Selon Graham Fraser, le souci du précédent gouvernement de vouloir couper dans les dépenses des ministères a fait des « dommages collatéraux » dans les services notamment aux communautés francophones hors Québec.

Selon Graham Fraser, le souci du précédent gouvernement de vouloir couper dans les dépenses des ministères a fait des « dommages collatéraux » dans les services notamment aux communautés francophones hors Québec.
Photo Credit: PC / FRED CHARTRAND

Soucis budgétaires conservateurs qui ont coûté cher au bilinguisme

Le commissaire aux langues officielles, celui qui est chargé de s’assurer que le gouvernement central respecte l’application de sa propre loi qui promet aux Canadiens des services gouvernementaux dans les deux langues du pays, estime que le précédent gouvernement a fait beaucoup de tords.

Graham Fraser affirme que le gouvernement de Stephen Harper a négligé ses obligations en matière de langues officielles lors de l’examen des dépenses qui a mené à d’importantes coupes dans l’appareil gouvernemental : « Je pense qu’on a eu suffisamment de plaintes vis-à-vis la restructuration de certaines institutions, l’élimination de certains services » pour l’affirmer, note-t-il en entrevue.

Dans un rapport publié mardi, il dit regretter le fait notamment que les communautés en langue minoritaire éparpillées un peu partout au pays n’aient pas été systématiquement prises en compte lors de cet exercice.

En 2011, les troupes de Stephen Harper avaient annoncé une révision exhaustive des dépenses afin d’imposer des compressions budgétaires dans l’ensemble des ministères.

En détail…
Un exemple frappant de la façon dont les coupes peuvent affecter les droits linguistiques.
Graham Fraser cite le cas de la fermeture du Centre de recherche et de sauvetage maritime de Québec que le gouvernement conservateur avait planifiée, afin de faire des économies.
Après que de nombreuses voix se furent élevées contre cette fermeture, dont celle de M. Fraser et du vérificateur général Michael Ferguson, Ottawa avait fait marche arrière, parce qu’il était finalement incapable de s’assurer que des services en français soient disponibles 24 heures par jour à partir d’un autre centre de sauvetage.

Le centre de recherche et de sauvetage maritime de Québec devait fermer ses portes en août dernier mais cette décision a été renversé notamment car on a fini par juger que sa fermeture nuirait aux services bilingues aux citoyens.
Le centre de recherche et de sauvetage maritime de Québec devait fermer ses portes en août dernier mais cette décision a été renversé car on a fini par juger que sa fermeture nuirait aux services bilingues aux citoyens.

Recommandations pour éviter d’autres dérapages politicobudgétaires

M. Fraser rappelle que le Secrétariat du Conseil du trésor du Canada, responsable de l’examen des dépenses, doit avant tout se plier à la Loi sur les langues officielles, à défaut de quoi les groupes minoritaires peuvent en pâtir.

Il rejoint ainsi l’opinion de divers groupes de citoyens francophones qui,l’an dernier en particulier, s’étaient mis à dénoncer le fait que la politique de services bilingues leur semblait assujettie de manière prépondérante à des considérations de nature budgétaire.

Le commissaire formule donc trois recommandations pour s’assurer que l’austérité budgétaire ne se refasse plus aux dépens des droits linguistiques.

Écoutez

Un peu d’histoire
La loi canadienne sur le bilinguisme officiel
Adoptée par le Parlement du Canada en 1969 cette loi proclame l’anglais et le français en tant que langues officielles de l’État fédéral canadien.
Les citoyens devraient donc en principe avoir accès à des services en anglais ou en français au sein des administrations fédérales ou des sociétés de la Couronne.
Mais au plan pratique et en raison de jeux politiques cette loi symbole d’égalité est en fait source d’irritation est périodiquement l’objet de contestations sourdes au sein même du gouvernement canadien

L’auteur Pierre Foucher a signé « 50 ans de bilinguisme officiel : Défis, analyses et témoignages » ce dont nous parlons dans la partie sonore de cet article.
L’auteur Pierre Foucher a signé « 50 ans de bilinguisme officiel : Défis, analyses et témoignages » ce dont nous parlons dans la partie sonore de cet article. © commonerspublishing.com

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Gabrielle Sauvageau, Marie-Lou St-Onge, et de Philippe Marcoux de Radio-Canada

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Catégories : Politique, Société
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