Les nouveaux arrivants pourraient être soumis à un test de valeurs dans un Québec gouverné par la Coalition avenir Québec (CAQ). Le chef du parti, François Legault, a réaffirmé son « malaise » à l’égard du burkini, ce maillot de bain porté par certaines femmes musulmanes et qui couvre la totalité du corps à l’exception du visage, des mains et des pieds.
La Coalition avenir Québec (CAQ), deuxième opposition à l’Assemblée nationale du Québec veut imposer un test de valeurs contraignant aux nouveaux arrivants de la Belle-Province.
En rencontre pré-sessionnelle avec ses députés, le chef caquiste François Legault a déclaré que le test de valeurs dont son parti fait la promotion, comportera des questions sur l’égalité homme-femme qui pourraient conduire au refus de la citoyenneté pour le répondant.
Au préalable, les nouveaux arrivants recevraient une formation sur les valeurs québécoises. Trois à quatre ans plus tard, ils subiraient le test dont certaines questions porteraient sur le burkini. En cas d’échec, ils pourraient être retournés dans leur pays d’origine.
Une interdiction difficile à matérialiser
Dans un point de presse lundi, M. Legault a dit qu’il avait un « malaise » avec le burkini (mot formé de la contraction de burka et bikini). Ce qui fait problème, pour M. Legault, est de savoir si le port du burkini est volontaire ou imposé le mari; il se demande aussi si les personnes concernées croient en l’égalité entre hommes et femmes.
La CAQ s’est d’ailleurs embourbée sur la question du burkini la semaine dernière. La porte-parole caquiste en matière de laïcité, Nathalie Roy, avait affirmé qu’elle était favorable à l’interdiction de ce maillot de bain particulier.
La députée s’était ensuite ravisée en admettant que l’interdiction serait difficile à mettre en oeuvre sur le plan juridique. Néanmoins, le chef de la CAQ veut envoyer un signal aux personnes qui portent des vêtements comme le burkini et la burqa, avec une interdiction des symboles religieux pour les personnes en autorité (juges, policiers, gardiens de prison, enseignants).
Réactions outrées des adversaires de la CAQ
Les déclarations de François Legault onf fait sursauter ses adversaires. Le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, a condamné la position de la CAQ.
« François Legault nous dit qu’il faut nous diviser, a-t-il commenté par voie de communiqué. C’est la politique du rejet, de la peur des autres. Legault veut imposer des tests d’expulsion de la différence. »
Québec solidaire pour sa part estime que la solution de la CAQ en est une d’exclusion et de division. Et la députée Manon Massé n’hésite pas à tracer un parallèle avec les idées du candidat républicain à la présidence des États-Unis, Donald Trump.
« C’est extrêmement inquiétant, a-t-elle déclaré en entrevue téléphonique. On n’a pas besoin d’un Donald Trump en politique québécoise. Cette idée de test de citoyenneté, de test idéologique, M. Trump nous l’a déjà proposée. »
Le Québec peut choisir la majeure partie des candidats à l’immigration sur son territoire en vertu d’une entente avec Ottawa. C’est donc l’État québécois qui attribue un certificat de sélection au demandeur, mais au bout du compte, c’est néanmoins le gouvernement fédéral qui attribue la citoyenneté canadienne.
Sur fond de bataille électorale
Le choix de Saint-Jérôme pour la tenue du caucus caquiste n’est pas anodin. Le siège de la circonscription est vacant depuis la démission en mai de Pierre-Karl Péladeau, l’ancien chef du Parti Québécois, une formation politique indépendantiste et nationaliste.
Une élection complémentaire aura donc lieu dans les prochains mois, mais la date n’a pas encore été annoncée par le premier ministre Philippe Couillard.
La Coalition avenir Québec espère reprendre la circonscription, qui a déjà été détenue par une de ses anciennes vedettes, Jacques Duchesneau, ancien chef de police de la communauté urbaine de Montréal.
En 2014, M. Péladeau avait gagné le scrutin avec 2000 voix de majorité, tandis qu’en 2012, M. Duchesneau avait remporté la circonscription avec près de 900 voix de majorité.
Cette fois, le candidat caquiste est Bruno Laroche, le maire de Saint-Hippolyte, une personnalité connue dans la région.
(Avec La Presse Canadienne)
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