Quelque 163 000 enfants des réserves autochtones ne bénéficient pas des services auxquels ils ont droit. Ottawa est sommé de corriger cette discrimination
En janvier, le Tribunal canadien des droits de la personne avait déclaré le gouvernement fédéral coupable de discrimination envers les enfants autochtones en raison du financement inéquitable et insuffisant des services à l’enfance offerts dans les réserves.
Le tribunal avait aussi demandé à Ottawa d’appliquer le principe de Jordan, une politique visant à assurer que les enfants des Premières Nations ne fassent pas les frais des disputes bureaucratiques concernant le financement des services, tant dans les réserves qu’à l’extérieur de ces dernières.
Dans son plus récent jugement, le TCDP demande notamment au ministère des Affaires autochtones de fournir des renseignements clairs sur la manière dont il compte mettre en oeuvre ces recommandations.
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Inaction du gouvernement Trudeau
e sont discriminés par le gouvernement Trudeau relativement à la prestation des services à l’enfance dans les réserves autochtones du pays, a déclaré
La militante Cindy Blackstock qui dirige la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada, a profité du second jugement du TCDP pour enfoncer le clou : les enfants des réserves autochtones du pays sont discriminés par le gouvernement Trudeau relativement à la prestation des services à l’enfance
Les Canadiens, insiste Mme Blackstock, doivent savoir que le gouvernement Trudeau n’a pas encore obtempéré à la décision du tribunal.
« Par ses actions, le gouvernement du Canada indique qu’il est au-dessus de la loi et que, malheureusement, les enfants des Premières Nations ne sont pas protégés par la loi, a soutenu Cindy Blackstock. Et cela ne devrait plus être permis dans ce pays, surtout après les pensionnats.»
Rappelons que les pensionnats autochtones ou écoles résidentielles, mis en place par le gouvernement fédéral et l’Église, avaient pour mission d’évangéliser et d’assimiler les populations amérindiennes. Les conditions de vie y étaient très rudes et plusieurs pensionnaires en conservent encore d’importantes séquelles. La séparation des enfants de leur famille, permettait de facto, de « tuer l’indien dans l’enfant ». Pour plusieurs, il s’est agi d’un génocide culturel.
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Grand faussé entre promesses et actes
La Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada a passé près d’une décennie à se battre contre le gouvernement fédéral concernant les services à l’enfance dans les réserves aux côtés de l’Assemblée des Premières Nations.
Cindy Blackstock a cité l’exemple d’une fillette albertaine qui avait besoin de soins dentaires afin de pouvoir parler et manger sans douleur. Le fédéral a dépensé 32 000 $ en frais juridiques pour défendre sa décision de ne pas régler la facture alors que le traitement requis coûte 8000 $.
« Nous avons besoin d’un gouvernement qui ne fait pas que parler, mais qui agit pour éliminer cette discrimination parce qu’il y a des enfants qui vivent présentement dans des conditions très difficiles, a-t-elle affirmé. Nous sommes en train de perdre une autre génération d’enfants des Premières Nations en raison de politiques fédérales déplorables et cela doit cesser .»

Dans un communiqué publié jeudi, la ministre des Affaires autochtones, Carolyn Bennett a dit que le gouvernement étudie actuellement la plus récente ordonnance exécutoire du TCDP et déterminera les mesures appropriées à adopter.
« Nous savons que le système de services à l’enfance dans les réserves doit être révisé et c’est pour cette raison que nous avons entamé des discussions avec les jeunes et les leaders des Premières Nations, les fournisseurs de services, les provinces et le Yukon », a précisé Mme Bennett.
Mme Bennett assure que le gouvernement s’est engagé à changer le statu quo et qu’il prend les mesures nécessaires afin d’assurer qu’il fait la bonne chose pour les enfants et les familles des Premières Nations dans les réserves.
(Avec La Presse Canadienne)
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