Les réalités autochtones : un sondage auprès d’universitaires ontariens

Les réalités autochtones : un sondage auprès d’universitaires ontariens
Photo Credit: IS / iStock

Les réalités autochtones : un sondage auprès d’universitaires ontariens

Un professeur de l’Université Queen’s à Kingston en Ontario se penche sur les connaissances – on en fait le manque de connaissances – qu’affichent les étudiants canadiens en général sur les dossiers autochtones.

Anne Godlewska croit que cela dépasse le simple manqué d’information.

Pr Anne Godlewska

Pr Anne Godlewska

Le sondage qu’elle mène, sur une base volontaire, a été conçu en collaboration avec des membres des Premières Nations d’un peu partout au pays, a été distribué à des étudiants de première année de dix universités ontariennes cet automne. Cette même cohorte sera à nouveau sondée quand ses membres seront en quatrième année universitaire.

​L’Idée du sondage est venue au professeure Godlewska quand elle a donné un cours de géographie autochtone. Elle a rencontré une absence incroyable de connaissances chez ses étudiants, comparable à ce qu’on lui avait enseigné durant les années ’60.

« Les systèmes légaux et sociaux ont connu des changements en profondeur au Canada au cours des récentes années. Nous avons connu un activisme accru de la part des Premières Nations, des Inuit et des Métis et les étudiants universitaires d’aujourd’hui  n’en savent pratiquement rien,» dit-elle.

Kali Anevich, étudiante à l'Université Lakehead àThunder Bay
Kali Anevich, étudiante à l’Université Lakehead àThunder Bay © Jody Porter/Radio-Canada

Kali Anevich étudie à l’Université Lakehead de Thunder Bay dans le Nord-ouest ontarien. Elle raconte que l’essentiel de ce qu’elle a appris au sujet des Premières Nations dans le système public d’éducation est de l’ordre des contes de fées.

« Les Européens ont débarqué sur le nouveau continent, ils ont commerce avec les Premières Nations et ils ont vécu heureux et contents dans des secteurs séparés, différents. C’est ce genre de distorsion historique qu’on m’a enseigné, » souligne-t-elle.

Kali Anevich espère faire partie de ceux et celles qui changeront la donne. Elle espère connaître une carrière en enseignement et elle suit en ce moment un cours intitulé « Indigenizing Perspectives and Practices in Education » (trad.: Perspectives et pratiques autochtones en éducation).

« Il y a une forte population autochtone ici à Thunder Bay et je vois du racisme à leur égard quotidiennement. Il y a tellement de stéréotypes négatifs qui sont très profondément ancrés dans notre société. Ce sera très difficile de les briser. »

Elle ajoute: « Si nous connaissions la véritable histoire, je crois que nous pourrions apprendre à mieux vivre ensemble.»

Pourquoi est-ce que j’ignore tout ça?

Anne Godlewska doute du fait que l’information, ou le manqué d’information soit au cœur du problème. C’est pourquoi elle veut aller plus loin que la simple mesure des connaissances des étudiants dans l’espoir de trouver, de comprendre pourquoi cette ignorance est chronique.

« Quand vous rencontrez un manque de connaissances si répandu, cela crée systématiquement des conditions désavantageuses envers les autres, dans le cas qui nous occupe ici, les Autochtones. Nous devons marquer un temps d’arrêt, individuellement et collectivement, et nous interroger sur pourquoi nous ignorons ce qui est si évident autour de nous. »

À cette fin, le sondage que mène la professeure Godleweska comprend aussi des questions relevant de l’ordre de l’attitude. Des résultats préliminaires démontrent que des personnes ayant des niveaux d’éducation élevés et très élevés en savent très peu au sujet des Premières Nations, des Inuit ou des Métis du Canada, ce qui suggère une structure sociale qui sous-tend, voire qui promeut un manque profond de connaissance.

« À quelles fins? Sans doute pour le maintien d’un certain statu quo, peut-être par égoïsme, par intérêt personnel. Ce sont là des avenues à explorer tout en gardant bien affûté notre sens critique.»

Comment vous sentez-vous de ne pas savoir?

Matériel potentiel pour futurs enseignants dans le cadre du cours de Perspectives et pratiques autochtones en éducation à l’Université Lakehead à Thunder Bay

Matériel potentiel pour futurs enseignants dans le cadre du cours de Perspectives et pratiques autochtones en éducation à l’Université Lakehead à Thunder Bay

Une des questions du sondage va comme suit: « Comment vous sentez-vous quand des membres de Premières Nations, des Inuit ou des Métis ont moins de débouchés que vous?»

Les réponses potentielles sont :

  • Cela ne me concerne pas
  • Bien peu, c’est inévitable dans toute société.
  • Comme ces iniquités ont été créées par des injustices du passé, je crois que nous devons maintenant aller de l’avant.
  • Cela m’incite à faire face à ces iniquités.
  • Je crois que le gouvernement canadien devrait s’en occuper.
  • Je crois qu’il y a de nombreuses iniquités et je me demande si elles sont pires que celles auxquelles je fais face.
  • Je crois que ma famille a travaillé très fort pour ce que nous avons aujourd’hui.
  • Je crains de perdre les gains qu’a faits ma famille.
  • C’est faux de croire que les Autochtones, les Inuit et les Métis ont moins de chances que les autres Canadiens.

« Plusieurs personnes croient que le simple fait d’être mieux informés permettra de réduire les incidences de racisme au sein de notre société. Mais ce n’est pas tout à fait le cas, surtout quand on constate un antagonisme social si fortement ancré et une division sociale si tranchée, » souligne madame Godlewska.

« En d’autres termes, je peux avoir toute l’information au monde, connaître une multitude de faits, historiques et contemporains, il est tout aussi possible de n’éprouver ni empathie ni intérêt fondamental, » dit-elle en conclusion.

Catégories : Autochtones, Société
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