Des femmes portant le hijab.Crédit photo : PC / Ryan Remiorz

Des femmes portant le hijab.Crédit photo : PC / Ryan Remiorz

Nouvelle tentative au Québec pour permettre le port du hijab en cour en toutes circonstances

Après avoir échoué, le mois dernier, à obtenir un jugement déclaratoire sur le port de vêtements ou d’objets à caractère religieux devant les tribunaux québécois, une musulmane montréalaise se tourne maintenant vers la Cour d’appel du Québec.

Les avocats de Rania El-Alloul soutiennent que la Cour supérieure du Québec a erré le mois dernier en refusant de sévir contre la juge Eliana Marengo qui, en février 2015, avait refusé d’entendre la cause civile de leur cliente parce qu’elle ne voulait pas retirer son hijab.

La plaignante s’adressait alors au tribunal pour tenter de récupérer sa voiture, saisie par la Société de l’assurance automobile du Québec.

Rania El-Alloul – CBC
Rania El-Alloul – CBC

Aide-mémoire
– Dans un enregistrement audio de la procédure obtenu par CBC News, on entendait la juge Eliana Marengo dire à Rania El-Alloul que sa salle d’audience est un lieu laïque et que la jeune musulmane n’est pas convenablement vêtue.
– Puis, devant le refus de cette dernière de retirer ce type de voile qui ne couvre que la tête et non le visage, la juge affirmait que la cause de Rania El-Alloul ne serait pas entendue.
– Dans l’enregistrement, on entend la juge ajouter : « Chapeau et lunettes de soleil ne sont pas autorisés. Et je ne vois pas pourquoi des foulards sur la tête le seraient. Les mêmes règles doivent s’appliquer à tout le monde. Je ne vais donc pas vous entendre si vous portez un foulard sur la tête, tout comme je n’aurais pas à permettre à une personne de comparaître devant moi portant un chapeau ou des lunettes de soleil sur sa tête, ou tout autre vêtement qui ne convient pas pour une procédure judiciaire. »

Le Conseil de la magistrature du Québec étudie des dizaines de plaintes visant les propos de la juge Marengo.
Le Conseil de la magistrature du Québec étudie des dizaines de plaintes visant les propos de la juge Marengo.

Un jugement en deux temps et trois mouvements

Rania El-Alloul et son avocat Julius Grey en 2015. (Steve Rukavina)
Rania El-Alloul et son avocat Julius Grey en 2015. (Steve Rukavina)

La Cour supérieure du Québec a statué hier mercredi que la juge avait certes violé la liberté de religion garantie par la Charte canadienne des droits et libertés et que la théorie de la juge Marengo selon laquelle une salle d’audience est un espace laïque n’a pas force de loi au Canada.

Mais le magistrat a aussi estimé que chaque cas devrait être évalué « à la lumière du contexte qui existe lors de la comparution du témoin ».

Tout en éprouvant « beaucoup de sympathie à son égard », le juge de la Cour supérieure du Québec a soutenu qu’on ne pouvait déclarer d’avance « dans l’absolu et hors contexte » que Mme El-Alloul aurait le droit de porter le hijab à ses prochaines comparutions devant la Cour du Québec. « Il n’existe aucune preuve que les juges refusent systématiquement aux femmes portant le hijab le droit de témoigner », ajoutait-il.

L’un des avocats de Mme El-Alloul, Julius Grey, estime que cette approche du « cas par cas » n’a pas de sens et crée de l’insécurité chez sa cliente et chez quiconque dans une situation similaire voulant avoir accès au système judiciaire.

Nous devons veiller à ce qu’aucune femme ne se voit refuser l’accès à la justice parce qu’elle porte un hijab – ou quiconque portant une kippa ou un turban a affirmé Me Julius Grey en entrevue à CBC.

« Je sentais que je n’étais plus Canadienne »

Rania El-Alloul
Rania El-Alloul © (National Council of Canadian Muslims)

Dans une interview accordée l’an dernier à CBC News, Mme El-Alloul affirmait qu’elle ne pouvait pas croire ce qui se passait. « Quand je suis arrivée le premier jour où j’ai atterri au Canada, je portais mon hijab », se souvient-elle.

« Quand j’ai juré devant Dieu d’être un bon citoyen canadien, je portais mon hijab, et le juge alors m’a serré la main le même jour que je suis devenue Canadienne. J’étais vraiment très heureuse. Mais ce qui est arrivé au tribunal m’a fait ressentir de la peur. Je sentais que je n’étais plus Canadienne ».

« Quand elle a insisté pour que j’enlève mon hijab, vraiment je me sentais comme elle ne me parlait pas comme si j’étais un être humain. Je ne veux pas que cette chose arrive à toute autre dame. Ce n’est pas le travail d’un juge. Elle ne mérite pas d’être une juge ».

Découvrez :
Le hijab expliqué par celles qui le portent
Une campagne nationale en 2015 visait à faire tomber les nombreux préjugés concernant le port du hijab, ce voile musulman porté par des millions de femmes partout dans le monde. La campagne #JeSuisHijabi a été lancée sur Twitter par les membres de l’Association des femmes musulmanes d’Ahmadiyya qui souhaite que les valeurs de tolérance et d’ouverture priment.
Lisez la suite…

Crédit photo : AP/M. Spencer Green
Crédit photo : AP/M. Spencer Green

 

RCI avec Radio-Canada, CBC et La Presse canadienne

Sur le même thème

Une femme voilée réclame un jugement clair sur le hijab au tribunal – Radio-Canada 

Montreal woman asked to remove hijab in court appeals – CBC 

De plus en plus de musulmanes canadiennes portent le voile – RCI 

Une juge refuse d’entendre une femme portant le hidjab – Le Devoir 

Catégories : Immigration et Réfugiés, Société
Mots-clés : , , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.