De plus en plus, le Canada semble être «isolé » en matière de politiques climatiques même face à d’ex-traînards en la matière, notamment les États-Unis et la Chine, prennent des actions pour faire face aux changements climatiques.
Plus tôt en novembre, les États-Unis et la Chine, les deux plus gros pollueurs de la planète ont annoncé être arrivés à une entente qui, si ses résultats sont probants, réduira de façon draconienne leurs émissions de gaz à effet de serre.
Non seulement cette entente donne-t-elle un sérieux appui à l’élan planétaire qui est en train de prendre forme dans la lutte aux changements climatiques, mais elle augmente la pression internationale sur le Canada dans le cadre de la vingtième Conférence mondiale sur le climat de l’ONU (COP 20) qui s’ouvre aujourd’hui à Lima au Pérou.
« Le premier ministre Harper semble être de plus en plus isolé » commente le professeur Simon Dalby, de la chaire CIGI en matière de politique économique des changements climatiques à la Balsillie School of International Affairs de Waterloo en Ontario.
À la conférence COP 20, la délégation canadienne, menée par la ministre de l’Environnement Leona Aglukkaq sera à la même table que les délégations de 195 autres pays qui négocieront une entente internationale contraignante qui devra remplacer le Protocole de Kyoto.
L’entente qui émanera des discussions de Lima devrait être entérinée lors de la conférence COP 21 de Paris l’année prochaine. Un sondage rendu public la semaine dernière soulignait qu’une majorité de Canadiens s’inquiètent des effets néfastes des changements climatiques sur les générations futures. De plus, la moitié des répondants au sondage se disent d’accord à ce que le Canada impose une taxe sur les émissions de carbone.
Tous les ministres de l’Environnement du gouvernement conservateur de Stephen Harper ont tous répété au fil des ans lors de leurs mandats respectifs que le Canada prendrait des mesures lorsque « tous les gros émetteurs » réduiront leurs propres émissions de gaz à effet de serre. Le Canada a aussi répété qu’il suivrait la voie tracée par les États-Unis.
Selon le professeur Dalby, eu égard à cette récente entente entre la Chine et les États-Unis, le manque de leadership du Canada et son intérêt manifeste et constant de développer l’exploitation des sables bitumineux aux dépens d’autres formes d’énergie à l’air carrément stupide.
« Nous sommes à la traîne en matière de développement énergétique » ajoute-t-il.
De plus, le Canada devra se mettre en mode rattrapage face aux États-Unis quand vient le temps de trouver des méthodes de réduction de ses émissions à un niveau comparable, tel qu’exigé quand on entend conserver ces deux économies « alignées et compatibles. »
Nous ne sommes plus au cœur des décisions
Les émissions de gaz à effet de serre sont liées directement au réchauffement planétaire. Il est prévu qu’elles continueront à augmenter au Canada alors que les États-Unis et l’Europe ont établi des cibles et des projections pour les réduire.
On note de plus en plus que certains pays mettent de la pression sur les autorités canadiennes, notamment par des mécanismes commerciaux, ne serait-ce que, par exemple, par le projet de l’Union européenne d’étiqueter de « sale » le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta, projet qui a été ultérieurement abandonné par contre.
Bien que le gouvernement canadien a ignoré toutes ces tentatives à ce jour, les provinces et l’industrie pétrolière et gazière y portent une grande attention.
À titre d’exemple, l’industrie pétrolière et gazière de l’Alberta recommande aujourd’hui l’instauration d’une taxe sur le carbone. On semble reconnaître les bienfaits d’une solide politique nationale sur les changements climatiques puisse être une « licence socialement acceptable » à obtenir pour pouvoir vendre le pétrole albertain à l’extérieur de pays et même de la province.
Pendant ce temps, l’établissement de règles à suivre pour les secteurs pétrolier et gazier, promises par le gouvernement fédéral traîne de la patte et sont en retard de trois ans sur l’horaire prévu par les autorités canadiennes, souligne Scott Vaughan, président et chef de la direction de l’Institut international de développement durable, un groupe de réflexion sur les politiques publiques. Monsieur Vaughan est également l’ancien commissaire fédéral canadien à l’Environnement.
Des expériences provinciales
L’inaction du gouvernement fédéral a poussé certaines provinces à mettre en place leurs propres politiques en matière environnementale.
Souligons :
La taxe sur le carbone instaurée en 2008 par la Colombie-Britannique et qui a reçu sa part d’éloges, car elle a réussi à réduire sensiblement les émissions sans pour autant affecter négativement l’économie provinciale;
La version de l’Alberta de la fixation du prix du carbone de 2007, appelée specified gas emitters regulation (trad. : réglementation spécifique aux émetteurs spécifiques de gaz). La province veut resserrer ces mesures;
Le système d’émission de crédits compensatoires mis en place par le Québec en 2013;
L’Ontario qui veut se défaire complètement du charbon dans ses centrales thermiques et ses discussions avec le Québec et la Californie afin d’en arriver à une tarification du carbone;
Ottawa semble bouger
Il appert que le gouvernement fédéral canadien serait prêt à bouger dans ce dossier.
Le mois dernier, le gouvernement de Stephen Harper a causé toute une surprise en annonçant qu’il se commettait à hauteur de 300 millions de dollars envers le Fonds vert pour le climat afin de venir en aide aux nations émergentes en matière de changements climatiques.
Quoi qu’il en soit très peu d’observateurs ont de grandes attentent face aux annonces que le Canada pourrait faire lors du sommet COP 20 de Lima au Pérou.
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