Pour plusieurs caricaturiste canadiens il est très étrange de découvrir que dessiner des caricatures peut mener à être tué.
Les caricaturistes du Canada, petits et grands, d’un océan à l’autre se disent heurtés au plus profond d’eux-mêmes par un attentat qui les propulse aux premières lignes d’un affrontement déchirant et illogique entre le monde de l’humour et celui de l’horreur.
André-Philippe Côté, un dessinateur avec Le Soleil de la ville de Québec, s’inquiètent du fait que la fusillade pourrait favoriser une atmosphère de peur et amener certains à s’autocensurer par crainte de représailles.
L’Illustrateur indépendant Paul Bordeleau dont on peut admirer les créations dans le grand magazine québécois Les Actualités affirme qu’il a envoyé hier matin un court courriel à la directrice artistique du magazine pour l’informer qu’il serait un peu en retard parce que : « j’étais aux yeux rouges, en état de choc. Mais nous devons continuer à faire notre travail, ne pas nous arrêter, » a-t-il ajouté. « Cela rend plus important de continuer. »
ÉcoutezBeaucoup de nos caricaturistes francophones connaissaient personnellement les victimes
Au quotidien montréalais Le Devoir, Michel Garneau, connu sous le nom de plume de Garnotte se dit abasourdi. « Quand j’ai appris ça, vraiment, j’ai trouvé que c’était un monde qui s’était écroulé. Ce sont des gens que j’admirais beaucoup, dont j’admirais les dessins. Nous partagions le même métier. Les fois où je les ai rencontrés, ils ont toujours été très sympathiques. J’étais catastrophé », raconte-t-il.
Selon lui, la liberté de presse et d’expression est grandement atteinte. « Déjà, nous connaissons la censure dans notre métier. Dans de nombreux pays, en Syrie, en Iran, les moyens pris pour les réduire au silence sont complètement disproportionnés. Mais là, dans une société occidentale, un assassinat froid et planifié, c’est particulièrement dur à digérer. »

Les raisins de la colère se dessinent aussi dans la tête des « cartoonistes » anglophones
Michael de Adder , caricaturiste au Chronicle Herald d’Halifax sur la côte est canadienne affirme être sous le choc depuis qu’il a appris la nouvelle de l’attentat.
Il dit qu’il a toujours été conscient des limites et qu’il n’a jamais voulu, par exemple, dessiner Mahomet. Il soutient toutefois qu’il ne se censure pas et passe son message autrement.
« Il y a des gens qui croient que le monde entier doit se soumettre à ce qu’ils croient. Nous pouvons rire ici et là, mais nous ne pouvons pas rire de ce qu’ils croient », soutient Michael de Adder. « C’est ridicule. Et ils prennent des moyens extrêmes ridicules pour prouver leur point. Notre travail est de déranger et je suppose qu’aujourd’hui, nous en vivons les conséquences. »
Dans l’Edmonton Journal le caricaturiste éditorialiste Malcolm Mayes réagit en ces termes a l’attaque terroriste : « Les dessins animés, en général, ont plus de pouvoir que les mots seuls. Il y a quelque chose à propos de la satire et du ridicule qui est vraiment beaucoup plus tranchant que les mots. Je soupçonne que c’est ce qui motive les islamistes radicaux fous, parce que les dessins animés ont la capacité unique de faire paraître le ridicule. Lorsqu’un terroriste est couvert de ridicule, vous avez vraiment retiré leur pouvoir. »
L’illustre caricaturiste politique anglophone canadien Terry Mosher qui signe ces caricatures sous le nom d’Aislin pour le journal Montréal Gazette, a partagé ses points de vue sur l’attaque dans une entrevue avec l’animateur de CBC News Diana Swain (en anglais)
Des images qui valent mille émotions
Pour de nombreux caricaturistes canadiens dessiner leurs réactions par rapport aux événements tragiques de mercredi en France est plus facile que d’en parler.



Pour en savoir plus
Les caricaturistes du monde entier rendent hommage à Charlie Hebdo – Radio-Canada
Attentat à Charlie Hebdo : le caricaturiste estrien Garnotte ébranlé – Radio-Canada
Charlie Hebdo Paris shooting: Quebec cartoonists mourn death of colleagues – CBC News
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