Photo Credit: PC / HO/Aquarium de Vancouver

Une maladie mystérieuse décime les étoiles de mer sur la côte Pacifique

La Colombie-Britannique est touchée, mais pas seulement. De l’Alaska jusqu’au sud de la Californie des millions d’étoiles de mer ont été tuées par une variété du Densovirus.  Ce virus provoque le dépérissement de ces animaux marins dont les bras se désintègrent en substance visqueuse.

Une étude sur le phénomène, dont les résultats ont été publiés cette semaine dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences, explique que les chercheurs ont trouvé une plus grande quantité du virus dans les étoiles de mer malades que dans celles en santé et que plus la quantité de virus augmentait, plus l’étoile était malade.

Les scientifiques ont également injecté un concentré de substances obtenues des étoiles de mer malades à des étoiles en bonne santé, et ces dernières ont développé le syndrome de dépérissement.

Une autre étoile de mer infectée par le virus. Celle-ci a déjà perdu un bras et un autre est touché.
Une autre étoile de mer infectée par le virus. Celle-ci a déjà perdu un bras et un autre est touché. © PC/Laura Anderson/UC Santa Cruz

Des milliers de bactéries et de virus vivent dans et sur les étoiles de mer

Mais les scientifiques ne savent toujours pas ce qui a déclenché l’éclosion de ce virus qui se trouve naturellement dans le plancton, dans les fonds marins sableux et chez les oursins de mer.  Un virus qui a également été décelé dans des étoiles de mer conservées dans des musées depuis 1942.

Selon Ian Hewson, un microbiologiste marin de l’Université Cornell aux É-U, l’éclosion pourrait être liée à une hausse importante de la population d’une espèce très touchée par la maladie, par une mutation du virus ou encore par des changements environnementaux.

Certaines des espèces les plus touchées par ce virus sont de la même famille que les étoiles de mer, ce qui aurait pu rendre ces dernières plus vulnérables.

La détection du virus à l’origine de cette maladie

C’est en constatant que les étoiles de mer vivant dans des aquariums qui prennent leur eau directement dans la mer sont devenues malades que les chercheurs ont soupçonné qu’un virus était à l’origine de ce dépérissement. C’est le cas des étoiles de mer des aquariums de Vancouver et de Seattle. Toutefois, les étoiles de mer de musées qui utilisent des lumières ultraviolettes pour tuer les virus n’ont pas été touchées.

L’éclosion en cours a été décelée au cours de l’été 2013 dans le sud de la Californie et s’est depuis répandue jusqu’en Alaska.  Une vingtaine d’espèces d’étoiles de mer sont touchées, surtout les étoiles ocrées, qui se trouvent dans les cuvettes de marée, et les solaster géants, qui possèdent jusqu’à 16 bras.

Une étoile de mer avec deux bras attaqués par le virus.
Cette étoile de mer touchée par le virus a été photographiée sur la côte de l’Orégon le 16 mai 2014. © PC/Elizabeth Cerny-Chipman/OSU

La redistribution des espèces

L’important déclin des populations d’étoiles de mer sur la côte Pacifique risque d’entrainer un boom important de la population de moules, un aliment de prédilection des étoiles de mer. Les oursins de mer vont aussi se multiplier, car ils font également partie du régime alimentaire des étoiles de mer. « Certaines zones qui étaient entièrement couvertes d’étoiles de mer sont désormais le royaume des oursins de mer », explique Ian Hewson. Cette multiplication des oursins de mer a, à son tour, décimé la population d’algue géante, un de leurs aliments favoris.

Le nombre d’étoiles de mer revient tranquillement à la normale sur la côte de l’Oregon, mais il faudra plusieurs années avant le retour à la normale sur la côte Pacifique en général, selon le microbiologiste marin.

Le point de vue différent de deux experts indépendants

L’étude est très éloquente, mais elle ne prouve pas, hors de tout doute, que le Densovirus est en cause, selon Curtis Suttle, un expert en virus maritimes à l’Université de la Colombie-Britannique, et Bruce Menge, un professeur de biologie interactive de l’Université de l’État de l’Oregon.  Tous deux croient que l’augmentation de l’acidité de l’eau des océans et les changements climatiques pourraient être à l’origine du déclenchement de la dernière éclosion du virus au sein des populations d’étoiles de mer en les rendant plus vulnérables au virus.

Par contre, le réchauffement des océans ne serait pas un facteur, car l’éclosion du virus au large de l’Oregon a eu lieu dans des eaux plus froides que la normale pour le secteur, explique Bruce Menge.

RCI avec Radio-Canada

Catégories : Environnement et vie animale, International, Santé
Mots-clés : , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.