Le député européen José Bové. « C'est quand même un comble que ce soit les parlementaires européens, qui auront à se prononcer directement sur ce traité, qui sont persona non grata, interdits de séjour au Canada. » Photo Credit: Radio-Canada
José Bové, député écologiste au Parlement européen, évite de justesse l’expulsion du Canada
Menacé d’expulsion du pays mercredi, le député écologiste au Parlement européen José Bové disait y voir une manœuvre « inacceptable et scandaleuse »
Le militant français de 63 ans est atterri à Montréal vers 16 h mardi à l’invitation, entre autres, du Conseil des Canadiens, de l’Union nationale des fermiers, de l’Union paysanne et du Réseau québécois sur l’intégration continentale. Tous ces groupes s’opposent à la signature imminente de l’accord de libre-échange Canada-Europe.
José Bové révèle qu’il se trouvait à sa descente d’avion en compagnie de son attaché de presse Jean-Marc Desfilhes lorsqu’il a été intercepté par deux agents des services frontaliers. José Bové avait pourtant un visa en règle, tout comme son attaché de presse qui lui a traversé les douanes canadiennes sans problème avec en main le même type de document.
Lors d’un revirement de dernière minute, l’expulsion prévue pour mercredi après-midi a été annulée. Le gouvernement canadien a décidé de révoquer l’avis d’expulsion qui visait José Bové.
« Je viens d’avoir le responsable du service des douanes », a expliqué José Bové aux journalistes qui l’entouraient tôt cet après-midi à son hôtel. « Il m’a dit : « dans votre affaire, il y a eu un revirement de situation », c’est exactement le terme qu’il a employé ».
Après plus de quatre heures d’attente aux douanes, José Bové avait été autorisé mardi à se rendre à son hôtel pour y passer la nuit.
Dans une entrevue accordée tôt ce matin au réseau RDI de Radio-Canada, José Bové était d’avis que son opposition à l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, sur lequel doit se prononcer le Parlement européen ces prochaines heures, était la réelle motivation des autorités canadiennes pour l’expulser du pays.
Il indiquait qu’on lui avait reproché hier des actes de désobéissance civile, des actions qui remontent à 17 ans. Or il précise être revenu au Canada à trois reprises depuis sans jamais avoir été inquiété.
Alors qu’il était chef syndical dans le secteur agricole en 1999, il avait participé à un coup d’éclat contre la chaîne de restauration américaine McDonald’s en contribuant à la démolition d’un restaurant pour protester contre le libre-marché en agriculture.
Le saviez-vous? – Ce soir José Bové doit participer en principe à une discussion publique à Montréal pour dénoncer l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Europe qui doit être signé le 27 octobre prochain à Bruxelles. – Selon le député écologiste du Parlement européen, l’accord menace le tissu social des populations et la survie des PME des deux zones touchées. – De dire le député : « Il faut être cohérent : est-ce qu’on va menacer, pour l’intérêt de quelques multinationales, ce qui fait le tissu social et la vie quotidienne de chacun? » – Selon M. Bové si cet accord est signé 23 000 emplois pourraient disparaître au Canada. Des chiffres qu’il affirme tirer de discussions qu’il a eues avec la Commission européenne et des entrepreneurs.
Les démarches diplomatiques se suivent et se multiplient
Aujourd’hui mercredi, un compatriote de haut rang de José Bové, le premier ministre français Manuel Valls, est de passage au pays pour faire la promotion du projet d’Accord économique et commercial global (AECG) que le gouvernement canadien de Justin Trudeau entend signer dans 15 jours en Belgique.
De dire José Bové lors de son entrevue télévisée ce matin au réseau RDI de Radio-Canada : « C’est incroyable, ceux qui défendent l’accord peuvent circuler comme ils veulent – je pense que le patron de Monsanto pourrait très facilement venir ici pareil – mais par contre ceux qui s’y opposent sont traités de dangereux criminels, sont enfermés, on les empêche de circuler, on leur prend leur passeport ».
Rappelons que les actes de désobéissance civile de José Bové l’ont conduit deux fois en prison au début des années 2000.
L’Accord économique et commercial global (AECG) en bref :
Objectif : réduire les barrières au commerce, notamment en éliminant les droits de douane et en harmonisant la réglementation et les normes.
L’accord couvre pratiquement tous les secteurs d’activité, autant les biens et les services que l’investissement.
Le système de gestion de l’offre (les quotas de production) dans le domaine agricole est protégé.
La reconnaissance des titres professionnels sera simplifiée et les employés qualifiés devraient plus facilement pouvoir travailler temporairement d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique.
RCI avec La Presse canadienne, les informations de Pascal Robidas et la contribution de Rudy Desjardins et de Radio-Canada
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.