Des universités canadiennes, du Québec à la Colombie-Britannique, en passant par l’Ontario et l’Alberta ont reçu un nombre record de demandes d’inscription et ont constaté une explosion du trafic sur leurs sites Internet aux États-Unis depuis la victoire de Dobald Trump. Certains étudiants américains, affligés par l’élection de Trump, voient le Canada comme la bonne porte de sortie.
Bien que depuis quelques années, plusieurs universités canadiennes avaient noté un réel intérêt de la part des étudiants américains, l’engouement a atteint un pic au-delà de leurs attentes, grâce à Donald Trump.
Lara Godoff, 17 ans, originaire de Napa, en Californie, dit qu’elle a renoncé à toute idée de rester aux États-Unis au lendemain de la victoire de Trump. La jeune démocrate, redoute entre autres choses que sous Trump, l’application des lois fédérales contre les abus sexuels ne soit assouplie. Ce qui rendrait les campus universitaires moins sûrs pour les femmes.
Godoff a envoyé des demandes d’admission à quatre universités canadiennes, pour être sûre d’obtenir au moins une réponse favorable. « Si nous vivons dans un pays où tant de gens peuvent voter pour Donald Trump, soutient-elle, ce n’est pas un pays dans lequel je veux vivre ».

Une hausse de 70% à Toronto
Les demandes d’admission d’étudiants américains à l’Université de Toronto ont augmenté de 70% par rapport à la même période l’an dernier. Plusieurs autres écoles canadiennes ont enregistré des hausses de 20% et plus. À l’Université McMaster à Hamilton l’augmentation est de 34% jusqu’à présent.
Sans nier l’effet Trump, Jennifer Peterman, directrice générale du Recrutement de premier cycle à l’Université McGill de Montréal, préfère souligner les autres atouts de son institution pour les étudiants étrangers comme la diversité culturelle et le coût de la vie.
Aux États-Unis pendant ce temps, les universités ne se voilent pas la face. Des responsables des inscriptions reconnaissent que la victoire de Trump a infléchi la courbe des demandes d’admission. Certains étudiants internationaux évitent les États-Unis où plane plus que jamais la menace de la déportation et l’exacerbation du racisme décomplexé. Ces étudiants optent plutôt pour le Canada ou l’Australie. Et l’intérêt pour les universités canadiennes est particulièrement croissant en Chine, en Inde et Pakistan.

Les étudiants internationaux ont aussi peur de Trump
Selon Stephen Dunnett, vice-chancelier international à l’Université de Buffalo, «tout le monde dans l’éducation internationale est un peu mal à l’aise, en partie parce qu’une partie de la rhétorique de la campagne présidentielle a fait peur à l’étranger ». Il prévoit d’ailleurs une période d’instabilité au cours des prochaines années pour le recrutement d’étudiants étrangers.
Bien qu’il soit trop tôt pour dire combien d’étudiants américains vont s’inscrire dans des universités canadiennes l’automne prochain, plusieurs d’entre elles s’attendent à voir plus d’Américains dans leurs campus
Traditionnellement, le Canada n’a pas jamais été une destination très populaire
pour les étudiants américains. En 2014, le pays a attiré environ 9 000 étudiants du sud de la frontière, contre 57 000 provenant de Chine, selon les données du Bureau canadien de l’éducation internationale.

Surfer sur la trumphobie? Les universités canadiennes s’en défendent
Mais à mesure que la population canadienne vieillit, l’intérêt pour les étudiants étrangers grandit. En 2014, Ottawa a annoncé qu’il doublerait le nombre d’étudiants étrangers au pays d’ici 2022. Bon nombre des 125 universités canadiennes ont répondu favorablement en intensifiant leurs recrutement aux États-Unis, promettant aux étudiants une expérience « près de la maison ».
À Washington, ce mois-ci, l’Université de Toronto a organisé un débat sur la dernière élection américaine et a demandé à ses anciens étudiants locaux de se faire accompagner par de potentiels demandeurs d’admission. Rebekah Robinson, 17 ans de Baltimore, a pris part à l’évènement. Elle qui avait déjà visité l’Université de Toronto, envisage maintenant de s’y inscrire.
D’autres universités canadiennes multiplient les envois de recruteurs aux États-Unis afin d’établir des liens avec des écoles secondaires, tout en déclarant le plus sérieusement du monde qu’elles ne veulent pas exploiter les retombées de la victoire de Donald Trump.
(Avec Associated Press)
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