Des Gabonais manifestent devant l’ambassade du Gabon à Ottawa.

De nombreux Gabonais ont exprimé leur mécontentement devant leur ambassade à Ottawa.
Photo Credit: Radio-Canada / Jérémie Bergeron

Crise électorale au Gabon: l’implication d’Ottawa et Québec instamment réclamée

Des Gabonais du Canada manifestent à Ottawa pour dénoncer le processus et l’issue de l’élection présidentielle du 27 août. Ils veulent que tous les bulletins de vote soient recomptés.

Après avoir manifesté dans diverses villes comme Montréal  et Sherbrooke, des Gabonais du Canada se sont donné rendez-vous lundi Ottawa pour dénoncer la victoire « frauduleuse » d’Ali Bongo pour un second mandat à la tête du pays. Ils demandent aux gouvernements du Canada et du Québec de faire pression sur les autorités gabonaises pour que celles-ci appliquent les règles élémentaires de la démocratie, et que M. Bongo reconnaisse sa défaite.

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Reine-Kizy Louma, une Montréalaise d’origine gabonaise, comme bien d’autres compatriotes, appelle à un recomptage des bulletins de vote

La manifestation d’Ottawa coïncide avec l’appel du chef de l’opposition Jean Ping qui a demandé à ses concitoyer de protester contre la réélection du président Ali Bongo qu’il estime frauduleuse. Dans un communiqué, M. Ping affirme que le combat n’est pas terminé. Il demande cependant à ses compatriotes de ne pas faire usage de la violence. Il recommande plutôt de bloquer l’économie du pays.

La montréalaise Reine-Kizy Louma fait partie des manifestants. Elle explique l’objectif de cette protestation dans la capitale canadienne.

Écoutez
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L’annL’anonce des résultats du scrutin présidentiel du 27 août 4 jours après le vote, a donné lieu à des violences meurtrières accompagnées de pillages massifs au Gabon © Marco Longari/AFP/Getty Images

Que va faire Jean Ping?

L’annonce des résultats du scrutin présidentiel du 27 août, 4 jours après le vote, a donné lieu à des violences meurtrières accompagnées de pillages massifs

Cela dit, ce lundi, le centre de la capitale Libreville a retrouvé son animation habituelle, malgré un appel lancé la veille au soir par l’opposition aux Gabonais à rester chez eux « pour des raisons de sécurité ».

Mais les habitants doutent que la crise post-électorale soit achevée. L’opposant Jean Ping, qui se déclare « président élu », a demandé lundi aux Gabonais de « résister par le blocage économique du pays » en lançant un appel à une « grève générale » pour « faire tomber le tyran », dans une déclaration sur sa page Facebook. Celle-ci n’est toutefois pas accessible au Gabon en raison de la coupure des réseaux sociaux.

Une question commence à se poser: M. Ping, va-t-il déposer un recours devant la Cour constitutionnelle d’ici jeudi, la date limite ? Plusieurs dizaines de gens se sont par ailleurs regroupés lundi à la mi-journée devant le palais de justice de Libreville dans l’espoir d’obtenir des nouvelles d’un proche introuvable depuis le début des violences, alors que le parquet doit entendre des centaines de personnes arrêtées lors des troubles de la semaine dernière.

Jean Ping conteste la réélection d’Ali Bongo à la présidence gabonaise.
Jean Ping conteste la réélection d’Ali Bongo à la présidence gabonaise.et appelle ses compatriotes à bloquer l’économie du pays © Noor Khamis / Reuters

Timide reprise

Signe de détente, Internet a été partiellement rétabli lundi après une coupure totale de cinq jours. Aucune explication officielle n’a été fournie sur les raisons de cette coupure. Les banques, fermées depuis bientôt une semaine, ont rouvert. Les taxis collectifs circulaient de nouveau. Les commerces ont également rouvert, souvent avec des rayons dégarnis. Le secteur de la distribution a été frappé de plein fouet par la paralysie des transports provoquée par les troubles.

Dans la capitale pétrolière, Port-Gentil, seule la moitié des salariés au siège de Total ont repris le travail lundi, selon une source au sein de la direction. « Les activités de raffinage sont à l’arrêt », a déclaré de son côté à l’AFP un agent de la Société gabonaise de raffinage (Sogara).

Petit pétrolier d’Afrique centrale d’environ 1,8 million d’habitants, le Gabon importe 80% de sa nourriture, notamment du Cameroun voisin. Or, le trafic en provenance du Cameroun reste interrompu, les transporteurs redoutant les pilleurs.

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Des Gabonais prédisent une recrudescence des manifestations en cas de validation de la victoire d’Ali Bongo par la Cour constitutionnelle © Marco Longari/AFP/Getty Images

Le calme avant la tempête?

Après l’explosion de violence mercredi à la proclamation des résultats officiels provisoires, les Gabonais qui le peuvent veulent reconstituer un stock de nourriture avant la prochaine étape du processus électoral: la proclamation par la Cour constitutionnelle des résultats définitifs du scrutin à un tour du 27 août.

« Ca va chauffer grave », pronostique André, exprimant une opinion largement répandue.

Dénonçant des fraudes massives, le camp de M. Ping réclame un recomptage des voix bureau de vote par bureau, particulièrement dans la province du Haut-Ogooué – fief de la famille Bongo – où la participation officielle a dépassé 99% avec plus de 95% des suffrages pour le président sortant.

Selon les résultats officiels provisoires, M. Bongo a recueilli 5.594 voix de plus que M. Ping, un ancien cacique du régime d’Omar Bongo, qui a dirigé le Gabon pendant 41 ans, jusque sa mort en 2009. L’élection de son fils Ali avait alors déjà été violemment contestée.

Le pouvoir refuse tout recomptage général des voix arguant que la loi électorale ne le prévoit pas et invite l’opposition à se tourner vers la Cour constitutionnelle. De source diplomatique, le délai court jusqu’à jeudi 16h00. L’annonce officielle de M. Ping sur ce point est toujours attendue. Mais une partie de se partisans rejette cette option, jugeant la Cour totalement inféodée à la présidence.

Les diplomates à Libreville encouragent M. Ping à déposer son recours, au moins pour laisser quelques jours de plus aux tractations souterraines en cours entre les protagonistes dont l’objectif est d’éviter que le Gabon ne sombre dans le chaos.

(Avec l’AFP)

Le président gabonais Ali Bongo
Le président gabonais Ali Bongo refuse de céder aux pressions de ses adversaires © Thomas Mukoya / Reuters

Quelques dates clés de l’histoire contemporaine du Gabon

17 août 1960: Membre de la fédération de l’Afrique-Équatoriale française (AÉF) de 1910 à 1958, le Gabon proclame son indépendance le 17 août 1960.

2 décembre 1967 : Accession du vice-président Albert-Bernard Bongo à la présidence du Gabon, après le décès du président Gabriel Léon M’Ba le 28 novembre 1967 à Paris.

22 mai 1990: Adoption du multipartisme au Gabon. Face aux pressions populaires, le président Bongo adopte des mesures démocratiques, notamment le multipartisme qui met un terme au monopole détenu par le Parti démocratique gabonais (PDG) depuis les années 1960.

7 juin 2009: Décès du président gabonais Omar Bongo à l’âge de 73 ans à Barcelone, où il était hospitalisé. La présidente du Sénat, Rose Francine Rogombé assure l’intérim

30 août 2009: Victoire d’Ali Bongo Ondimba à l’élection présidentielle face à Pierre Mamboundou

27 août 2016: Scrutin présidentiel qui se solde par la réélection contestée d’Ali Bongo Ondimba face à Jean Ping

Catégories : International, Politique, Société
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