Le président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), Jean-Pierre Blais, se déclare fatigué des cadres d’entreprises de diffusion qui invoquent des coffres vides pour justifier le fait de ne plus financer les nouvelles locales.
La petite ville ontarienne de Cornwall proche de la frontière québécoise est un bon exemple de la dégradation de la situation. Les auditeurs des deux seules stations de la petite localité de 35 000 habitants ne peuvent plus obtenir de nouvelles régionales parlées depuis que ces stations de radio, toutes les deux propriétés du même conglomérat, ont mis fin il y a un peu plus d’un an à tous leurs bulletins d’information et licencié les employés qui y étaient affectés.
Devant des gens d’affaires, lors d’un discours au Canadian Club de Toronto, le président du CRTC a rappelé qu’en 2014, les chaînes de télévision ont dépensé à elles seules plus de 470 millions $ sur la programmation locale et des nouvelles régionales, mais que depuis on note un désinvestissement marqué dans ce secteur.
« J’ai écouté les Canadiens qui ont parlé avec intelligence et passion ( au CRTC à propos des nouvelles locales), alors que les dirigeants d’entreprises qui possèdent des yachts de luxe et des hélicoptères privés sont venus chercher des subventions au gouvernement », a déclaré Blais.
Jean-Pierre Blais devant The Canadian Club – Photo crédit : La Presse canadienne
Les barons des médias menacent la démocratie canadienne elle-même
Jean-Pierre Blais dit « craindre » pour l’avenir des médias à titre de « pilier de la démocratie » et il a affirmé que son organisme réglementaire serait très sévère envers les grands conglomérats médiatiques comme Bell, Rogers, Québecor et Corus s’ils ne respectaient plus leur « contrat social » avec les Canadiens.
Le président du CRTC s’est montré sceptique devant les arguments économiques invoqués par les conglomérats pour briser leurs obligations. « Lorsque les radiodiffuseurs se présentent devant le CRTC afin d’obtenir de nouvelles licences (de diffusion) ou que des mégatransactions sont approuvées, ils font toutes sortes de promesses sur la façon dont ils investiront dans la programmation, dit Jean-Pierre Blais. Mais dès que nous mettons sur pied une audience sur les politiques, on nous dit que les tiroirs sont vides. »
« Si le journaliste formés aux normes professionnelles, qui souscrit à un code particulier de l’éthique et qui aspire aux plus hautes normes pour la collecte et l’interprétation des faits disparaît, en l’absence d’une alternative éprouvée, j’ai peur pour l’avenir du quatrième pouvoir en tant que pilier de la démocratie « , a-t-il dit.
Le régulateur a également critiqué le modèle d’affaires des chaînes de télévision privées qui comptent sur la programmation américaine sur mesure pour augmenter la rentabilité.
Les conglomérats doivent aussi s’investir plus sérieusement dans la télévision à la carte
Le président du CRTC a également rappelé aux propriétaires médiatiques leurs nouvelles obligations par rapport au service de télévision sur mesure qu’ils sont obligés d’offrir aux Canadiens à partir du premier mars prochain.
La date approche à grands pas et Jean-Pierre Blais juge que plusieurs conglomérats ne semblent manifester ni enthousiasme, ni empressement à informer leurs clients des importants changements dont ils pourront bénéficier.
« Je crains que ceux qui gèrent les médias, les dirigeants d’entreprises, les comptables, les avocats et les MBA, ont perdu le contact avec leur public et qu’il se concentrent sur les résultats trimestriels, les profits, les bilans, les cours et les actions. »
Aide-mémoire… – Suite à une décision du CRTC l’an dernier, les conglomérats seront forcés d’offrir à leurs clients un service de base très réduit à prix modique ne dépassant pas 25 $ et composé uniquement de stations locales canadiennes et duquel pourraient être exclues les stations américaines. – Au-delà de ce service de base, les consommateurs canadiens pourront s’abonner à des stations ou des services à la carte, et créer donc dans les faits leur propre forfait.
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