Une forme de la maladie d’Alzheimer est de souche génétique. Or, si vous possédez le gène fautif, vous pourriez vous voir refuser non seulement une assurance ou un emploi, mais une indemnité par votre assureur s’il faisait la preuve que vous ne lui aviez pas dévoilé les résultats d’un test génétique.
L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a pourtant demandé il y a une vingtaine d’années à tous les États de légiférer contre la discrimination fondée sur des caractéristiques génétiques.
Après tout ce temps, le Canada est le seul pays du G-7 qui ne protège toujours pas ses citoyens.
Un projet de loi destiné à protéger les Canadiens contre l’utilisation par des tiers de résultats de tests génétiques vient parcontre d’être adopté à l’unanimité en troisième lecture au Sénat canadien jeudi 5 mai.
Mais il lui reste à subir l’examen et l’approbation maintenant des députés au Parlement canadien (la Chambre des communes).
En vertu de ce projet de loi, les citoyens qui passent des tests génétiques pour des motifs médicaux ne seraient plus tenus d’en révéler les résultats à des tiers, comme des compagnies d’assurance ou de futurs employeurs.
Prix élevés de la discrimination basée sur les gênes au Canada
C’est la discrimination dans le secteur de la santé qui s’avère peut-être la plus préoccupante pour les Canadiens dont des parents par exemple ont souffert ou auraient souffert de maladies ayant des origines génétiques comme c’est souvent le cas dans les cancers du sein par exemple, dans les maladies du coeur et certaines variétés de diabète, ainsi que la maladie de Huntington.
Sans protection du gouvernement, nous sommes dans les faits pratiquement tous des victimes potentielles, car il y a près de 6000 anomalies génétiques qui peuvent entraîner des maladies et la science, bien sûr, en découvre de nouvelles chaque mois.
L’Association canadienne des compagnies d’assurances affirme que les compagnies d’assurances ne demandent les résultats d’un test génétique que seulement si le client en a déjà subi un de son propre gré, tout comme elles demandent d’être mises au courant de n’importe quel problème de santé. Rien de plus, rien de moins.
L’association ajoute que si des entreprises demandent des primes très élevées aux personnes qui sont à risque de maladies génétiques, ces coûts reflètent, tout simplement, l’importance de la responsabilité qu’accepte la compagnie d’assurances.
Discrimination des Canadiens malades, présents et futurs
La Coalition canadienne pour l’équité génétique réclame une loi pour mettre fin à ce qu’elle appelle la « discrimination génétique ».
Des personnes à risque de développer une maladie génétique qui demandent une couverture à une compagnie d’assurances sont victimes de discrimination, déplore la Coalition canadienne pour l’équité génétique.
Elle soutient que certaines compagnies refusent de les assurer ou qu’elles leur demandent une prime très élevée, à moins de se soumettre à un test génétique.
Cette pratique est injuste, selon la Coalition, parce qu’un test génétique ne prédit pas à coup sûr qu’une maladie se développera et que même dans les cas où le test le prédit, il ne peut déterminer l’âge où les symptômes apparaîtront.
Le saviez-vous? Dans cette affaire de discrimination génétique, les Québécois pourraient s’avérer particulièrement vulnérables…
– Une étude menée il y a trois ans par des chercheurs du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et de l’Université de Montréal constatait que les résidents de souche de cette province proviennent génétiquement en majeure partie d’un bassin réduit de seulement 8500 colons français.
– Les chercheurs se sont intéressés à l’évolution génétique de cette population et l’impact que cette évolution a pu avoir sur la présence de maladies rares. Lisez: Le Québec est un incroyable laboratoire génétique – RCI
Crédit photo : iStock
Avec les informations de William Burr, Karine Bastien, Alain Labelle et les contributions de Gabrielle Michaud-Sauvageau et Catherine Lachaussée de Radio-Canada.
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