Le fentanyl. C’est la drogue la plus dangereuse que le Canada ait eu à combattre. Les autorités de la santé multiplient les alertes au pays et les gouvernements additionnent les initiatives pour faire lâcher prise à cet opioïde qui s’agrippe à des milliers de victimes.
Une personne meurt en moyenne tous les trois jours au Canada en raison d’une surdose causée par le fentanyl, indique une étude du Centre canadien de lutte contre les toxicomanies (CCLT).
Cette crise a pris des apparences dramatiques en Colombie-Britannique, où le coroner a recensé 433 décès apparemment liés à une surdose de drogue illicite entre le 1er janvier et le 31 juillet. Plus de 62 % de ces décès sont liés au fentanyl.
Parmi les initiatives pour lutter contre la « crise nationale des opioïdes » et dont on mesure encore mal les effets, il y a la décision toute récente du ministère canadien de la Santé de restreindre l’accès à six produits chimiques utilisés dans la production du fentanyl et dont plusieurs proviendraient des marchés noirs d’exportation notamment chinois.
Alors que le Canada se prépare à la tenue cet automne d’un sommet national sur cette crise du fentanyl, les projecteurs sont braqués sur le Manitoba et l’Ontario, qui ont élaboré deux projets pilotes bien différents qui connaissent beaucoup de succès. Les deux prévoient la participation des pharmaciens et dans le cas de l’initiative ontarienne qui ne coûte pas un sou, on a fait chuter le nombre de décès à zéro. Une solution 100 % efficace que pourraient adopter les deux autres provinces les plus populeuses au pays que sont la Colombie-Britannique et le Québec.
Le Québec n’est plus à l’abri
Il y a deux ans, l’épicentre de la crise des opioïdes semblait se situer surtout dans l’ouest du pays, où l’on rapportait le plus grand nombre de décès. Mais la crise se transporte maintenant vers l’est. Plus tôt ce printemps, le Service de police de la ville de Québec a réalisé une saisie « historique » de plus de 76 000 comprimés de fentanyl.
À Montréal, l’Association québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues tenait, il y a deux semaines, un rassemblement de sensibilisation.
Selon l’association, le taux de mortalité lié aux surdoses a doublé au Québec entre 2000 et 2009. Entre 2000 et 2012, on aurait enregistré 1775 décès liés aux surdoses, estime-t-on.
Or, la situation aurait empiré depuis, « avec la hausse de la consommation d’opioïdes, dont l’héroïne, mais aussi des médicaments et des substances synthétiques telles que le fentanyl », déplore l’association québécoise.
La situation sur la côte ouest du Canada demeure critique
À Vancouver, 86 % des drogues testées récemment par un organisme d’intervention contenaient du fentanyl.
La présence de cette drogue est préoccupante en raison de sa puissance. L’opioïde est 40 fois plus fort que l’héroïne et coûte une dizaine de fois moins cher que l’héroïne. Cette drogue synthétique est donc rapidement devenue la drogue de remplacement de choix.
Le fentanyl est cependant plus dangereux encore que l’héroïne, car il est aussi de 50 à 100 fois plus toxique que la morphine et il peut provoquer une dépression respiratoire pouvant causer la mort. Le fentanyl s’attaque au système nerveux. Parfois, le corps en « oublie » de respirer.
Avec la contribution de Doris Labrie, Christian Noël, Caroline Morneau et Geneviève Murchison de Radio-Canada
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