Photo Credit: iStock

Les anglophones du Québec ont-ils besoin d’un organisme public pour protéger leurs intérêts?

Au Québec, seule province à majorité francophone, la proportion de personnes dont la langue maternelle est l’anglais est passée de 13,1 % à 7,7% en quarante ans.

(Crédit photo: iStock)

(Crédit photo: iStock)

Le déclin démographique de la minorité linguistique a été particulièrement aigu au lendemain de l’adoption en 1977 de la Charte de la langue française — communément appelée la Loi 101 — qui a fait du français la « langue normale et habituelle du travail, de l’enseignement, des communications, du commerce et des affaires » au Québec.

Plus trop certains d’appartenir, se sentant exclus de la société québécoise, de nombreux anglophones sont alors partis s’établir en Ontario et dans d’autres provinces.

Puis, l’attrait de l’ailleurs, tout comme la dénatalité, ont continué à contribuer à l’érosion de la population.

Une question de vitalité

Au sein de la communauté de langue maternelle anglaise, qui se chiffre à environ 600 000 personnes, vivant pour la plupart dans la région de Montréal, le phénomène fait craindre pour la vitalité des institutions — écoles, établissements de santé, organismes communautaires — qui ont été bâties sur plus d’un siècle par et pour la minorité linguistique.

Selon les chercheurs qui ont contribué à l’ouvrage Déclin et enjeux des communautés de langue anglaise du Québec, publié en 2013, les inquiétudes sont fondées.

Ils constatent que « les anglophones du Québec accusent un recul sur les plans du statut, de la démographie et du soutien institutionnel. »

La situation est devenue apparente lorsque le gouvernement du Parti québécois a étudié le resserrement possible des dispositions de la Charte de la langue française, il y a deux ans.  Si le projet de loi 14 avait été approuvé, il aurait vraisemblablement eu pour effet de priver des milliers d’anglophones de services en anglais en raison de leur faible poids démographique dans certaines municipalités jusqu’alors désignées bilingues.

Présentement, la communauté s’inquiète des effets d’un autre projet de loi.  Celui-ci, proposé par le gouvernement libéral, prévoit une refonte du système de la santé et des services sociaux.

Si le ministre responsable du dossier promettait au début du mois décembre que les anglophones continueraient de gérer leurs propres établissements et de recevoir des soins dans leur langue, le Réseau des groupes communautaires anglophones du Québec (Quebec Community Groups Network) note que le texte du projet de loi n’a pas été amendé depuis pour répondre à ses préoccupations.

Pour un Office des affaires anglophones

Le commissaire canadien aux langues officielles affirme discuté de sa proposition pour un Office des affaires anglophones avec des représentants des trois derniers gouvernements québécois.  Or, ils auraient tous rejeté l'idée.

Le commissaire canadien aux langues officielles affirme discuté de sa proposition pour un Office des affaires anglophones avec des représentants des trois derniers gouvernements québécois. Or, ils auraient tous rejeté l’idée. (Crédit photo: Presse Canadienne)

Le commissaire canadien aux langues officielles estime que les anglophones font les frais du jeu politique.  Graham Fraser disait au quotidien Le Devoir en 2013, «quand ils sont au pouvoir, les Libéraux craignent d’être identifiés à la communauté anglophone et ils s’abstiennent de poser des gestes positifs.  Et quand le PQ  [Parti québécois] est au pouvoir, il y a une méfiance à l’égard des véritables objectifs du gouvernement.

Pour veiller à leurs intérêts, il propose de nouveau l’établissement d’un organisme public semblable à l‘Office des affaires francophones de l’Ontario, qui coordonne la prestation de services en français et fournit des renseignements sur la communauté francophone aux différents paliers de gouvernement.

Sylvie Martin-Laforge, qui dirige le Réseau des groupes communautaires anglophones du Québec, explique ce que cette structure permettrait d’accomplir:

Écoutez
Catégories : Société
Mots-clés : , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.