L’Inde a interdit à Facebook d’offrir aux Indiens un accès gratuit à Internet. Qu’est-ce qui a motivé une telle décision « immorale, qui refuse une connexion Internet gratuite aux pauvres » selon Marc Anderseen, un des investisseurs historiques de Facebook?
L’autorité de réglementation des télécoms indiennes (TRAI) s’est finalement prononcée sur le controversé programme de Facebook d’offrir en Inde un accès gratuit, mais limité, à Internet (accès à Facebook et à un certain nombre de sites de services et d’information).
Une décision attendue par plusieurs réglementaires à travers le monde compte tenu des impacts sur le houleux débat à propos de la neutralité du Net.
Ce programme baptisé « Free Basics » fait partie d’une initiative « philanthropique » mondiale de Facebook qui vise à rendre accessible Internet aux usagers qui n’en ont pas les moyens, particulièrement les pays en voie de développement.
Marc Zuckerberg croit que ce programme d’aide de connexion à la Toile constitue un levier de développement économique et aidera éventuellement les usagers à sortir de leur pauvreté.
Selon Facebook, plus de 15 millions d’internautes, dans 37 pays, se branchent sur le Web gratuitement grâce à Free Basics.
La TRAI ne partage pas cette vision « philanthropique » de Facebook. Elle croit que Free Basics entrave la neutralité du Net en donnant un avantage compétitif incommensurable à un joueur puissant comme Facebook par rapport à ses concurrents, notamment les petits opérateurs qui ne seraient pas capables d’offrir des tarifs aussi bas.
Des enjeux commerciaux et culturels
Les autorités indiennes craignent que cette porte d’entrée- Free Basics- n’offre une position dominante à Facebook dans un marché émergent de plus d’un milliard de consommateurs. Alors qu’ils croient être sur la Toile, les internautes sont enfermés dans la sphère Facebook pour vendre, acheter ou tout simplement consommer.
Dans un sondage réalisé en 2015 auprès des utilisateurs de Free Basics en Inde, une majorité d’entre eux confondait le Web à « Free Basics ».
Avec « Free Basics » et ses kyrielles de services, dont Facebook Shop (commerce électronique), Facebook Payment (micro paiement en ligne), FB Ads (publicité) et plus de 600 millions de membres, Facebook peut menacer plusieurs pans de l’économie indienne selon certains économistes indiens. Une inquiétude justifiée particulièrement pour le marché publicitaire où Facebook joue un rôle de plus en plus prépondérant.
Dans les médias indiens, des opposants au projet « Free Basics » ont évoqué des menaces d’ordre identitaires et culturelles : les internautes consommeront du « contenu culturel » selon les prismes de l’algorithme de Facebook.
ÉcoutezTandis que la TRAI interdit le « Free Basics », Facebook, Google et Amazon testent actuellement des solutions technologiques qui permettent des connexions à Internet via des ballons, des satellites et des drones qui seront probablement en dehors du pouvoir du législateur!
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