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Cette solution des quotas pour gonfler les rangs des femmes en politique a déjà été mise en place dans des pays aussi différents que la France, la Belgique, le Rwanda, l’Argentine et le Mexique, mais elle n'a jamais été considérée sérieusement aux États-Unis et au Canada. Pourquoi?
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Quotas ou sanctions pour forcer l’élection de plus Canadiennes?

Pour que les femmes aient enfin accès à une certaine parité en politique, le Conseil du Statut de la Femme au Québec recommande d’adopter désormais la manière forte : une loi fixant des quotas et prévoyant de lourdes sanctions financières aux contrevenants.

Quelques jours avant la tenue du récent scrutin canadien, au début du mois d’octobre dernier, le Conseil du statut de la femme du Québec soutenait avec force que les partis politiques devraient avoir l’obligation légale de présenter un plus grand nombre de femmes, selon le Conseil du statut de la femme.  Le CSF fixerait à un minimum de 40 % la proportion de candidatures féminines affichées par les différents partis politiques, sous peine de sanctions.

Dans un avis étoffé de 129 pages remis au gouvernement et intitulé « Les femmes en politique : en route vers la parité », le CSF affirme que le temps des vœux pieux, des vagues promesses et des belles intentions est révolu.

Aujourd’hui, la majorité des pays dans le monde, plus de 120 sur 180, ont recours aux quotas, par législation ou bien grâce à des mesures adoptés librement par les partis, pour accroître la participation des femmes en politique. Le Canada est à la traîne.

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Le Monument hommage aux femmes en politique à Québec
Le Monument hommage aux femmes en politique à Québec © ICI Radio-Canada/Carl Boivin

Des chiffres et des statistiques qui situent le combat pour des quotas

À la suite de la dernière élection générale au Québec, en avril 2014, l’Assemblée nationale du Québec ne comptait que 27 % de femmes, en recul de six points par rapport à la veille du déclenchement des élections, soit seulement 34 femmes sur 125 élus. Les libéraux, qui forment le gouvernement québécois depuis avril 2014, n’avaient présenté que 35 femmes lors du dernier scrutin, soit 28 % des 125 candidats libéraux.

En 2014, le Canada était pour sa part le 45e pays au monde dans la représentation des femmes à la chambre basse du parlement national. Selon un rapport publié par le regroupement Unité Égalité et Diversité de l’Union européenne, les femmes constituaient en 2014 environ 53 % de la population en Europe, mais n’occupaient que 35 % des sièges au Parlement.

Au Canada, les femmes ne détenaient au même moment que 24 % des sièges à la chambre des communes. Le Canada se situait donc en avance par rapport à la France ou l’Italie, mais nettement en désavantage par rapport aux Danois ou Suédois.

Photo de groupe prise en 2013 au Canada des 12 leaders provinciaux et territoriaux au Canada ou se trouvait 6 femmes premières ministres!
Photo de groupe prise en 2013 au Canada des 12 leaders provinciaux et territoriaux où se trouvaient 6 femmes premières ministres! © Crédit photo : PC / Aaron Lynett

Le savez-vous?

Comment fonctionnerait au Québec un régime des quotas pour femmes en politique
Selon le Conseil du Statut de la Femme du Québec, les partis politiques auraient l’obligation de recruter un minimum de 40 % et un maximum de 60 % de candidats des deux sexes.
Les partis politiques devraient aussi publier un bilan de leurs pratiques de recrutement après chaque élection générale.
Des sanctions sévères seraient appliquées dans le cas de non-respect. À travers le monde, le fait d’imposer des sanctions aux partis délinquants a été, selon le CSF, déterminant pour obtenir des résultats probants.
Ces sanctions peuvent aller de la pénalité financière imposée aux partis politiques à la perte de leur financement public.

La première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, était de passage à l’Université d’Ottawa pour discuter de la place des femmes en politique. (05-03-15)
La première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, était de passage à l’Université d’Ottawa pour discuter de la place des femmes en politique au mois de mars de l’an dernier. © Radio-Canada

Des quotas pour femmes en politiques pourraient-ils aussi avoir leurs défauts?

Dans un article publié l’automne dernier par le magazine québécois l’Actualité, on dressait la liste des effets pervers que pourrait avoir un système de quotas pour femmes en politique. Par exemple, des électeurs pourraient s’imaginer écrivait-on que des candidates ne doivent leur place qu’aux quotas et ils pourraient alors douter de leur compétence, voire se désintéresser de la politique.

Or, deux économistes, affiliés à l’Université d’État d’Arizona et au Massachusetts Institute of Technology, se sont intéressés au cas de l’Espagne et ils ont découvert que quand on les oblige à enrôler des femmes, les partis politiques parviennent à en trouver!

Dans les villes concernées, le nombre de candidatures féminines avait même augmenté de 32 % par rapport au scrutin précédent, en 2003. Deuxième constat, l’exigence de la parité n’a pas rebuté les électeurs au point de leur faire bouder le scrutin. Le taux de participation est demeuré stable dans les municipalités touchées.

La présence des femmes dans les institutions politiques en 2013 au Canada.
La présence des femmes dans les institutions politiques en 2013 au Canada et au Québec. © GROUPE FEMMES, POLITIQUE ET DÉMOCRATIE

RCI avec la contribution de Jacques Beaupré, Sandra Gagnon. Marie Villeneuve et Line Boily de Radio-Canada

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Catégories : International, Politique, Société
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