L’explorateur et alpiniste néo-zélandais Edmund Hillary et son indispensable sherpa Tenzing Norgay ont été les premiers à se rendre au somment de l’Everest le 29 mai 1953.
À son retour, un reporter lui a demandé pourquoi il avait tenté pareille aventure.
Edmund Hillary aurait répondu « ce n’est pas une montagne que l’on vainc quand on arrive à son sommet, c’est soi-même. »
Les humains sont comme ça. Ils se lancent des défis. Toutes les grandes aventures ont cela en commun, de la première fois où l’on prend un train tout seul à sept ou huit ans à l’embarquement à bord d’un vaisseau spatial.
Voici une de ces histoires.
Il y a 60 ans, trois hommes, Français d’origine, se sont embarqués sur un radeau sommaire pour traverser l’Atlantique.
Ce voyage a été surnommé le voyage du « Kon-Tiki de l’Atlantique. »
Aujourd’hui, une plaque commémorative souligne cette histoire au quai King à Dartmouth.

Henri Beaudout, cette semaine à Halifax
Une idée, comme ça
L’aventure prend naissance dans l’esprit d’un jeune immigrant français. Henri Beaudout a immigré au Canada après la Seconde Guerre mondiale.
Il avait évidemment entendu parler du célèbre voyage de 1947 de l’anthropologue, archéologue et navigateur norvégien Thor Heyerdahl qui avait traversé le Pacifique à bord d’un radeau de fortune, le Kon-Tiki (nom du dieu du soleil chez les Incas).
Le Kon-Tiki d’Heyerdahl a été construit sur le modèle des embarcations traditionnelles précolombiennes d’Amérique du Sud, en rondin de balsa. Il n’y avait ni clou ni rivet, que des cordes.
Les hommes de la traversée se sont nourris du fruit de leur pêche et de récupération d’eau de pluie.
Pourquoi une telle aventure?
C’était en fait une expédition scientifique. Thor Heyerdahl voulait démontrer que sa théorie du peuplement partiel des îles du Pacifique par des populations venues d’Amérique du Sud était solide. À l’époque, cette traversée était jugée impossible. Il a prouvé que ce l’était
Et le Kon-Tiki de l’Atlantique?
Alors là, c’est beaucoup plus terre à terre … En fait, terre à eau.
Henri Beaudout s’est demandé si une telle traversée de l’Atlantique était possible. Il n’y avait ici aucune expérience scientifique, aucune théorie à prouver.
Il y avait là, droit devant, un océan et, une idée folle dans la tête d’un jeune immigrant d’après-guerre.
Beaudout passe des mois à étudier les courants marins, la hauteur des vagues et autres réalités de cet océan. Il est persuadé que c’est faisable en partant du port de Halifax.
En 1956, il convainc trois de ses amis français de tenter l’aventure.
Ils arrivent à Halifax avec comme projet de construire leur radeau avec des poteaux de téléphone. Mais il y a un hic. C’est du cèdre blanc, il leur fallait du cèdre rouge.
Qu’à cela ne tienne, on l’importe.
Après quelques mois, le radeau est construit et la cahutte qui le coiffe.
Et c’est le départ
Malgré une série de recommandations, prières et exhortations à ne pas tenter l’aventure, même de la Garde côtière canadienne, les joyeux naufragés potentiels quittent Halifax en mai 1956.
Se nourrir de requins

(Nautisme Québec)
Le radeau s’appelait « L’Égaré II », un nom à propos tant en raison du type d’embarcation que de la condition d’Henri Beaudout. Le jeune homme d’alors souffrait du syndrome de stress post-traumatique à cause de la guerre. Selon lui, ce voyage était une mission. Une mission d’aventure, une mission vers la guérison.
Des chats baromètres
Les aventuriers ont amené deux chats avec eux à bord. Ils croyaient qu’en observant leurs réactions, ils pourraient se préparer à l’arrivée de tempêtes.
Arrivés aux Grands Bancs de Terre-Neuve, un des membres d’équipage a dû être ramené à terre pour cause de maladie.
Après 88 jours sur l’eau, ils accostent à Falmouth en Grande-Bretagne, heureux, mais sans aucune envie de retenter le coup.

Un modèle réduit de l’Égaré II (Rsdio-Canada)
Des retrouvailles
Certaines des personnes qui ont secouru le marin malade sur les Grands Bancs de Terre-Neuve il y a 60 ans ont revu Henri Beaudout cette semaine lors de la cérémonie d’inauguration de la plaque.
Henri Beaudout est le seul survivant de l’aventure rocambolesque du Kon-Tiki de l’Atlantique de 1956.
Quant aux deux chats, ils ont été adoptés par la famille royale et ont vécu une vie … de pacha.
Reportage de 1956 à l’arrivée de L’Égaré II en Grande-Bretagne
RCI, CBC, C’est la vie, Youtube, Paris Match
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