Coup de pouce d'Ottawa aux fermes laitières nationales qui doivent affronter la concurrence européenne.

Coup de pouce d'Ottawa aux fermes laitières nationales qui doivent affronter la concurrence européenne.
Photo Credit: ICI Radio-Canada

Concurrence de fromages européens : Ottawa chiffre son aide à l’industrie laitière

Les opérateurs du secteur laitier au Canada redoutent les effets de l’arrivée massive des produits laitiers qui vont provenir de l’Union européenne, sur la production et la distribution locales. Le gouvernement fédéral qui a décidé de les soutenir, a annoncé un double financement d’un montant total de 350 millions de dollars, ce que les intéressés saluent, mais jugent insuffisant.

Selon les termes de l’accord économique et commercial global avec l’Europe l’AECG, près de 18 000 tonnes de fromage supplémentaires vont atterrir sur le marché canadien tous les ans. Le fromage fin va représenter à lui seul, environ 16 000 tonnes.

C’est une situation qui est loin de rassurer les producteurs locaux qui se verront ainsi submergés  et qui risquent de subir les contrecoups de cet accord.

Le gouvernement fédéral qui a tenu à rassurer les fermes laitières entend mettre à leur disposition, sur une période de 5 ans, la somme de 250 millions de dollars.

Les fermes pourront s’en servir pour se moderniser et accroître du même coup leurs capacités de production.

Ces dernières bénéficieront ensuite sur 4 ans, d’une enveloppe de 100 millions de dollars pour mieux transformer leurs produits.

L’AECG est un accord de libre-échange progressiste qui couvre pratiquement tous les secteurs et facettes de la relation commerciale Canada-UE dans le but d’éliminer ou de réduire les obstacles au commerce. Par exemple, avant l’entrée en vigueur de l’AECG, seulement 25 % des lignes tarifaires de l’UE sur les produits canadiens étaient en franchise de droits. Une fois l’AECG en vigueur, l’UE va supprimer les droits de douane sur 98 % de ses lignes tarifaires. Lorsque l’accord sera pleinement mis en œuvre, l’UE aura éliminé les droits de douane sur 99 % de ses lignes tarifaires.

Le fromage canadien va t-il survivre à la concurrence européenne?
Le fromage canadien va t-il survivre à la concurrence européenne? © Radio-Canada/Daniel Thibeault

Un accord commercial dit « progressiste » que les fermiers appréhendent

Alors qu’Ottawa entend ainsi permettre aux fermes nationales de bien se préparer pour mieux affronter la concurrence qui s’annonce rude avec les producteurs européens, les fermiers canadiens ont estimé que le gouvernement fédéral devrait en faire davantage pour qu’ils se sentent véritablement à l’abri des conséquences de l’accord avec l’Union européenne.

 L’AECG entraînera l’expropriation de jusqu’à 2 % de la production laitière canadienne. […] C’est l’équivalent de la production laitière annuelle totale de la Nouvelle-Écosse, ce qui coûtera aux producteurs laitiers canadiens jusqu’à 116 millions de dollars par année en pertes de revenus perpétuelles 

– Wally Smith, président du regroupement des Producteurs laitiers du Canada

Même s’ils estiment que le gouvernement fédéral ne va pas assez loin dans ses mesures pour protéger les producteurs locaux, les producteurs laitiers du Canada saluent malgré tout les efforts déployés pour soutenir la gestion de l’offre ainsi que la croissance du secteur laitier national.

Près de 94 % des droits imposés par L’Union européenne sur les produits agricoles et les produits agroalimentaires seront supprimés à l’entrée en vigueur de l’AECG
Près de 94 % des droits imposés par L’Union européenne sur les produits agricoles et les produits agroalimentaires seront supprimés à l’entrée en vigueur de l’AECG © Radio-Canada

Que gagneront les fermiers canadiens de l’accord avec L’Union européenne?

Les attentes sont élevées et le gouvernement assure que cet accord donnera aux fermiers nationaux une « avance sur leurs compétiteurs ».

En plus d’éliminer les droits d’accès et autres obstacles tarifaires, à son entrée en vigueur, l’accord permettra aux fermiers canadiens d’accéder à un marché européen riche de plus de 500 millions de consommateurs.

La ministre fédérale du Commerce international, Chrystia Freeland
La ministre fédérale du Commerce international, Chrystia Freeland © PC/Adrian Wyld

Cet accord pourra même servir de tremplin vers d’autres marchés, comme l’ a soutenu la ministre du Commerce international,  Chrystia Freeland,  qui a précisé  que les producteurs et transformateurs nationaux pourront « tirer parti des nouveaux débouchés commerciaux créés par l’AECG et les autres accords de libre-échange».

L’accord ouvre certes la voie à un marché vaste et diversifié pour l’ensemble du secteur agroalimentaire canadien comme pour bien d’autres filières, mais les producteurs, notamment ceux du Québec,  redoutent des pertes annuelles permanentes pouvant s’élever à près de 300 millions de dollars pour l’industrie laitière et fromagère à l’échelle du canada, soit à peu près le montant de la compensation qu’Ottawa s’engage à verser aux fermiers à l’entrée en vigueur de cet accord.

Le gouvernement fédéral souhaite malgré ces inquiétudes, l’entrée en vigueur de l’accord dès l’année prochaine.

RCI avec Radio-Canada, La Presse canadienne et le Gouvernement du Canada

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