M. Harper a posé un geste inédit lundi soir en invitant des dirigeants musulmans, en plein ramadan, à partager un repas dans sa résidence officielle.
Au cours d’un discours prononcé à cette occasion, M. Harper a dit que le 24 Sussex, la résidence officielle du premier ministre, appartenait à tous les Canadiens. Il a dit espérer que tous puissent partager le caractère spirituel du ramadan.
Il a ajouté que la tradition veut que celui qui accueille l’iftar, le repas pris chaque soir par les musulmans au coucher du soleil pendant le jeûne du mois de ramadan, apporte du bonheur autour de lui. Harper en a aussi profité pour saluer les contributions de la communauté musulmane à la société canadienne.
Geste sincère ou manœuvre électoraliste à quelques mois du scrutin législatif? Qu’importe, cette invitation en a surpris plus d’un, compte tenu des mauvaises relations entre le gouvernement conservateur et la communauté musulmane.

La difficile relation de Stephen Harper avec les musulmans: du Canada
Il y a quelques jours à peine, le 19 juin, les conservateurs ont présenté un projet de loi visant à interdire les visages voilés au cours des cérémonies de citoyenneté. Intitulé «Loi sur le serment de citoyenneté», ce projet de loi ne pourra être voté puisque les travaux sont suspendus à la Chambre des communes.
Il a donc été déposé symboliquement par les Conservateurs qui réaffirment ainsi leur position sur ce sujet controversé, même si la Cour fédérale avait déjà rejeté en février un règlement du gouvernement Harper interdisant la dissimulation du visage lors des cérémonies de citoyenneté.
Dans les débats ayant précédé le dépôt de ce projet de loi, M. Harper avait notamment qualifié les foulards islamiques de produits d’une culture «anti-femmes», inacceptables et contraires aux valeurs canadiennes.

Toujours en février dernier, le Conseil national des musulmans canadiens (NCCM) et l’Association canadienne des avocats musulmans (CMLA) avaient reproché à Stephen Harper d’avoir insinué que les mosquées étaient des lieux de promotion du terrorisme.
Dans le conflit israélo-palestinien, la fin de la neutralité canadienne au profit d’un parti pris pour Israël est également mal vécue par les musulmans canadiens. Par ailleurs, ils reprochent à Stephen Harper de concentrer son attention sur les extrémistes islamiques plutôt que de tendre la main aux musulmans modérés.
Le bureau du premier ministre n’a pas publié la liste des noms des dirigeants musulmans qui ont accepté l’invitation de M. Harper.
Selon les données du recensement de 2011, le Canada compte un peu plus d’un million de musulmans, soit 3.2% de la population. Ce qui représente une hausse de 17,4%, par rapport aux données de 2006.
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