Les agressions sexuelles sont souvent cachées dans les Forces armées

Les agressions sexuelles sont souvent cachées dans les Forces armées
Photo Credit: IS / iStock

Explosion des enquêtes pour crimes sexuels dans l’armée canadienne

Selon des chiffres obtenus par CBC, le nombre d’enquêtes pour agression sexuelle ou inconduite sexuelle dans les Forces militaires canadiennes a bondi de 35 % en 2015 par rapport à l’année précédente.

Sur un total de 135 plaintes, 17 ont été dirigées vers le Centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle établi l’an dernier par la Défense nationale.

La création de ce centre était l’une des recommandations maîtresses contenues dans le rapport de Me Marie Dechamps, une ancienne juge à la Cour suprême du Canada.

En 2014, cette juge avait reçu le mandat de mener une enquête indépendante sur l’« inconduite sexuelle » dans l’armée.

Elle concluait dans son rapport au printemps 2015 que le phénomène était « endémique » au sein des Forces armées canadiennes, une institution imprégnée d’une « culture de sexualisation » qui n’encourage pas du tout les femmes à dénoncer les agresseurs.

L’ex-juge Marie Deschamps, auteure du rapport sur l’inconduite sexuelle au sein des Forces armées canadiennes.
L’ex-juge Marie Deschamps, auteure du rapport sur l’inconduite sexuelle au sein des Forces armées canadiennes.

Plus d’enquêtes veulent-elles dire plus de crime?

Ce bond remarquable dans le nombre d’enquêtes pourrait signifier que le problème des crimes sexuels dans l’armée s’aggrave ou encore que l’armée canadienne est maintenant mieux outiller pour venir à la défense des militaires victimes de ce type de violence.

Écoutez cette entrevue avec l’experte canadienne Me Louise Langevin. Elle est chercheuse au Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes, et professeure de la Faculté de droit, à l’Université Laval dans la ville de Québec.

Me Louise Langevin - Photo Université de Laval

Me Louise Langevin – Photo Université de Laval

Une enquête interne de l’armée sur sa capacité d’enquêter dans les cas de crimes sexuels

Une enquête interne commandée par l’armée il y a près d’un an et demi sur la façon dont elle avait réagi aux allégations d’agression sexuelle soulevées par une ex-caporale du nom de Stéphanie Raymond s’est terminée en mars dernier.

L’enquête avait été ordonnée par le chef d’état-major de l’époque, le général Tom Lawson, qui voulait alors démontrer que l’armée prenait très au sérieux tout le phénomène des agressions sexuelles.

L’enquête interne de l’armée devait justement se pencher sur sa gestion des plaintes formulées par l’ex-caporale-chef Stéphanie Raymond, qui disait avoir été violée par l’adjudant André Gagnon. Mme Raymond soutenait aussi qu’on l’avait poussée à quitter l’armée lorsqu’elle a porté plainte.

L’adjudant Gagnon a finalement été acquitté en août 2014, en cour martiale générale à Québec.

L’adjudant André Gagnon et la plaignante, Stéphanie Raymond
L’adjudant André Gagnon et la plaignante, Stéphanie Raymond

Un porte-parole de l’armée a confirmé il y a deux mois que le rapport interne était alors sur le bureau du lieutenant-général Marquis Haines, commandant de l’armée canadienne, et qu’il attendait d’y recevoir l’« imprimatur » du général Jonathan Vance, actuel chef d’état-major de la Défense nationale.

Pour l’avocate torontoise Emma Phillips, qui a participé aux travaux de l’ex-juge Deschamps, le général Vance ne devrait pas donner l’impression qu’il se traîne les pieds dans cette enquête interne, alors qu’il a démontré jusqu’ici sa détermination à lutter contre les agressions et inconduites sexuelles dans l’armée.

RCI avec CBC, La Presse canadienne et Radio-Canada

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Catégories : Société
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