Ils se nomment Tremblay-Dufour, Lapierre-Séguin ou Côté-Forget. Ils font partie d’une génération bien précise, née au Québec dans les années 1980-1990.
C’est qu’en 1981 la réforme du droit de la famille a rendu le nom de famille composé légal.
Les Québécoises remportaient ainsi une victoire de plus vers l’égalité de leurs droits, après avoir obtenu le droit de vote en 1940, au niveau provincial, et, en 1964, le droit pour une femme mariée d’ouvrir un compte de banque ou de signer un bail.
Si la tendance au nom de famille composé a rallié un certain nombre de nouveaux parents pendant plus d’une décennie, connaissant son apogée en 1992, l’intérêt se perd depuis.
1992 : 22 % des nouveau-nés héritent du double nom de famille.
De nos jours, moins de 10 % des parents choisissent encore de donner les patronyme et matronyme à leurs enfants.

Si ce gain de la lutte féministe pour l’égalité au Québec cède tranquillement la place à la tradition, d’autres batailles gagnées par les femmes au cours du 20e siècle demeurent.
Outre les droits mentionnés plus haut, il faut aussi mentionner la notion d’autorité parentale qui a remplacé la notion de puissance paternelle dans le Code civil.
Également, les femmes ont droit depuis 1989 à un partage équitable en cas de divorce grâce au patrimoine familial.
Si le nom composé est un reflet de ce principe égalitaire et si beaucoup le portent fièrement, il est pour d’autres plutôt lourd à porter, administrativement parlant.
Se nommer Marie-Claude Dupont-Lapierre Rochon-Laporte (nom fictif) amène en effet son lot de contrainte!
En réalité non, car la loi prévoit qu’un enfant ne peut porter que deux noms de famille. Les parents aux doubles noms doivent donc choisir quels patronymes ils laisseront en héritage.
Le saviez-vous?
Les doubles noms existent depuis les débuts de la Nouvelle-France.
À l’époque, il s’agissait de surnoms accolés au patronyme, par exemple Poirier dit Lafleur.
Cela aidait à distinguer les nombreuses familles qui avaient le même nom. Mais à la fin du 19e siècle, l’État, pour des raisons pratiques, a demandé de choisir un seul nom légal.
Certains ont subsisté, les Miville-Dechêne, Beaugrand-Champagne ou Gérin-Lajoie.
Au Québec, le registre des noms existe depuis 1621. 3500 patronymes de cette époque existent toujours.

Voici un florilège de noms de famille composés amusants :
Lavoie-Ferré
Desjardins-Fleury
Dupont-Davignon
Boileau-Desfossés
Jetté-Lapierre
Tétreault-Cauchon
Lalumière-Dufour
Legros-Rathé
Laporte-Barré
Legrand-Brulé
Beausoleil-Brillant
Leboeuf-Hachey
RCI d’après un reportage de Solveig Miller, Radio-Canada
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