Justin Trudeau ira en visite officielle en Chine à compter de mardi, et pendant toute une semaine, où il participera notamment au sommet des dirigeants du G20, à Hangzhou, les 4 et 5 septembre.
M. Trudeau, qui répond à l’invitation du premier ministre chinois, Li Keqiang, va tenter de retisser des liens plus étroits avec les « dirigeants du gouvernement chinois, le milieu des affaires et le grand public chinois », selon les affirmations du Bureau du premier ministre canadien. M. Trudeau avait déjà signalé son intention peu après son élection, il y a 10 mois, d’approfondir les liens commerciaux avec la Chine, alors que le Canada tente de faire des percées dans les marchés asiatiques en pleine croissance.
L’effort pourrait un jour mener à un accord de libre-échange, un objectif que la Chine a déjà indiqué vouloir poursuivre. Précisons que la Chine est le deuxième partenaire commercial du Canada après les États-Unis, mais que les relations sont distantes et parfois tendues après avoir été négligées sous le précédent gouvernement canadien.
Alors que le premier ministre Justin Trudeau s’envole aujourd’hui lundi pour sa première visite officielle en sol chinois, voici quatre choses à surveiller :
1- Réchauffer les relations.
Lorsque l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper est allé en Chine pour la première fois en 2009, il avait reçu un accueil glacial et avait été sermonné par le premier ministre chinois Wen Jiabao pour n’avoir pas visité la Chine plus tôt. On s’attend à ce que Justin Trudeau reçoive un accueil très différent, car beaucoup se souviennent en Chine que son père avait été un des premiers chefs d’État dans le monde à reconnaître diplomatiquement la République populaire de Chine. Pierre Elliott Trudeau avait ouvert avant les États-Unis une ambassade à Pékin en 1970.
À l’époque, seuls des pays occidentaux comme l’Angleterre, les pays scandinaves, la France et la Suisse sont présents dans la capitale chinoise. L’initiative canadienne avait ensuite été imitée par plusieurs autres pays, ce qui avait permis à la Chine d’entrer aux Nations unies en 1971 .« Le nom Trudeau est presque aussi vénéré que l’ancien médecin canadien Norman Béthune», déclare l’ancien diplomate canadien Colin Robertson.Robertson. Il note que Justin Trudeau et le président chinois Xi Jinping ont aussi quelque chose en commun : ils sont tous deux fils de pères célèbres.
2-Des progrès sur un accord de libre-échange?
Étant le plus grand partenaire commercial du Canada après les États-Unis, la Chine souhaite un accord de libre-échange avec le Canada. Or, le gouvernement conservateur précédent a produit des études sur l’idée qui étaient positives, mais n’a pas réellement fait avancer le dossier.
Les observateurs se demandent si, au cours de cette visite, Justin Trudeau va proposer à ses homologues plus de discussions exploratoires ou seulement plus d’études. Interviewé par CBC, Colin Robertson dit qu’il ne pense pas que le gouvernement Trudeau a encore décidé, et cela pourrait être un problème alors que les fonctionnaires canadiens se préparent à s’asseoir avec les Chinois.
3- Les investissements canadiens dans l’infrastructure asiatique.
Au-delà du libre-échange, la Chine souhaite également que le Canada investisse dans son projet de 100 milliards $ d’expansion d’infrastructures asiatiques. «
Les entreprises canadiennes sont désireuses d’obtenir leur part de contrats et espèrent que Justin Trudeau va envoyer un signal clair au cours de cette visite », déclare l’ancien ministre conservateur Stockwell Day, maintenant vice-président du Conseil commercial Canada-Chine. « Je pense qu’il y a une énorme opportunité pour les entreprises canadiennes; les grandes entreprises, les entreprises de taille moyenne, nous connaissons très bien les questions liées au développement des infrastructures par temps froid et dans des climats extrêmes. Nous avons tellement de choses à offrir » explique Stockwell Day.
4- Droits de l’homme et la sécurité mondiale.
Trudeau a promis d’équilibrer les intérêts économiques du Canada avec les droits de l’homme. Voilà une question difficile en Chine. « Ce que nous voulons faire est de définir une relation très claire et constructive avec la Chine. Oui, qu’on se penche sur les avantages économiques potentiels de meilleures relations commerciales, tout en assurant en même temps que notre voix soit entendue clairement sur les questions de droits de l’homme, du droit des travailleurs, de la démocratie, la gérance environnementale », a déclaré récemment Justin Trudeau.
Il aura l’occasion de soulever la question de l’affaire d’espionnage du Canadien Kevin Garratt lors de sa rencontre avec le premier ministre chinois et le président mercredi à Beijing. Kevin et Julia Aube Garratt ont été arrêtés en août 2014 près de la frontière avec la Corée du Nord. Ils ont été accusés d’avoir volé des secrets militaires chinois. Julia Garratt a été libérée sous caution le 5 février 2015.
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RCI avec les informations de CBC et Yvan Côté de Radio-Canada
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