Une classe de francisation à Montréal

Classe de francisation : 6 immigrants adultes sur 10 écartent à leur arrivée l'offre qui leur est faite par le gouvernement québécois de suivre des cours de français gratuitement.
Photo Credit: Simon Coutu

Nos cours québécois de francisation pour immigrants sont-ils populaires?

Voici une bonne question que nous suggère une conversation avec l’un de nos auditeurs et internautes qui a appris le français à distance au contact de Radio Canada International bien avant donc son arrivée à Québec, la plus française de toutes nos villes.

Une bonne adaptation à une nouvelle société passe par le fait d’être capable de bien comprendre ceux autour de nous et de se faire bien comprendre d’eux. Au Québec, cela exige l’apprentissage du français, une marche que ratent pourtant beaucoup d’immigrants adultes.

Écoutez

60 % des immigrants admissibles à une francisation gratuite la rejette

Selon le rapport annuel de gestion 2014-2015 du ministère québécois de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, sur les 13 455 immigrants reçus qui déclaraient ne pas connaître le français en 2012, seulement 3689 s’étaient inscrits à un cours de français dans les deux ans qui ont suivi leur arrivée, soit un pourcentage de 27,4 %.

Si l’on tient compte du fait que les cours offerts par le ministère de l’Immigration ne représentent que les deux tiers de l’offre de tous les cours de français gouvernementaux aux nouveaux arrivants (l’autre tiers est le fait du ministère du Travail et de l’Emploi), il s’agit donc de seulement un peu plus de 40 % des immigrants anglophones ou allophones qui jugent bon d’apprendre le français formellement.

En 2008, la proportion était inversée : 60 % des nouveaux arrivants ne connaissant pas le français assistaient aux cours offerts par l’État.

Une classe de francisation à Montréal
Une classe de francisation à Montréal © Anne-Louise Despatie

Beaucoup de ressources consacrées à la francisation

Le Québec pourtant consacre des millions de dollars pour offrir des cours gratuits de francisation. De 44 millions de dollars il y a dix ans, ces dépenses sont aujourd’hui de plus 64 millions de dollars.

En 2014-2015, il y avait près de 11 000 élèves à temps complet suivant des cours de francisation et plus de 15 000 qui étaient inscrits à temps partiel (15 352).

Le ministère de l’Éducation promet aux immigrants que le délai maximal pour commencer un cours de français à temps complet à compter de la date de confirmation de l’admissibilité ne dépassera pas 65 jours.

Le délai moyen pour commencer un cours de français à temps complet est dans les faits de 39,8 jours selon les chiffres fournis par le Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion

Une autre enquête sur l’échec de notre offre de cours de francisation

Malgré toutes ces énergies dépensées en services de francisation, le Québec ne parviendrait pas à franciser correctement ses immigrants selon une étude récente et indépendante de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC).

Intitulée Le Québec rate sa cible, cette enquête révèle que plus de 200 000 immigrants ne maîtrisaient toujours pas notre langue nationale en 2014, dont 111 000 immigrants qui sont arrivés au pays après 1991, année où le Québec a obtenu du gouvernement canadien la responsabilité exclusive en matière d’intégration linguistique.

Les problèmes d’inefficacité bureaucratiques et pédagogiques sont multiples et les immigrants aussi ont leur part de responsabilité. Mais le problème, selon les responsables de l’enquête, est qu’à la base on laisse entrer dans la province trop d’immigrants qui n’ont pas d’affinité avec notre langue. 40 % des immigrants ne connaissent pas le français à leur arrivée au Québec.

Le Québec devrait donc selon cette enquête se soucier d’attirer davantage d’immigrants issus de la francophonie internationale ou parlant des langues latines, puisque ces derniers adoptent beaucoup plus facilement le français que d’autres, et plus particulièrement les communautés asiatiques.

Cette enquête de l’IREC a été financée par le syndicat québécois CSN, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, le Mouvement national des Québécoises et des Québécois et le Mouvement Québec français.

Le saviez-vous?
Les personnes de la sous-catégorie des travailleurs qualifiés originaires des pays du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne francophone, d’Haïti et de la France, comptaient pour moins de 10 % des personnes admises en 2010, alors qu’elles sont passées à près de 40 % des personnes admises en 2012.

Un professeur donne un cours de francisation à de nouveaux arrivants.
Un professeur donne un cours de francisation à de nouveaux arrivants. © Radio-Canada

Notre aide linguistique a un meilleur taux de pénétration auprès des plus jeunes

Certaines écoles de la grande région de Montréal sont expertes dans leur capacité de franciser des élèves du primaire et du secondaire dans des classes d’accueil et qui viennent tout juste de s’établir ici.

On s’y concentre sur l’enseignement du français parlé en vue de faire un pont vers l’enseignement normal.

Lisez :
À l’école avec de jeunes réfugiés syriens – Radio-Canada

Le programme de francisation des touts petits obtient de bons résultats.
Le programme de francisation des touts petits obtient de bons résultats. © iStock

RCI avec Radio-Canada. La Presse canadienne et Les Affaires

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Catégories : Immigration et Réfugiés, Société
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