19% des enfants au Canada vivent dans la pauvreté, selon un rapport de 2015. Photo Credit: IS
Presque un enfant sur cinq est pauvre… au Canada!
Par Stéphane Parent | francais@rcinet.ca Publié le mercredi 25 novembre 2015 à 09:13
Mis à jour le mercredi 25 novembre 2015 à 09:23
Le rapport 2015 sur la pauvreté du regroupement Campagne 2000 souligne encore une fois cette année l’importance du phénomène de la pauvreté infantile au Canada, une des nations pourtant les mieux portante dans le monde économiquement. Et la tendance s’aggrave.
Aujourd’hui, 19 % des enfants canadiens vivraient dans la pauvreté, en comparaison avec 15,8 % en 1989. Chez les Autochtones, c’est plus du double, soit 40 pour cent des enfants, qui sont en situation de pauvreté. Selon les auteurs du rapport, les enfants donc « de familles racialisées et d’immigration récente», les enfants autochtones et ceux qui ont une incapacité sont plus susceptibles de vivre en situation de pauvreté.
Laurel Rothman
Laurel Rothman, coordonnatrice nationale de Campagne 2000 affirme que vingt-cinq ans après s’être engagé à éliminer la pauvreté infantile, le Canada fait face à une crise en matière de pauvreté infantile. La pauvreté des enfants est selon elle pire aujourd’hui qu’en 1989, année où tous les partis de la Chambre des communes se sont unanimement engagés à l’éliminer au plus tard en 2000.
« C’est honteux qu’une génération entière d’enfants ait grandi à l’ombre de cette promesse non réalisée. Selon les chiffres les plus récents, plus de 1,3 million d’enfants, soit un sur cinq, vivent en situation de pauvreté. Il est particulièrement inquiétant de constater que quatre enfants autochtones sur dix vivent dans une famille à faible revenu.»
Une solution serait un meilleur accès à des services de garde pour enfants
Pauvreté infantile au Canada : la situation empire – Photo : Radio-Canada
Le dépôt de ce rapport est l’occasion pour l’organisme de lancer un appel au nouveau gouvernement libéral de Justin Trudeau pour qu’il adopte une stratégie nationale de réduction de la pauvreté, qui passerait notamment par la création d’un programme national de garderie qui ressemblerait au programme provincial québécois, unique en son genre au pays. L’existence d’un tel soutien au niveau de la garde des enfants permettrait en principe à plus de parents de bénéficier d’emplois stables selon Campagne 2000.
D’après le rapport, les services de garde réglementés actuels ne suffisent aux besoins que de 25 pour cent des enfants de 0 à 12 ans. Quant à la situation de l’emploi, plus de deux millions de travailleurs seraient « captifs d’emplois temporaires », indique Campagne 2000.
« Le programme national de services de garde à l’enfance, volet crucial pour éliminer la pauvreté infantile, se fait attendre depuis trop longtemps. Ce programme devrait reposer sur une politique-cadre bien ficelée, fondée sur les principes d’universalité et de qualité élevée et sur une gamme diversifiée de services, et il devrait être assorti d’objectifs et d’échéanciers clairs », a réclamé Martha Friendly, la directrice générale de Childcare Resource and Research Unit, un organisme qui prend part au regroupement Campagne 2000.
Le saviez-vous? C’est en Ontario que les frais de garde d’enfants coûtent le plus cher. – 12 516 $ par année en moyenne pour faire garder un poupon. – C’est près de sept fois plus cher que les frais de garde annuels au Québec (1824 $).
Campagne 2000 (logo)
Inégalité salariale homme femme
Selon Campagne 2000, les enfants vivants au sein d’une famille monoparentale dirigée par une femme sont plus à risque de souffrir de pauvreté. Les femmes canadiennes gagnent seulement 68,5 cents pour chaque dollar gagné par les hommes et les femmes racialisées gagnent elles 19 % de moins que les femmes non racialisées.
L’inégalité des revenus se creuse : de 1989 à 2011, le revenu des 10 % de familles les plus riches a augmenté de 43 000 $ tandis que celui des familles au revenu le plus faible a augmenté de seulement 596 $.
La pauvreté touche les personnes différemment : les enfants de familles racialisées et d’immigration récente, les enfants autochtones et les enfants qui ont une incapacité sont plus vulnérables à la pauvreté, ce qui entraîne des inégalités sociales et économiques persistantes.
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