Olivier Cloutier dit qu’il a commencé à étudier les graines de chia après que sa maman ait apporté un sac de ce type de graines à la maison et qu’elle ait vanté leurs bienfaits pour la santé et leur valeur nutritive.
Le garçon de 18 ans de la région de Rimouski au Québec a toutefois décidé de ne pas prendre sa mère au mot et il a entrepris de vérifier lui-même les affirmations de sa mère le menant dans un voyage de découvertes qui vient de lui faire remporter un prestigieux prix scientifique de la Super Expo-sciences Hydro-Québec.
« Je suis sidéré, car je ne m’y attendais pas d’avoir ces résultats », a expliqué Olivier Cloutier sur les ondes d’une émission du matin Québec.
Il a commencé par analyser la composition et de la structure moléculaire de graines de chia. Puis il est passé à l’histoire de la graine de chia en regardant comment elle a été utilisée à des fins religieuses, nutritionnelles et médicales dans les cultures mayas et aztèques il y a plus de 5000 ans.
Le chia est une plante herbacée annuelle originaire du Mexique. Cette sauge était cultivée pour ses graines alimentaires à l’époque précolombienne par les Amérindiens. Les graines de chia, qui furent une des bases de l’alimentation de plusieurs anciens peuples du Mexique, servaient aussi à des fins médicinales et comme offrandes aux dieux aztèques. Après avoir été ignorées pendant des siècles, ces graines ont attiré l’attention des nutritionnistes pour leur haute teneur en lipides des années 1990 et une culture commerciale s’est développée dans plusieurs régions d’Amérique et d’Australie, pour fournir des graines aux magasins diététiques des pays développés.
Maman avait raison
« J’ai trouvé que ma mère avait raison et que les graines de chia ont non seulement une certaine valeur nutritive incroyable, mais qu’il y avait un type spécial de molécule dans les graines de chia qui peuvent être extraits et testés pour traiter le cancer », a déclaré Cloutier.
Il a constaté que certains extraits de graines de chia semblent posséder certaines caractéristiques anticancéreuses – qu’ils inhibent la prolifération des cellules cancéreuses et qu’ils favorisent la mort des cellules cancéreuses, en particulier dans une forme de cellules de cancer du côlon appelées HCT116.
« Je suis sidéré. C’était vraiment, vraiment un grand sentiment parce que je ne m’y attendais pas totalement d’avoir ces résultats », a déclaré Cloutier.
Scientifiquement parlant…
Olivier a sélectionné des variétés de graines de chia (Salvia hispanica) et en a isolé des composés polyphénoliques.
Il a suivi un protocole complexe d’extractions, de filtrations et de concentrations sur évaporateur rotatif.
Il a ainsi obtenu un mélange homogène, puis un résidu solide contenant les composés actifs.
Il a alors plongé ces extraits dans une solution inerte afin de pouvoir tester leurs effets in vitro sur des cellules de cancer colorectal du type adénocarcinomiques.
Après 48 heures d’incubation, il a fait le décompte des cellules encore vivantes ou mortes.
Il a observé un effet inhibiteur réel sur la croissance des cellules colorectales en fonction de la concentration de composés polyphénoliques. Radio-Canada
Guérison expérimentale du cancer colorectal
Le jeune étudiant a décidé de mettre ses conclusions à la disposition, avec l’aide de son professeur de chimie, d’une petite entreprise de pharmacologie dans sa région.
« Depuis quelques mois, je travaille sur le développement d’un remède expérimental contre le cancer colorectal basé sur l’extraction d’un certain type de ces molécules de graines de chia, » a ajouté M. Cloutier.
Représentation d’un cancer colorectal Photo : iStockphoto
Aide-mémoire
Le cancer colorectal est la 3e forme de cancer la plus couramment diagnostiquée au Canada.
C’est la 2e principale cause de décès par cancer chez l’homme et la 3e principale cause de décès par cancer chez la femme au Canada.
On estime qu’en 2014, 24 400 Canadiens ont reçu un diagnostic de cancer colorectal. Cela représente 13 % de tous les nouveaux cas de cancer en 2014. Des anomalies génétiques dans la paroi du côlon ont été décelées chez des personnes atteintes du cancer colorectal.
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