Dans le New York Times il y a quelques semaines, une politicologue de l’Université de Toronto du nom de Courtney Jung a créée une secousse qui réverbère encore comme le tonnerre dans le coeur de plusieurs mères canadiennes.
Dans Overselling Breast-Feeding Courtney Jung faisait valoir que le « zèle » et la « ferveur morale » qui pousse beaucoup de nouvelles mères canadiennes à allaiter leurs bébés est nuisible, en particulier parce que les supposés avantages de l’allaitement maternel sont selon elle plus modestes qu’on se plait à le croire!
Dans son article, Jung arrive à cette conclusion sur la base des études récentes qui suggèrent que l’allaitement ne réduirait pas les risques d’obésité, l’asthme, les allergies, les cavités dentaires ou les troubles d’hyperactivité avec déficit de l’attention, ni même n’a un effet positif durable sur le quotient intellectuel des enfants.
Un débat politique qui tourne en débat de chiffre
Courtney Jung affirme que les statistiques médicales montrent qu’il faut 5 400 heures d’allaitement pour éviter une seule infection de l’oreille. Elle se questionne donc sur la pression mise sur les femmes pour qu’elles allaitent et elle se demande si on n’exagère pas les mérites de l’allaitement. Le lait naturel protègerait donc plus, mais il en faudrait des quantités industrielles dit-elle.
Mais des chefs de file dans le domaine de l’allaitement maternel au Canada soulignent cependant que les nourrissons allaités sont 80 % moins susceptibles de mourir avant l’âge de 1 an que ceux qui ne sont pas nourris au sein. Pour chaque 100 décès de bébé nourri au biberon, il y aurait 20 décès dans le groupe nourri au sein.
ÉcoutezUne des affiches de la campagne brésilienne choc Your child is what you eat Photo : Société de pédiatrie du Brésil de Rio Grande (SPRS). Les campagnes d’allaitement devraient éviter la polarisation si elles veulent demeurer efficaces affirment des experts.
Quand alimenter au sein se transforme en un geste politique
Le 3 octobre dernier, des milliers de Québécoises ont posé un geste politique en allaitant leur bébé simultanément à découvert, revendiquant le droit, pour les femmes, de donner le sein dans l’espace public comme dans l’espace privé. Ces mères participaient au 9e défi mondial pour l’allaitement.
L’allaitement en public au Canada est de moins en moins tabou et des commerçants sympathisants peuvent accepter de poser une vignette sur leur vitrine souhaitant la bienvenue aux mamans pratiquant l’allaitement.
Le saviez-vous? Allaitement à la source pour plus de 4 nourrissons canadiens sur 5 – La majorité des mères canadiennes, 89 %, allaitaient leur bébé en 2011-2012, ce qui représentait une légère hausse par rapport à 2003 (85 %). – Pour les nourrissons nés à terme et en santé, l’allaitement exclusif pendant les six premiers mois est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé, Santé Canada, la Société canadienne de pédiatrie, les diététistes du Canada et l’Agence de la santé publique du Canada. – Le nombre de mères ayant allaité exclusivement pendant six mois (ou plus) a augmenté, passant de 17 % en 2003 à 26 % en 2011-2012. – Parmi les provinces et les territoires canadiens, les taux d’allaitement variaient considérablement, allant de 57 % à Terre-Neuve-et-Labrador à 96 % dans des régions comme la Colombie-Britannique et le Yukon en 2011-2012. – Ces taux ont peu changé par rapport à 2003, sauf au Québec où ils sont passés de 76 % à 89 %.
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