Le ministère public de la République démocratique du Congo requiert la prison à perpétuité dans le procès en appel de cinq policiers accusés de l’assassinat, en juin 2010, du militant des droits de l’Homme Floribert Chebeya dont la famille est réfugiée au Canada.
Le procureur a requis une « peine de servitude pénale à perpétuité » pour « association de malfaiteurs » et « assassinat » contre les cinq prévenus présents devant la Haute cour militaire de la République démocratique du Congo ce jeudi à Kinshasa.
Ce réquisitoire rejoint les demandes formulées par les avocats des parties civiles dans leur plaidoirie de la semaine dernière.
Fondateur de l’ONG la Voix des sans-voix (VSV), militant respecté et connu, Chebeya a été retrouvé mort le 2 juin 2010, après avoir été convoqué au siège de l’inspection générale de la police pour y rencontrer le général John Numbi, qui était alors chef de la police.
Le général, suspendu de ses fonctions peu après l’assassinat, a toujours nié avoir donné ce rendez-vous, mais les parties civiles le considèrent comme le suspect « numéro un ».

John Numbi toujours pas inquiété
Le chauffeur de M. Chebeya, Fidèle Bazana, a également disparu après l’avoir déposé au rendez-vous avec le général John Numbi. La justice a conclu qu’il avait lui aussi été assassiné. Son corps n’a jamais été retrouvé.
Au terme du procès en première instance, en 2011, et après une enquête dénoncée comme bâclée par les parties civiles, des organisations de défense des droits de l’Homme et plusieurs chancelleries occidentales, quatre policiers avaient été condamnés à mort (dont trois par contumace). Un autre avait été condamné à perpétuité et trois agents acquittés. Un verdict qui avait profondément déçu Mme Annie Chebeya, la veuve du militant. D’autant plus que le principal suspect dans cette affaire, le général Numbi avait été entendu comme simple témoin.
Le procès en appel s’est ouvert en juin 2012. Après près de deux ans d’interruption, il a repris en avril de cette année. La Haute Cour a alors décidé rapidement de suspendre les poursuites en appel contre trois des policiers condamnés à mort et aujourd’hui en fuite.
L’un d’eux, le major Paul Mwilambwe, contre qui une procédure est ouverte au Sénégal dans le cadre de l’affaire Chebeya, a mis en cause le général Numbi dans la mort du militant.

Pour Me Bokata Ikundaka, avocat du principal accusé, le colonel Daniel Mukalay, le réquisitoire est « extrêmement dur ». « En terme de droit, déplore-t-il, c’est quelque chose de lourd et de sérieux ».
Me Didier Dimina, avocat du colonel Georges Kitungwa Amisi, acquitté en première instance, a de son côté indiqué qu’il va plaider pour « montrer que l’accusation (…) n’est fondée que sur des simples affirmations preuve ».
Militant connu et respecté, M. Chebeya était devenu très critique vis-à-vis du pouvoir du président Joseph Kabila, à la tête de la RDC depuis 2001. Les avocats de la défense doivent commencer leur plaidoirie le 20 août.
(Avec l’AFP)
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