Le Canada ne digère toujours pas les prescriptions imposées par les Américains sur l’étiquetage du pays d’origine (EPO) de certains produits d’élevage comme le bœuf, l’agneau, le porc, le poisson, ainsi que de certains produits agricoles.
Le Canada et le Mexique s’étaient plaints à l’Organisation mondiale du commerce, estimant que la mesure américaine était illégale, en vertu du droit international. Ils ont eu raison. L’OMC a conclu à quatre reprises (18 novembre 2011, 29 juin 2012, 20 octobre 2014 et 18 mai 2015) que l’exigence américaine était contraire aux obligations commerciales des États-Unis.
Ottawa qui avait menacé Washington de mesures de rétorsion a posé un premier geste jeudi. Le Canada s’est adressé à l’OMC pour imposer aux États-Unis plus de 3 milliards $ de tarifs par année, si le différend commercial ne se règle pas rapidement.

Les mesures punitives requises par Ottawa porteraient sur des dizaines de produits américains, dont la viande, le vin et le chocolat. Elles seraient imposées d’ici la fin de l’été, à moins que le Congrès ne satisfasse les demandes du Canada et du Mexique.
La loi au centre du litige est actuellement examinée par le Congrès américain. Une loi qui exige que l’emballage de la viande vendue dans les supermarchés américains indique le pays où le bétail est né, a été élevé et tué.
Pour le ministre canadien de l’agriculture, Gerry Ritz, seule une révocation complète de la loi permettra aux États-Unis d’éviter les représailles canadiennes. Des représailles tarifaires qui pourraient être imposées sur plus de 38 produits américains rapportant 8 milliards $ en exportations au Canada.

Partisans et adversaires de l’EPO
Les partisans de l’étiquetage du pays d’origine considèrent que les consommateurs devraient connaître la provenance des aliments qu’ils achètent. En ce sens, l’EPO est une bonne mesure. Si le Canada dit souscrire à ce principe de transparence, il trouve néanmoins inutiles des prescriptions s’appliquant à la viande produite dans une industrie pourtant reconnue mondialement pour sa grande qualité et sa salubrité.
De plus, aux yeux d’Ottawa, l’EPO impose un fardeau excessif aux chaînes d’approvisionnement des industries de l’élevage. Les groupes de l’industrie y voient donc une mesure de protectionnisme déguisée puisqu’elle complique le processus pour les Américains qui importent des viandes de l’étranger et augmente les coûts d’exportation.

Une mesure utile pour le consommateur américain?
Les acteurs de la chaîne d’approvisionnement de l’industrie de la viande des États-Unis, notamment les producteurs, les transformateurs, les distributeurs et les détaillants, doivent ainsi séparer produits canadiens et américains, ce qui engendre des coûts supplémentaires. Pour éviter ces coûts, les importateurs américains pourraient donc se contenter de produits locaux.
D’ailleurs, l’industrie canadienne de l’élevage évalue que les dommages causés par l’EPO dépassent déjà le milliard de dollars par année. Et les Américains, en profitent-ils vraiment? Non. À en croire le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), la mise en œuvre de l’EPO aurait coûté plusieurs milliards de dollars au pays, sans fournir un avantage quantifiable aux consommateurs américains.
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