Le chef conservateur Stephen Harper a déclaré dimanche que s’il est réélu, il proposerait un projet de loi qui ferait en sorte qu’un Canadien se rendant dans un endroit désigné par le gouvernement comme étant un foyer d’activités terroristes ferait face à des accusations de nature criminelle.
« Un gouvernement conservateur réélu va désigner des voyages dans des endroits qui sont le point zéro de l’activité terroriste comme étant une infraction pénale », a dit Harper lors d’une escale de campagne dans une circonscription de la région de la capitale canadienne.
« Nous parlons d’endroits les plus dangereux sur la terre, où la gouvernance est inexistante et la violence est généralisée et brutale ».
Une loi similaire existe en Australie qui a désigné des parties de l’Irak et de la Syrie comme étant des zones de non-voyage.

Enfreinte au droit des Canadiens?
Voyager dans ces lieux n’est « pas un droit humain », a dit M. Harper, en réponse à une question sur les implications du projet de loi sur les libertés civiles.
Stephen Harper a indiqué que des exceptions pourrontt être faites pour certaines personnes, tels les travailleurs humanitaires, les diplomates et les journalistes. Mais il a soutenu qu’il y a « peu de raisons légitimes » de voyager dans ces régions du monde.
« Les Canadiens qui pourront prouver qu’ils se sont rendus dans ces zones désignées à des fins légitimes ne seront pas poursuivis », a précisé le chef conservateur.
Il a vanté le bilan des conservateurs en matière de sécurité avec notamment la nouvelle loi C-51 tout en rappelant aux Canadiens la menace représentée par le groupe armé islamique et d’autres groupes extrémistes, notamment des extrémistes qui reviennent au Canada après une formation à l’étranger.
Aide-mémoire…
- La loi antiterroriste C-51 crée une nouvelle infraction criminelle d’encouragement à commettre un acte terroriste.
- Elle accroît aussi l’échange d’information de sécurité entre organisations et agences fédérales.
- Cette loi facilite l’obtention par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) d’une ordonnance de garder la paix pour restreindre les mouvements d’un suspect et prolonge les détentions préventives.
Réaction des autres partis politiques

Le chef du NPD Thomas Mulcair s’interroge sur le moment choisi par Stephen Harper pour annoncer ces nouvelles intentions pour contrer le terrorisme étant donné que le gouvernement conservateur vient tout juste d’adopter une foule de nouvelles mesures de sécurité en juin dans le cadre du projet de loi C-51.
« Il a eu sa chance de le faire avant, » a déclaré Thomas Mulcair lors d’une escale de campagne à Vancouver. Selon lui les conservateurs de Stephen Harper continuent d’ignorer des moyens éprouvés pour combattre le terrorisme, comme la lutte contre la radicalisation de la jeunesse au Canada.

Le chef libéral Justin Trudeau affirme que l’annonce de Harper est une tentative de détourner l’attention du triste état de l’économie canadienne.
« Il ne veut pas parler de l’échec de son plan économique », a déclaré Trudeau en réponse aux questions des journalistes à un arrêt de campagne à Ottawa. M. Trudeau n’a pas voulu par contre se prononcer sur le fond de l’annonce de M. Harper.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a bien accueilli la proposition faite par Stephen Harper, mais a émis tout de même quelques bémols.
« Il faut maintenir l’équilibre entre la sécurité et la liberté […] Il faudra voir [la proposition des conservateurs] dans les détails, mais en gros je suis d’accord avec une mesure qui interdit les déplacements vers les zones contrôlées par l’État islamique ».
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