Un de nos internautes voudrait mieux comprendre l’influence qu’a le Canada sur le continent africain grâce à ses efforts publics et privés.
Établissons d’emblée que dans les années 1960 et 1970, le Canada s’était montré très sensible aux problèmes des jeunes États africains nouvellement indépendants.
Rappelons qu’en 1960 par exemple, la République démocratique du Congo venait d’accéder à l’indépendance et sombrait dans le chaos. Or, le Canada, fort de son expérience dans les opérations de maintien de la paix ailleurs dans le monde n’avait pas alors hésité à jouer un rôle déterminant au sein de la mission des Nations Unies au Congo (ONUC) pour y rétablir la paix.
Le Canada a bénéficié depuis de beaucoup de considération en Afrique, comme un pays qui contribuait au maintien de la paix et la sécurité internationale. Mais le Canada brille un peu moins fort aujourd’hui dans l’humanitaire en Afrique.
En fait, ce sont maintenant les entreprises canadiennes, surtout minières et non plus les initiatives humanitaires mises de l’avant par le gouvernement canadien qui ont le plus d’impact sur ce continent.
Ces impacts ne sont malheureusement pas toujours positifs et certaines de nos compagnies minières ont été mises à l’amende pour corruption ou pour dommages à l’environnement ces dernières années.
ÉcoutezVirage mercantile de l’aide canadienne en Afrique
Le virage commercial de l’aide canadienne en Afrique qui a commencé vers l’an 2000, avec la signature d’une série de nouveaux contrats d’exploitation minière par des entreprises canadiennes, a été accentué en 2012 par le gouvernement canadien conservateur de Stephen Harper.
Celui-ci avait alors tracé une nouvelle ligne dans le sable en affirmant qu’il allait dorénavant investir 80 % de ses ressources bilatérales dans seulement 20 pays ciblés. Le gouvernement limitait notamment à 7 le nombre de pays africains qui bénéficieraient dorénavant du soutien financier et de l’assistance technique du Canada.
Puis, en 2013, dans un geste critiqué comme un abandon des principes de l’Agence canadienne de développement international au profit d’intérêts commerciaux, ce gouvernement annonçait que ses diplomates et ambassades allaient dorénavant travailler aux services de l’industrie canadienne.
En 2015, l’élection du nouveau gouvernement libéral de Justin Trudeau avait initialement été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde. Le nouveau premier ministre canadien disait vouloir revenir à des valeurs plus humanitaires au niveau de programmes d’aide internationaux. En 2016, le Canada est en train de dessiner les détails d’un plan de soutien militaire et humanitaire dont les détails devraient être dévoilés sous peu.
Pour le moment cependant, c’est le secteur minier canadien qui continue d’incarner le premier rôle sur la scène africaine.
Déjà en 2012 seulement, la Bourse de Toronto et la Bourse de croissance TSX ont représenté 1,7 milliard de dollars en capitaux amassés pour des projets miniers dans 28 pays du continent africain.
L’Afrique du Sud : un des plus importants partenaires commerciaux du Canada
Sur le continent africain, aux yeux des entreprises canadiennes, l’Afrique du Sud est le meilleur ami du Canada. Les échanges bilatéraux entre les deux pays ont dépassé 1,1 G$ en 2013, avec plus de 468 M$ d’exportations canadiennes et plus de 686 M$ d’importation sud-africaine.
En 2015, le canada et l’Afrique du Sud ont signé un nouvel accord concernant les compagnies minières avec pour objectif d’encourager encore plus d’entreprises canadiennes et sud-africaines à travailler le long de toute la chaîne minière.
Leader mondial de la production minière de platine, un métal précieux stratégique, avec 75 % de la production mondiale, l’Afrique du Sud se classe au deuxième rang pour ce qui est de la production de l’or et posséderait encore plus de 25 % des réserves mondiales. On y retrouve également de l’uranium, du cuivre, du nickel et de la houille.
Découvrez :
Dix ans de déclin à l’étranger de l’empire humanitaire canadien
Après presque dix ans sous un gouvernement conservateur, le Canada n’investit plus maintenant que le tiers des montants d’aides internationales recommandés par l’ONU aux grands pays développés.
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Avec la contribution de Didier Oti de RCI
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