Le PM Trudeau lors d’un point de presse avec le PM chinois au sujet notamment de la participation du Canada à la banque asiatique d’investissement dans les infrastructures

Le PM Trudeau lors d’un point de presse avec le PM chinois au sujet notamment de la participation du Canada à la banque asiatique d’investissement dans les infrastructures
Photo Credit: Thomas Peter / Reuters

Trudeau suggère à la Chine d’améliorer son image internationale en resserrant ses liens avec le Canada

Justin Trudeau a livré avec sang froid le message à de puissants chefs d’entreprise mardi, à Pékin, très peu de temps après que son avion eut touché le sol. Selon lui, la Chine a besoin d’un peu plus du Canada.

Le premier ministre a donc tenté de vendre aux Chinois l’idée qu’un renforcement des liens avec le Canada apaiserait les inquiétudes internationales au sujet de la croissance étonnante de la superpuissance économique chinoise.

Lorsque le premier ministre canadien évoque les avantages pour la Chine de resserrer ses liens avec le Canada, il est question des liens économiques naturels entre les deux pays. À ce titre, la visite officielle de sept jours de Justin Trudeau en Chine semble avoir déjà atteint, en deux jours seulement, trois des quatre principaux objectifs que le Bureau du premier ministre s’était fixés.

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1- Réchauffer des relations parfois tendues. La Chine a fait une concession importante en ce sens mardi en acceptant de retarder l’implantation d’une mesure qui aurait suspendu dès le 1er septembre toutes les exportations de canola canadien en Chine en raison de la présence de certaines impuretés relativement inoffensives. Les deux pays conviennent de poursuivre les discussions. Cela aurait représenté une perte potentielle de 2 milliards de dollars pour les agriculteurs du Canada.

2- Des progrès sur un accord de libre-échange. Le Canada s’est montré sensible ces dernières heures au désir de la Chine d’implanter de meilleures relations économiques sous la forme d’un traité de libre-échange sino-canadien. L’affaire est politiquement délicate sur le plan intérieur, mais Justin Trudeau accepterait tout de même l’idée qu’un comité Canada-Chine examine la pertinence d’un tel accord.

3- Investissements canadiens dans les projets d’infrastructures asiatiques. Au-delà du libre-échange, la Chine souhaitait également que le Canada investisse dans son projet de 100 milliards de dollars d’expansion d’infrastructures en Asie. Un premier pas dans cette direction a été franchi hier. Justin Trudeau a officiellement présenté la candidature du Canada pour qu’il se joigne à une controversée nouvelle banque chinoise consacrée au financement des infrastructures, une initiative lancée par le géant asiatique dans l’espoir de rehausser sa crédibilité économique dans le monde. Le Canada se joint aux 57 autres pays, dont l’Australie, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et la Corée du Sud, qui ont fait la même chose l’an dernier. Boudée par les Américains, cette banque qui vient étendre encore plus l’influence économique de la Chine a déjà investi plus de 500 millions de dollars américains au Bangladesh, en Indonésie, au Pakistan et au Tadjikistan.

4- Et les droits de la personne? Le seul point où il semble plus difficile de mesurer les percées ou avancées canadiennes en Chine porte sur le vieux problème des droits de la personne. Plusieurs analystes estiment qu’il n’y a jamais eu autant de répression dans le pays depuis l’ère de Mao.

Des centaines d’avocats et d’activistes qui défendent les droits de la personne et des éditeurs de Hong Kong ont notamment été arrêtés. Parmi les prisonniers figurent aussi des Tibétains, Hongkongais, Mongols, blogueurs et journalistes de toutes les nations. La situation se serait d’autant plus dégradée depuis que le gouvernement chinois s’est donné, en avril dernier, les outils légaux pour pouvoir expulser les organisations non gouvernementales étrangères qu’il juge menaçantes pour la sécurité de la nation.

La Coalition pour les droits de la personne en Chine sommait mardi le premier ministre canadien de profiter de sa visite pour aborder le respect des droits de la personne qui, selon l’organisation, se sont gravement détériorés ces dernières années sous la présidence de Xi Jinping.La directrice de l’organisation Canada-Hong Kong Link a appelé pour sa part le premier ministre canadien à s’assurer que la liberté d’expression est respectée et la discrimination ethnique enrayée.

Le secrétaire-général d’Amnistie Internationale au Canada, Alex Neve
Le secrétaire-général d’Amnistie Internationale au Canada, Alex Neve © PC/Sean Kilpatrick

Le secrétaire général d’Amnistie internationale Canada, Alex Neve, dont l’organisation fait partie de la coalition pour les droits de la personne en Chine, demande qu’une stratégie canadienne claire et ferme dans ce dossier soit établie « pour une première fois » par le gouvernement canadien. Selon lui, « la libération de prisonniers, la torture, les droits humains ont tendance à s’effacer des discussions qui portent davantage sur les investissements et les politiques de libre-échange ».

© CBC

Justin Trudeau a promis récemment d’équilibrer les intérêts économiques du Canada avec les droits de l’homme. « Ce que nous voulons faire est de définir une relation très claire et constructive avec la Chine. Oui, qu’on se penche sur les avantages économiques potentiels de meilleures relations commerciales, tout en assurant en même temps que notre voix est entendue clairement sur les questions de droits de l’homme, du droit des travailleurs, de la démocratie, la gérance environnementale ».

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Lorsque le premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau est arrivé au pouvoir en 1968, une de ses priorités a été de réorienter la politique extérieure canadienne pour que le Canada soit moins perçu comme étant le «boy-scout international » et que la priorité dans nos relations internationales soit accordée aux intérêts économiques, politiques et sociaux du Canada.
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Le premier ministre canadien Pierre Trudeau, à droite, dans le cadre d’une visite officielle en Chine en 1973.
Le premier ministre canadien Pierre Trudeau, à droite, dans le cadre d’une visite officielle en Chine en 1973. © Archives CBC

Avec les informations de la Presse canadienne, de CBC News et Radio-Canada ainsi que la contribution de Marie Villeneuve, Marjorie April, Jacques Dufresne et Jacques Beaupré de Radio-Canada

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Catégories : Économie, Environnement et vie animale, International, Politique
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