Ottawa avait ordonné secrètement à ses fonctionnaires l’arrêt de l’entrée des réfugiés syriens

À 10 jours seulement de la tenue d’élections nationales au Canada, le quotidien anglophone Globe and Mail de Toronto fait une révélation qui pourrait faire vaciller l’opinion publique.

Selon le journal, le premier ministre du Canada serait donc intervenu personnellement dans un dossier normalement traité par les experts du ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration. L’arrêt de traitement des demandes de réfugiés syriens imposé par bureau du premier ministre qui n’avait pas été divulgué ouvertement au public a été en place pendant plusieurs semaines mais on ne sait pas quand il a été levé.

Rappelons qu’en septembre, la crise des réfugiés syriens et les images de la noyade d’un bambin en Méditerranée avaient galvanisé l’opinion publique canadienne. Plusieurs électeurs exigeaient que le Canada accueille plus rapidement un plus grand nombre de ces réfugiés.

Selon le Globe and Mail, le bureau du premier ministre aurait aussi demandé à Citoyenneté et Immigration qu’on lui fournisse les dossiers de certains réfugiés syriens afin qu’ils puissent être examinés par le bureau du premier ministre plaçant ainsi un personnel politique qui a potentiellement peu de formation en matière de réfugiés au coeur d’un processus déjà complexe.

Le personnel du premier ministre, affirme le Globe and Mail, pourrait avoir également eu accès à des dossiers qui sont considérés comme protégés, car ils contiennent des renseignements personnels.  Cela soulève donc toute une série de questions sur la vie privée et la sécurité de ces informations.

Réactions au sein du gouvernement conservateur

Le bureau du premier ministre n’a pas répondu directement à une demande de commentaire, ni ne confirme l’engagement du chef de gouvernement Stephen Harper.

Un porte-parole du ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Chris Alexander, dit cependant que le gouvernement était préoccupé par l’intégrité du système et que la sécurité n’a pas été compromise de quelque façon.

Les critiques se plaignent depuis longtemps de la centralisation de la prise de décision dans le bureau du premier ministre – et il serait inhabituel pour un premier ministre canadien de réviser lui-même les dossiers de réfugiés qui ont déjà été contrôlés par l’agence des réfugiés des Nations Unies, des fonctionnaires canadiens des visas et dans une petite minorité de cas par le Service canadien du renseignement de sécurité et l’Agence des services frontaliers du Canada.

• Aide-mémoire…

  

  Plus de 2.000 réfugiés syriens sont morts en essayant de fuir la région et un demi-million sont arrivés en Europe cette année. Les conservateurs de Stephen Harper se sont engagés durant la campagne électorale à accélérer le traitement pour accueillir 10.000 réfugiés de plus d’ici septembre 2016.Normalement, le Canada obtient ses réfugiés parrainés par le gouvernement via une liste fournie par le Haut Commissariat aux Réfugiés, qui fait sa propre évaluation des candidats à la réinstallation.Le mois dernier, les conservateurs de Stephen Harper ont promis de faire venir au Canada 10.000 réfugiés supplémentaires à partir de la Syrie et de l’Irak, s’ils sont réélus.

• Le mois dernier, l’ancien ministre libéral John McCallum avait qualifié la réponse du gouvernement conservateur canadien à la crise des réfugiés syriens de « honte totale ». Il a fait la comparaison avec les attitudes dans les années 80 et 90 des dirigeants progressistes-conservateurs des premiers ministres Joe Clark et Brian Mulroney qui avaient beaucoup mieux selon lui incarnés la tradition de générosité des Canadiens par rapport aux réfugiés.

  

  John McCallum

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