université de la Colombie-Britannique redoute que les étudiants qui seront inscrits au Vantage College vivent en vase clos, dans un environnement privilégié.

Selon la vice-présidente de l’association Anne Kassler, « c’est vraiment inquiétant, nous voyons poindre la possibilité de voir l’arrivée de personnes qui refuserons de faire partie de la communauté étudiante de l’université. »

De son côté, la direction de l’université affirme que la construction du Vantage College permettra d’apporter un meilleur appui, un meilleur soutien aux étudiants dont l’anglais est une langue seconde, tout en reconnaissant que les revenus supplémentaires seront certes les bienvenus.

Angela Redish, vice-présidente associée de UBC souligne de son côté que les revenus que l’institution retirera du Vantage College allégeront la pression financière sur les coffres de l’université tout en étant profitables pour l’ensemble des étudiants.

« À UBC, nous faisons face à de sérieuses contraintes financières tout comme c’est le cas pour l’ensemble des institutions publiques partout au Canada, peut-être même sur l’ensemble de la planète. Ce n’est qu’une façon de faire face à ce problème, » a-t-elle déclaré.

Angela Redish, vice-présidente associée de UBC

Angela Redish, vice-présidente associée de UBC

Mais, ça ne passe tout simplement pas chez les étudiants actuels de UBC.

L’étudiante Aspen Dirk ajoute: « UBC devient de plus en plus une école élitiste. Le message qu’on lance aux pauvres et aux moins nantis est tout simple, abstenez-vous de postuler chez nous.»

Même si la construction du Vantage College n’est qu’à l’étape des fondations, 200 étudiants de l’institution se sont inscrits à la session qui débutait en septembre. L’arrivée de ces personnes, qui paient 50 000 dollars par année, a causé l’éviction d’étudiants réguliers déjà inscrits des logements universitaires sur campus.

Panorama aérien, Université de la Colombie-Britannique

Panorama aérien, Université de la Colombie-Britannique

Catégories : Économie, International, Société
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