Si George Salloum a échappé à la justice canadienne jusqu’à présent, c’est qu’il a fallu attendre les résultats d’une enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui a duré près de dix ans.
Celle-ci terminée, la GRC peut maintenant déposer des accusations contre cet officier de l’agence syrienne de renseignements.
Le colonel Salloum aurait instigué et supervisé les tortures infligées à Maher Arar, un ingénieur en télécommunications d’Ottawa.
Celui-ci avait été arrêté en 2002 à l’aéroport JFK, à New York, au retour d’un voyage en Tunisie. Il était soupçonné par la CIA d’avoir participé à des activités liées au terrorisme.
Après un long interrogatoire en sol américain, il avait été déporté en Syrie. Il y passera un an en isolement dans un cachot souterrain où il sera torturé par Salloum, l’interrogateur en chef et ses hommes.
Maher Arar est finalement rentré au Canada en 2003.
Trois ans plus tard, une commission d’enquête fédérale concluait que des informations erronées transmises par la GRC aux États-Unis ont vraisemblablement mené au calvaire de M. Arar.
Arar a par la suite reçu des excuses officielles du Canada et un montant de 10,5 millions de dollars. Pourtant le Canadien figure toujours sur la liste américaine d’interdiction de vol.
Si l’entourage de Maher Arar s’est dit satisfait de la poursuite intentée par la GRC, il est loin d’être sûr que le colonel Salloum puisse être retrouvé.
Pour Amnistie Internationale cette poursuite constitue un « précédent inouï », autant à l’échelle nationale qu’internationale.
« Peu importe où la torture se produit et qui en est l’auteur, tous les gouvernements sont obligés de s’assurer que les tortionnaires soient traduits en justice. Toutefois, peu le font. Le Canada franchit une étape historique en assumant cette responsabilité […] », a déclaré par voie de communiqué le secrétaire général de l’organisme, section anglophone, Alex Neve.
RCI avec Radio-Canada
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