Au moins 3 agressions sexuelles par jour dans l'armée canadienne.

Au moins 3 agressions sexuelles par jour dans l'armée canadienne.
Photo Credit: IS / iStock

Près de 2 % des militaires canadiens sont victimes d’une agression sexuelle chaque année

Environ 960 membres des Forces armées canadiennes ont rapporté avoir été victimes d’une agression sexuelle, selon une enquête menée par Statistique Canada.

Selon cette enquête, réalisée entre avril et juin derniers, environ 960 membres des FAC, soit 1,7 % d’entre eux, ont déclaré avoir été victimes d’une agression sexuelle au cours des 12 mois précédents.

Les femmes de la Force régulière ont été quatre fois plus nombreuses à être victimes d’une agression sexuelle que les hommes (4,8 % comparativement à 1,2 %). Et, dans la moitié des cas, leur agresseur était un supérieur hiérarchique.

Au moins 49 % des femmes des Forces ayant été victimes d’agression sexuelle depuis 12 mois l’ont été par leur supérieur ou par une personne d’un grade supérieur.

Le sondage rendu public lundi révèle aussi que plus du quart des femmes de la Force régulière, soit 27,3 %, ont été agressées sexuellement au moins une fois depuis leur enrôlement.

Les types d’agressions sexuelles
• Attaques de nature sexuelle – 0,3 % : Forcer ou essayer de contraindre une personne à se livrer à une activité sexuelle non désirée par la menace, en la maintenant en place par la force ou en la brutalisant.
• Contacts sexuels non désirés – 1,5 % : Se livrer à des attouchements sexuels non désirés par des attouchements, des agrippements, des baisers ou des caresses.
• Activité sexuelle sans consentement – 0,2 % : Forcer une personne à se livrer à une activité sexuelle sans pouvoir y consentir en raison d’une intoxication (alcool ou drogue) ou après avoir été manipulée.

La classe militaire réagit avec consternation

Jonathan Vance, chef d’état-major de la défense au Canada, vante les améliorations effectuées en matière de lutte contre l’inconduite sexuelle dans les forces armées.
Jonathan Vance, chef d’état-major de la défense au Canada, vante les améliorations effectuées en matière de lutte contre l’inconduite sexuelle dans les forces armées. © PC/FRED CHARTRAND

« Je suis extrêmement déçu », a laissé tomber le chef d’état-major des Forces armées canadiennes, Jonathan Vance, en conférence de presse au quartier général de la Défense nationale, à Ottawa, lundi matin.

La déception est d’autant plus grande que des gestes ont été faits après la publication d’un rapport d’une l’ancienne juge de la Cour suprême Marie Deschamps, qui concluait, en avril 2015, à l’existence d’une culture de la sexualisation « hostile » aux femmes et aux minorités sexuelles.

« J’avais donné un ordre à chaque membre des FAC que ce comportement devait cesser. Mes ordres étaient clairs. Mes attentes étaient claires », a dit avec regret le général Vance en faisant référence au déclenchement de l’opération HONOUR, en juillet dernier.

Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, s’est dit pour sa part satisfait du travail accompli par le général Vance, mais il a reconnu qu’il restait encore « beaucoup » à faire pour enrayer le phénomène et faire en sorte que les femmes et hommes en uniforme se sentent en sécurité.
Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, s’est dit pour sa part satisfait du travail accompli par le général Vance, mais il a reconnu qu’il restait encore « beaucoup » à faire pour enrayer le phénomène et faire en sorte que les femmes et hommes en uniforme se sentent en sécurité. © AP / Geert Vanden Wijngaert

Le Parlement appelé à agir

Michel Drapeau, avocat et colonel à la retraite. (mars 2016)
Michel Drapeau, avocat et colonel à la retraite. (mars 2016) © ICI Radio-Canada

L’avocat et colonel à la retraite Michel Drapeau estime que le Parlement doit prendre les choses en main. Car s’il y a eu selon lui un certain « brasse-camarade » après la publication du rapport Deschamps, celui-ci n’a pas donné les résultats escomptés.

Il suggère de créer sans plus tarder un centre indépendant pour gérer les cas d’inconduite sexuelle — une recommandation que la juge Deschamps avait qualifiée d’« essentielle » — et de retirer à l’armée le pouvoir d’enquêter et de poursuivre en matière de crimes sexuels.

« La première chose qu’il faut faire, c’est d’arrêter de repousser ça auprès des autorités militaires […] Avec ça, on va régler, je suis certain, le problème de manque de confiance de plusieurs des victimes », a soutenu Me Drapeau en entrevue téléphonique.

Les victimes sont en effet une minorité à dénoncer les agressions sexuelles. Selon le sondage publié lundi, seules 23 % d’entre elles ont signalé un incident à une personne en position d’autorité dans les 12 derniers mois.

La contre-amirale Jennifer Bennett, directrice générale du Centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle des FAC, a précisé lundi que 30 personnes en position d’autorité ont été relevées de leurs fonctions en raison d’inconduite sexuelle, dont 18 de façon permanente.

Le saviez-vous?
Agressions sexuelles : recours collectif contre l’armée canadienne
Un groupe d’anciens militaires a déposé lundi un recours collectif pour dénoncer le système au sein des Forces armées canadiennes qui tolérerait, voire étoufferait, les cas d’agressions sexuelles.
Les demandeurs accusent les Forces armées canadiennes d’avoir « systématiquement manqué à leurs obligations de protéger leurs membres », notamment en s’abstenant d’enquêter sur des incidents signalés, en décourageant les victimes à dénoncer ces inconduites et en « effectuant des représailles » contre les membres qui rapporteraient de pareils actes.

Plus d’une femme militaire sur quatre a été l’objet d’une agression au cours de sa carrière, d’après le sondage de Statistique Canada.
Plus d’une femme militaire sur quatre a été l’objet d’une agression au cours de sa carrière, d’après le sondage de Statistique Canada. © Radio-Canada

RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada

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Catégories : Politique, Société
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