Dans une vidéo publiée lundi, le président désigné des États-Unis, Donald Trump, annonçait une série de mesures qu’il entend mettre en oeuvre par décrets présidentiels dès son assermentation, le 20 janvier, pour respecter l’esprit de son slogan électoral « l’Amérique d’abord ». Parmi celles-ci : le retrait du pays du Partenariat transpacifique (PTP).

Dans une vidéo publiée lundi, le président désigné des États-Unis, Donald Trump, annonçait une série de mesures qu’il entend mettre en oeuvre par décrets présidentiels dès son assermentation, le 20 janvier, pour respecter l’esprit de son slogan électoral « l’Amérique d’abord ». Parmi celles-ci : le retrait du pays du Partenariat transpacifique (PTP).
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Partenariat transpacifique : le pari risqué du Canada qui fait fi de l’avertissement de Trump

La ministre du Commerce international, Chrystia Freeland, a déclaré mardi que le Canada continuerait les négociations pour la ratification du PTP malgré l’annonce du retrait des États-Unis lundi par Donald Trump.

L’entente doit être ratifiée par six pays représentant 85 % de l’économie du PTP. Ainsi, elle ne peut entrer en vigueur sans l’aval du Japon et des États-Unis.

Chrystia Freeland en compagnie de Justin Trudeau.
Chrystia Freeland en compagnie de Justin Trudeau. © (Adrian Wyld / Prensa Canadiense)

Le gouvernement libéral dit qu’il va poursuivre malgré tout ses consultations sur l’entente commerciale. « Je pense que c’est important pour le Canada d’avoir une position indépendante sur tous les enjeux, incluant le PTP. Nous avons notre processus, et nous allons continuer avec notre processus indépendant », a déclaré la ministre Freeland à la sortie de la rencontre hebdomadaire du cabinet.

Le gouvernement continuera de consacrer argent et énergie à consulter même si, en l’absence d’une ratification des États-Unis, le Partenariat transpacifique ne pourra aller de l’avant, selon ce qu’a elle-même rappelé la ministre. « Il est bien connu […] que l’Accord du PTP est structuré de manière à ce qu’il puisse entrer en vigueur seulement après la ratification des États-Unis. Même si les 11 autres pays qui ont signé l’accord le ratifient, il ne peut pas entrer en vigueur », a-t-elle dit.

Le saviez-vous
Cette gigantesque entente commerciale a été conclue en 2015 par l’ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Le PTP a ensuite été signé par la ministre Freeland en février 2016 à Auckland, en Nouvelle-Zélande, ce qui a été présenté comme une étape technique n’empêchant pas la tenue de consultations auprès des Canadiens.
L’entente commerciale mènerait à la création de la plus grande zone de libre-échange au monde entre 12 nations représentant 40 % du PIB mondial et 800 millions de personnes. En plus du Canada et des États-Unis, le traité réunit l’Australie, Brunei, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam.

Un producteur laitier marche avec sa vache durant les manifestations contre le PTP à Ottawa, le 29 septembre 2015
Un producteur laitier marche avec sa vache durant les manifestations contre le PTP à Ottawa, le 29 septembre 2015 © Chris Wattie

Le Canada comprend-il la stratégie du président désigné Donald Trump?

« C’est un moment très déroutant », dit l’économiste canadien Robert Wolfe, dont le nouveau livre, Redessiner les politiques commerciales canadiennes pour de nouvelles réalités mondiales, pourrait déjà avoir besoin de quelques chapitres supplémentaires.

Wolfe affirme qu’il y a certains bénéfices que le Canada aimerait retirer du TPP, mais la perte de l’entente sera surtout « une catastrophe » pour les États-Unis. Selon lui, en annulant l’entente, les États-Unis perdraient leur crédibilité en Asie. D’autres économistes estiment que par son geste brusque. Donald Trump va donner plus de pouvoir et de légitimité commerciale à la Chine ce qui va affaiblir les États-Unis.

Dans ce qui semble être un paysage de politiques présidentielles en constante évolution, Robert Wolfe se demande si Trump n’annulera pas le TPP seulement pour lui « mettre du rouge à lèvres dessus » quelque temps plus tard et de le ramener sous une autre forme. S’il a raison, dit-il, faites attention au partenariat « Trump Pacific ».

Le monde politique devra composer avec la bête d’affaires  

Le président désigné des États-Unis, Donald Trump, le 8 novembre au soir
Le président désigné des États-Unis, Donald Trump, le 8 novembre au soir © Getty/Getty Images News/Joe Raedle

L’avocate commerciale Katie Sykes a l’impression que le monde du commerce a tourné à l’envers en quelques mois.

Une partie du problème avec le TPP et les autres accords commerciaux mégarégionaux était la façon dont ils ont été négociés, selon Barry Appleton, le partenaire de direction du cabinet d’avocats canadien Appleton & Associates.

«Après de longues négociations sophistiquées de sept ans sans avoir des consultations publiques, ce n’est pas une très bonne façon de mener une politique publique, a-t-il déclaré. Et ce n’est pas surprenant que quand l’accord est dévoilé, les gens ne l’aiment pas. »

« Il ne faut jamais sous-estimer Donald Trump », ajoute Appleton. À son avis, avec Trump à la Maison-Blanche, les règles du commerce ont changé. Le président désigné voudra obtenir quelque chose de concret pour tout ce qu’il abandonne.

M. Appleton croit que la stratégie du premier ministre canadien Justin Trudeau de mettre carte sur table est quelque chose dont Trump profitera. « Une erreur énorme. Ce dont le gouvernement canadien a besoin, c’est d’une véritable bonne approche entrepreneuriale pour traiter avec M. Trump. »

« La façon réfléchie, académique, savante, qui était très appropriée sous l’administration Obama, n’est pas la façon dont les choses vont se dérouler dans l’administration Trump.»

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Raoul Castro et Justin Trudeau au terme de leur journée ensemble mercredi de la semaine dernière.Crédit photo : Presse canadienne
Raoul Castro et Justin Trudeau au terme de leur journée ensemble mercredi de la semaine dernière.Crédit photo : Presse canadienne

 

RCI avec La Presse canadienne, Radio-Canada et Don Pittis de CBC News

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