Des centaines de chercheurs, d'experts et de scientifiques avaient manifesté pour dénoncer ce qu'ils qualifiaient de mépris du gouvernement conservateur envers la science, en septembre 2013.  Photo :  Chris Wattie

Des centaines de chercheurs, d'experts et de scientifiques avaient manifesté pour dénoncer ce qu'ils qualifiaient de mépris du gouvernement conservateur envers la science, en septembre 2013. Photo : Chris Wattie

Démuselés, les scientifiques du gouvernement canadien retrouvent le droit « d’aboyer »

Le nouveau gouvernement libéral canadien vient de casser l’interdit de s’exprimer publiquement qui pesait sur tous les scientifiques et les employés de l’État et qui avait été imposé ces dernières années par le précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Les scientifiques dans le secteur de l’environnement et spécialistes du changement climatique notamment sont désormais autorisés à parler librement aux journalistes, ce qu’ils ne pouvaient plus faire sous le gouvernement Harper.

Des journalistes remarquent depuis mercredi dernier, date d’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement de Justin Trudeau, des changements radicaux, notamment le fait que des entrevues avec des ministres et d’autres hauts fonctionnaires ont été obtenues en moins d’une heure.

Retour au bon vieux temps

Le journaliste de Radio-Canada à l’Île-du-Prince-Édouard, Marc Babin, a eu l’occasion de constater ces changements sur le terrain, jeudi.

Lors d’une conférence sur le homard qui avait lieu à Charlottetown, sur la côte est canadienne, le biologiste Marc Lanteigne a accordé une entrevue au journaliste de Radio-Canada lorsqu’ils se sont croisés pendant la rencontre.

Le journaliste n’a pas eu à faire de demande d’entrevue officielle et le biologiste n’a pas eu à obtenir l’autorisation de ses supérieurs pour s’entretenir avec les médias.

Manifestation de scientifiques devant le Parlement à Ottawa en 2014.
Manifestation de scientifiques devant le Parlement à Ottawa en 2014. © PC/Sean Kilpatrick

La grande noirceur sous Stephen Harper

Kristi Miller

Kristi Miller

Kristi Miller, une scientifique de Pêches et Océans Canada en Colombie-Britannique, sur la côte ouest du Canada, dit s’être sentie « comme une citoyenne de seconde zone » durant la période pendant laquelle le précédent gouvernement lui interdisait de parler librement aux médias.

En 2011, Mme Miller avait été empêchée de parler aux journalistes de l’effondrement de la population de saumon rouge dans le fleuve Fraser, à la suite d’un article qu’elle avait publié à ce sujet dans la revue Science.

« On m’a dit à l’époque que le problème avec l’étude, c’était qu’elle parlait de la mort de saumons et que cela n’était pas une histoire positive pour des nouvelles », mentionne-t-elle.

Kristi Miller affirme avoir finalement découvert que la décision de la museler venait de très haut, directement du bureau du premier ministre.

Des savants du monde accusaient Harper de retirer le droit de parole à ses scientifiques

L’an dernier, 815 signataires provenant de 32 pays dénonçaient le fait que le travail de leurs collègues canadiens était entravé par des compressions budgétaires et de multiples contraintes sur leur liberté de voyager, de communiquer et de collaborer avec leurs collègues des autres pays.

Dans une lettre ouverte adressée au premier ministre Stephen Harper, ces scientifiques de la planète critiquaient le déclin rapide à leurs yeux de la liberté des scientifiques du gouvernement du Canada à un moment de l’histoire ou la complexité des problèmes environnementaux et de santé publique nécessite la participation des experts de tous les pays, dont le Canada.

Aide-mémoire…
Coup de froid des conservateurs sur la science publique au Canada
Prés d’un chercheur sur quatre au gouvernement estimait en 2013 être victime de pressions visant à ne pas lui permettre de s’exprimer librement en public et devant les représentants des médias.
Près de 25 % des scientifiques qui travaillaient pour le gouvernement fédéral affirmaient qu’on leur avait demandé d’omettre de l’information ou de la modifier pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la science.
C’est ce que révélait un sondage réalisé pour le Syndicat de la fonction publique du Canada qui est l’un des plus grands syndicats multiprofessionnels au Canada, représentant quelque 48 500 professionnels de la fonction publique employée par le gouvernement fédéral.

Le nouveau premier ministre canadien Justin Trudeau avec sa famille peu de temps avant son élection alors qu'il effectuait un voyage au Nunavut dans l'Arctique. Le Canada pourrait à Paris parler de tous ses feux sur l'environnement, retrouver sa crédibilité internationale perdue en laissant parler ses scientifiques.
Le nouveau premier ministre canadien Justin Trudeau avec sa famille peu de temps avant son élection alors qu’il effectuait un voyage au Nunavut dans l’Arctique. Le Canada pourrait à Paris parler de tous ses feux sur l’environnement, retrouver sa crédibilité internationale perdue en laissant parler ses scientifiques. © Paul Chiasson La Presse canadienne

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