Dieppe

Les drapeaux sont en berne devant l’hôtel de ville de Dieppe, au Nouveau-Brunswick, vendredi.
Photo Credit: Radio-Canada/Nicolas Steinbach

Attaque à Nice : les Canadiens sont ébranlés

C’est la consternation partout au Canada après l’attaque meurtrière qui a fauché la vie de plus de 80 personnes en plein jour de fête nationale, à Nice en France.

Plusieurs édifices gouvernementaux ont mis leur drapeau en berne.

Des minutes de silence ont été observées et, devant tant d’horreur et d’incompréhension, les réactions et témoignages ne se sont pas fait attendre.

En voici quelques-uns, recueillis d’est en ouest :

«La peur est le pire ennemi de la démocratie, de la solidarité et de la fraternité. Évidemment, le peuple acadien est consterné. Nous sommes absolument solidaires du peuple français. Nous offrons nos condoléances aux familles qui sont éprouvées. Je crois que nous devons continuer à vivre comme nous l’avons toujours fait. Nous invitons nos frères et soeurs à faire de même puisque c’est comme ça qu’on va vaincre ces gestes ignobles.» René Cormier, le président de la Société nationale de l’Acadie, parlant d’un sentiment de tristesse et de consternation et rejetant la peur.

«Je suis très en colère contre la sécurité, voilà. Il y a quelque chose qui n’a pas été fait. Ça, c’est impossible. Même une voiture ne pouvait pas passer. Comment une voiture frigorifique a pu foncer là-dedans.» Alain Clérisi, un résident de la Gaspésie originaire de Nice, en colère contre les services de sécurité française. Plusieurs questions sont sans réponses selon lui.

Consternation, tristesse et solidarité

Alors que le drapeau français a été mis en berne à l’hôtel de ville de Québec et à l’Assemblée nationale du Québec, vendredi matin, le maire de cette ville ainsi que les citoyens et des Français d’origine n’ont pas tardé à s’exprimer.

Le drapeau français en berne à l’hôtel de ville de Québec au lendemain de l’attentat de Nice
Le drapeau français en berne à l’hôtel de ville de Québec au lendemain de l’attentat de Nice © Radio-Canada

« On réagit dans la tristesse et la colère parce que ça s’est produit un 14 juillet. C’est énormément touchant que ça arrive à ce moment-là, particulièrement quand on a des amis et de la famille qui sont à Nice » Romain Vignol, un citoyen.

«Alors que la foule s’était réunie pour célébrer le 14 juillet et se rappeler l’importance de cette magnifique devise qu’est « Liberté, Égalité, Fraternité », la barbarie en a attaqué les fondements mêmes en fauchant d’innocentes vies humaines.» Régis Labeaume, maire de Québec

Le chanteur français Julien Clerc, invité au Festival d’été de Québec, a décliné une vingtaine de chansons avant d’évoquer « l’assassinat d’innocents de façon ignominieuse » survenu à Nice durant les célébrations du 14 juillet.

Il a profité de la dernière chanson, Let the Sunshine In, en rappel, pour livrer un message d’amour et d’espoir. «Je crois qu’il faut y croire, malgré les temps qui sont durs, de plus en plus laisser entrer le soleil et essayer de s’aimer tous.» Julien Clerc

Julien Clerc a livré un message d’amour et d’espoir
Julien Clerc a livré un message d’amour et d’espoir © Radio-Canada/Maxime Corneau

Le consul général de France à Québec, Nicolas Chibaeff, s’était adressé à la foule avant l’entrée en scène de Julien Clerc.

Il a souligné que les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité qui rassemblent Français et Québécois dans la célébration en musique proposée chaque année à Québec le 14 juillet avaient été attaqués à travers l’attentat faisant plusieurs dizaines de morts à Nice.

Un rassemblement à la chandelle aura lieu au consulat général de France, samedi matin.

Les drapeaux de l’hôtel de ville de Montréal sont aussi en berne. Le bâtiment a été illuminé aux couleurs de la France en signe de solidarité.

L’Hôtel de ville de Montréal aux couleurs de la France © Alain Bédard, Radio-Canada/ Twitter

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a déclaré : « En ces moments difficiles, les Montréalais sont solidaires des niçois et français. Nous les accompagnons dans ce chagrin et dans la lutte contre toute forme de violence. »

Les hommages aux victimes et les messages de solidarité se multiplient aussi en Ontario.

Le consul général de France à Toronto, Marc Trouyet, s’est dit « choqué » et « meurtri » et a remercié, en tant que responsable de la communauté française, pour « la solidarité qui s’exprime de toute part ».

«Nous sommes tous en deuil aujourd’hui. Le président de la République a annoncé trois jours de deuil national et on va respecter ce deuil national.» Marc Trouyet

La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, s’est, elle aussi, dite « choquée et attristée par l’attaque à Nice ».

Le journal « Nice-Matin » a diffusé une image qui montrerait le camion qui a foncé sur la foule à Nice, jeudi soir.
Le journal « Nice-Matin » a diffusé une image qui montrerait le camion qui a foncé sur la foule à Nice, jeudi soir. © Nice-Matin

Les musulmans de Windsor en Ontario condamnent

Dans un communiqué, le Conseil islamique de Windsor a condamné l’attentat et rappelé que « ceux qui font de telles attaques au nom de l’islam sont des criminels qui suivent une idéologie pervertie et dégoûtante loin des nobles enseignements de l’islam et des règles fondamentales de l’humanité ».

L’organisme appelle les musulmans à l’action pour lutter contre le terrorisme, « rester ferme et exposer ceux qui font le mal ».

À Ottawa, la capitale nationale, les festivités entourant la prise de la Bastille, à l’ambassade de France, se sont rapidement assombries à la nouvelle de l’attentat.

«Le fait que ce soit la fête nationale, ce n’est pas anodin. On a voulu frapper la France, encore une fois, dans ses symboles!» Stéphane Schorderet, porte-parole de l’ambassade française

Réactions de l’ouest du pays

« C’est avec une très grande tristesse que nous avons appris les événements. J’envoie toutes mes condoléances à toutes les familles françaises et étrangères touchées par ces attentats » a quant à lui souligné le conseiller consulaire élu pour l’Ontario et le Manitoba, Philippe Armengau.

Cet attentat, a-t-il dit, va malheureusement alimenter la peur au sein de la diaspora française à Ottawa.

La propriétaire d’origine française d’une boulangerie au Manitoba, Nathalie Gauthier, s’inquiète que le nombre d’attentats de ce genre ne fasse qu’augmenter. Elle aimerait voir les gouvernements agir plus rapidement.

« On est en train de banaliser la mort avec des bougies, des pleurs, de la solidarité, mais qu’est ce que le gouvernement fait? Combien de morts va-t-il falloir pour qu’il y ait quelque chose de sévère, quelque chose ou l’on défend le peuple français? ». Elle croit que c’est la responsabilité des gouvernements d’enrayer ce fléau.

Des personnes rassemblées sous un abri dans un parc avec de la nourriture
Des Français de Calgary étaient déterminés à célébrer la fête nationale française jeudi soir malgré l’attentat de Nice. © Julien Lecacheur/Radio-Canada

La première ministre de l’Alberta Rachel Notley a présenté ses condoléances par voie de communiqué.

« Tous les Albertains ont le coeur brisé pour les familles de ceux qui ont été tués ou blessés lors de l’attaque insensée de ce soir à Nice et nos pensées sont avec eux.  De la part de tous les Albertains, j’offre mes condoléances aux familles qui ont perdu un être cher ce soir et je souhaite le plein rétablissement de ceux qui ont été blessés », écrit la dirigeante.

« Ça me rappelle de douloureux souvenirs récents, lance Marine, une jeune expatriée française à Vancouver, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. Le bilan n’arrête pas de grimper, ça recommence… »

L’auteur-compositeur-interprète latino-américain Boogat, de passage à Vancouver à l’occasion de la fête de la Bastille, s’est dit extrêmement attristé.

« C’est super triste. C’est encore pire parce que les Français vont maintenant devoir fêter leur fête nationale chaque année en se remémorant cet attentat-là qui est arrivé le même jour », a-t-il affirmé.

Boogat a aussi mis l’accent sur les problèmes de sécurité en France, qui sont difficiles à régler, selon lui.

« On a beaucoup vu dans les journaux que les Français disaient qu’il y avait des graves problèmes de sécurité. C’est la confirmation », a-t-il soutenu.

L’artiste a ajouté que les gens doivent arrêter de penser que ce genre d’acte de violence est relié à Dieu, en indiquant que « personne qui a l’amour de Dieu dans son cœur ne peut vouloir des choses imbéciles comme ça ».

Boogat a indiqué que ses récents voyages lui ont permis de faire une découverte importante : « Plus je voyage, plus je me rends compte que je ne suis pas vraiment Canadien, ou Québécois, ou Mexicain, ou Paraguayen […] je suis humain ».

RCI avec Radio-Canada d’un océan à l’autre

Catégories : International, Société
Mots-clés : , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.