Serait-il temps de changer le nom des Eskimos d’Edmonton?

Chez les fans de sport au Canada, une phrase revient chaque automne : « l’hiver peut arriver, le match de la Coupe Grey est joué. »

La coupe Grey, emblème du football canadien, remis annuellement depuis 103 ans, a été remportée ce dimanche 29 novembre par les Eskimos d’Edmonton qui ont vaincu l’Équipe du Rouge et Noir d’Ottawa par le compte de 26 à 20.

Il ne s’agit pas ici de faire une chronique sportive, les collègues de Radio-Canada/sports le font et très bien d’ailleurs.

Mais, j’aimerais vous parler de quelques particularités de notre football, qui, bien qu’apparenté à celui des États-Unis, est tout de même bien différent, par les règles de pointage, par le nombre de joueurs sur le terrain (11 par équipe aux USA, 12 au Canada), par la grande différence de dimensions du terrain, etc.

Histoire des noms

Les équipes de la Conférence de l’Ouest sont identifiées par des noms intimement reliés à leur géographie, à leur culture propre et ainsi de suite.

Les équipes de Vancouver, Calgary, Regina et Winnipeg se nomment Lions (deux montagnes de la chaîne côtière en Colombie-Britannique qui se font face et qui, au soleil couchant, donnent l’impression, fugace, d’être deux lions qui se toisent); Sampeeders (la grande culture du cowboy du sud de l’Alberta); Roughriders (en souvenir de la vie difficile dans les grands espaces de la Saskatchewan); Blue Bombers (car c’est à Winnipeg au Manitoba que se trouve le commandement central de l’aviation militaire canadienne.

Et, il reste les Eskimos d’Edmonton.

Et, c’est ici que le bât blesse, comme dans le cas de bien des équipes de sport qui s’affichent d’un nom à connotation amérindienne.

En 2012, le joueur à la retraite André Talbot participait à la grande tournée du centenaire de la coupe Grey. C’est lors d’un arrêt à Iqaluit, capitale du Nunavut qu’il  a commencé à s’interroger sur la pertinence du nom de l’équipe de la capitale albertaine.

« Pourquoi se nomme-t-on Eskimos quand il n’y a rien dans cette organisation qui soit, de près ou de loin, relié à la réalité inuite. »

Pour André Talbot, l’aspect communautaire qui doit être au cœur de toute organisation sportive professionnelle, au-delà même des profits, laisse trop souvent à désirer.

« Nous ne pouvons plus détourner le regard. Nous ne pouvons plus refuser de voir que certaines pratiques, certains noms peuvent être et sont offensants pour nombre de communautés au Canada. »

Changer le nom des Eskimos?

Ce n’est pas la seule équipe sportive professionnelle qui fait face à cette réalité aujourd’hui en 2015.

Au football américain, les Redskins de Washington (Peaux rouges) ont cessé d’utiliser leur nom. On ne garde que le nom de la ville quand il est question de l’équipe.

Au hockey, les Black Hawks de Chicago (Éperviers noirs) ont un magnifique logo sur les chandails d’équipe. Un profil amérindien soit, mais qui commence à en indisposer plus d’un.

Au baseball, sans doute le pire exemple, les Indians de Cleveland ont un logo pour le moins … enfin, voyez par vous-mêmes.

Pourquoi changer?

Selon Natan Obed, président de  Inuit Tapiriit Kanatami, l’organisme qui représente les 60 000 Inuits du Canada « il est mal pour une équipe sportive de porter le nom d’un groupe ethnique ».

Monsieur Obed décrit le nom de l’équipe d’Edmonton comme étant « un vestige d’un passé colonial où un Inuit n’avait aucun contrôle sur sa vie, sur celle de sa communauté et même sur le nom par lequel on le désignait. »

Les Eskimos d’Edmonton porteront ce nom pour encore de nombreuses années, mais, disons que le plus long des voyages commence par un premier pas, celui de la prise de conscience.