Santé Canada vient d’ordonner aux compagnies productrices de marijuana à des fins thérapeutiques de cesser de donner une si belle image de leur produit dans les publicités.
Le ministère a envoyé une lettre d’avertissement cette semaine aux producteurs commerciaux autorisés partout au pays, leur ordonnant de corriger la situation d’ici le 12 janvier 2015, faute de quoi ils devront faire face à des sanctions, allant de la suspension à la révocation de leur permis d’exploitation.
Le document standard envoyé à vingt producteurs de marijuana thérapeutique donne des paramètres précis à être respectés lors de la présentation du produit sur le web et dans les médias sociaux. Il est interdit de présenter des photos de bourgeons ou de boutons, d’inclure des hyperliens vers d’autres sites web qui font la promotion de la marijuana thérapeutique.
Ces restrictions sévères interdisent également aux producteurs d’expliquer aux consommateurs comment certaines variétés peuvent traiter différents symptômes; ils doivent s’en tenir uniquement à une information de base.
« L’information que les producteurs autorisés ont le droit de donner aux consommateurs doit se limiter à la marque de commerce, au nom, scientifique ou commun, du type de marijuana, au prix au gramme, au contenu des cannabinoïdes et des coordonnées de la compagnie productrice, » peut-on lire dans l’avis émis par Santé Canada.
Santé Canada exige aussi de la part de chacun des producteurs autorisés de marijuana à des fins thérapeutiques de maintenir un site web où les patients autorisés à se procurer ce produit peuvent y faire leurs commandes pour livraison. En juin dernier certaine s règles de publicités avaient été émises.
Des abus
Par contre, alors que des producteurs tentaient d’augmenter leurs parts de marché, presque tous les sites web ont dérogé aux règles. Certains en rajoutaient quant à l’efficacité de leur produit, d’autres mettaient en ligne des photos tape-à-l’œil de leurs serres.
Maintenant, il est même interdit de faire de la publicité sur le goût de leur cannabis.
« La fumée est forte et elle a une goût indéniable de fleur, » peut-on lire sur un des sites web, une affirmation qui devra sûrement être retirée d’ici au 12 janvier.
« Nous sommes tous délinquants d’une façon ou d’une autre, semble-t-il, » de dire Marc Wayne, président et chef de la direction de Bedrocan Canada, une compagnie productrice de marijuana thérapeutique de Toronto et aussi président de la Canadian Medical Cannabis Industry Association (trad. : Association canadienne des producteurs de cannabis à des fins médicales).
L’interdiction d’utilisation d’images promotionnelles des bourgerons, boutons et des feuilles de marijuana s’applique également aux comptes Twitter et Facebook et à tous les autres média sociaux, ces vecteurs étant devenus des outils promotionnels très puissants pour l’industrie.
Me Trina Fraser d’Ottawa représente les sociétés productrices de marijuana thérapeutique souligne que les règles étaient plutôt floues et qu’on s’attendait à ce que Santé Canada réagisse avec fermeté.
Un environnement juridique toujours nébuleux
« Il semble que des verbes tels traite, soulage et prévient soient maintenant interdits, » souligne-t-elle.
Me Fraser ajoute que, comme les producteurs se voient interdits de fournir des informations précises et en profondeur sur leur produit, les cliniques qui utilisent la marijuana thérapeutique devront prendre un rôle accru quand vient le temps de choisir le bon produit pour un patient. D’ici là, les sites web des producteurs connaîtront des moments de fébrilité informatique sur ce qui est permis et ce qui ne l’est pas.
L’industrie de la marijuana thérapeutique au Canada a connu un changement radical au 1er avril dernier, passant d’une activité quasi artisanale pour quelques petits producteurs au seuil d’une véritable industrie dans un nouveau créneau commercial dans lequel des producteurs à grande échelle offrent des produits précis, standardisés, à des clients approuvés médicalement, changeant complètement les habitudes du marché.
Ce nouveau système a attiré plus de 1 000 candidatures mais à ce jour, Santé Canada n’a accordé une licence de production qu’à seulement 22 d’entre eux, soulevant l’ire de centaines de producteurs en attente d’autorisation de production. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux sont aux prises avec des investisseurs qui exigent un retour sur investissement qui se fait attendre.
À santé Canada, on affirme ne pas mettre de limite au nombre de producteurs au pays tout en élevant la barre des exigences à rencontrer, rendant ainsi le processus d’accréditation plus ardu, notamment en terme de sécurité.
Des critiques se sont fait entendre, affirmant que tout ce processus mis en place par Santé Canada est très loin d’être transparent et déjà une poursuite est entamée.
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