« Ce monde s´ra jamais beau
Le monde est tellement fou
Ce monde, j´en aurais fait cadeau
Heureusement, tu changes tout
La nuit, y fait jamais chaud
La nuit, c´est comme un loup
Le loup voulait ma peau
Heureusement, tu changes tout »
Cet extrait de la chanson Mon Ange, interprétée par le chanteur québécois Éric Lapointe, est un des innombrables textes écrits par le parolier Roger Tabra, décédé le 11 mars.

Ses mots résonneront encore longtemps au Québec grâce aux nombreux interprètes pour qui il a écrit.
Si sa collaboration avec Éric Lapointe a été l’une des plus importantes, les Garou, Isabelle Boulay, Bruno Pelletier, Ginette Reno, Mario Pelchat ou Dan Bigras ont aussi eu la chance d’interpréter ses textes.
Né en France, à Strasbourg, d’une mère allemande, d’un père algérien, il aura aussi vécu à Alger avant de s’installer au Canada en 1992.
Pour celui qui aimait tant la poésie, la reconnaissance viendra tardivement, à plus de 45 ans. Et c’est au Québec qu’elle surgira. Non pas comme chanteur, même si l’homme à la voix bien particulière y sort un album en 1996, mais comme parolier.
Lui qui écrivait une chanson par jour, pour le simple amour des mots, en aura enregistré sur disque environ 350, sur les albums d’une cinquantaine d’artistes québécois et français, dont Johnny Halliday.
Selon le chanteur Dan Bigras, les textes de Tabra étaient profonds et empreints d’une grande mélancolie.
« Ça donnait la beauté de ses textes. Non seulement c’était une poésie d’une grande beauté, mais il écrivait comme une mitraillette. Il fallait que sa mélancolie puisse sortir. Il était incapable de ne pas être poétique.» Dan Bigras
En 2008, Roger Tabra apprend qu’il est atteint d’une cirrhose du foie. N’ayant jamais eu la citoyenneté canadienne, il doit rentrer en France pour se faire soigner.

En 2010, il publie son récit autobiographique La Folitude, dans lequel il raconte des moments difficiles de sa vie.
« Le soir vient comme un frémissement Loin de nous que fais-tu Je regarde le monde J’ai peur de toute cette solitude et de la ville Peur de cette peur et de cette rue dans laquelle tu marches quelquefois et je te guette pendant des heures assis devant ma maison Pas loin de la tienne J’ai froid Je parle tout seul Je mémoire Je ne sais pas oublier Je ne sais pas oublier tes yeux ton parfum les morsures de ta bouche Je ne sais pas oublier ta peau tes seins ni ton ventre blessé Je ne sais pas Je n’oublie pas ton sexe ton rivre ton sommeil au mien tressé » Extrait de Folitude, publié chez Michel Brûlé éditeur.
Roger Tabra est mort à Paris le 11 mars 2016. Il avait 67 ans.
« Tu m’avais dit
Les mots les plus fous
Ceux qu’on ne croit
Qu’une seule fois
Tout c’que tu veux
Si tu veux tout
Je te promets
N’importe quoiTu m’avais dit
Les mots les plus doux
Je n’aimerai
Jamais que toi
Notre histoire ira
Jusqu’au bout
Tu m’avais dit
N’importe quoi » Extrait de la chanson N’importe quoi, interprétée par Éric Lapointe.
RCI avec Radio-Canada
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