Alors qu’une commission de l’Assemblée nationale du Québec est sur le point de commencer l’étude du projet de loi renforçant la lutte contre le tabac, adversaires et partisans du texte expriment leurs désaccords sur les plans économiques et scientifiques.
Le 5 mai, la ministre déléguée à la Santé publique du Québec, Lucie Charlebois déposait à l’Assemblée nationale le projet de loi 44 qui restreint l’usage du tabac, tant dans les lieux fermés qu’à l’extérieur.
Le texte interdit notamment de fumer dans les véhicules automobiles lorsqu’un mineur de moins de 16 ans s’y trouve ainsi que sur les terrasses. Dans les lieux fermés qui accueillent le public, il est également interdit de fumer dans un rayon de neuf mètres de toute porte communiquant avec ces lieux.

À moins d’un mois du début de l’étude de ce projet de loi par la Commission de la santé et des services sociaux, les esprits s’échauffent. L’Union des tenanciers de bars du Québec qui a déjà qualifié l’interdiction de fumer sur les terrasses de d’hypocrite, puisque le gouvernement garde la cigarette légale, afin de bénéficier des taxes qu’elle génère, va encore plus loin. L’UTBQ, par la voix de son président Peter Sergakis affirme que la fumée secondaire à l’extérieur n’engendrerait pas de risques pour la santé.
Ce qui a fait bondir la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT). Sa porte-parole Dre Geneviève Bois explique en quoi l’Union des tenanciers de bars du Québec se trompe.
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Appui populaire et contestations
Selon un sondage commandé par la CQCT, 71% des Québécois approuvent l’interdiction de fumer sur les terrasses extérieures. Un pourcentage plus élevé qu’il y a deux ans (63 % en 2013).
Mais cette opinion favorable ne semble pas décourager les associations de bars et de tavernes. L’Association des restaurateurs du Québec (ARQ) qui avait jadis soutenu l’interdiction de fumer à l’intérieur des restaurants désapprouve le projet de loi 44 qui va trop loin à ses yeux.
Pour l’ARQ, depuis l’interdiction du tabac à l’intérieur des établissements en 2005, un équilibre a été trouvé en permettant aux clients désirant fumer de le faire sur les terrasses.
L’ARQ ne croit pas qu’une interdiction de fumer sur les terrasses va avoir un réel impact sur les non-fumeurs qui veulent se mettre à l’abri de la fumée secondaire, puisque les fumeurs « se déplaceront seulement de quelques mètres et consommeront le tabac sur le trottoir, parfois à quelques centimètres de la terrasses ».
L’ARQ plaide pour le libre-choix des restaurateurs. C’est aux restaurateurs, dit l’association, d’accommoder ou non les fumeurs en fonction des souhaits de la clientèle.
Pour sa part, Peter Sergakis de l’Union des tenanciers de bars du Québec dit avoir perdu 25 % de son chiffre d’affaires depuis le bannissement de la cigarette des bars en 2005.

Exposition des Québécois à la FTS dans les lieux publics
- Les Québécois âgés de 12 à 19 ans sont plus exposés que les adultes non-fumeurs à la fumée secondaire dans les lieux publics comprenant des aires extérieures, tels que les entrées et terrasses des restaurants.
- Le quart (25,2 %) des Québécois âgés de 12 à 19 ans (soit près de 150 000 jeunes) ont déclaré avoir été exposés à la fumée secondaire dans les lieux publics, comparativement à 17,3 % chez les personnes de 20 à 34 ans et à 11,4 % chez celles de 35 à 44 ans (11,5 % pour la population générale). .
- Le pourcentage de jeunes exposés à la fumée secondaire en 2014 est statistiquement supérieur à celui de 2008, lorsque 14,3 % des jeunes avaient déclaré avoir été exposés.
(Source: Coalition québécoise pour le contrôle du tabac)
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