Deux adolescentes autochtones, Jolynn Winter et Chantel Fox, se sont suicidées au début du mois de janvier dans la communauté de Wapekeka, dans le Grand Nord ontarien. Dans une conférence de presse à Ottawa, les chefs autochtones ont soutenu que Santé Canada avait été mis au courant d’un possible pacte de suicide entre des jeunes de ce village et qu’ils avaient demandé en vain une subvention pour gérer la situation.
26 jeunes désignés comme étant à risque élevé
C’est depuis l’été dernier que la petite communauté des Premières Nations de Wapekeka, à 600 km au nord de Thunder Bay, avait tiré la sonnette d’alarme sur la situation préoccupante de 26 jeunes du village désignés comme étant à « risque élevé ».
Le porte-parole des chefs de ce village, Joshua Frogg, a relevé le fait que ces jeunes étaient aux prises avec des problèmes de santé mentale et qu’ils étaient susceptibles de s’enlever la vie à tout moment.
Selon M. Frogg, quatre de ces jeunes avaient d’ailleurs été conduits hors de la communauté pour recevoir de l’aide médicale, à cause du choc causé par le suicide de leurs deux camarades.

Possible pacte de suicide entre les jeunes filles et demande d’aide rejetée
Dix-sept autres personnes se sont suicidées entre-temps, depuis que les deux adolescentes de 12 ans ont mis fin à leurs jours.
En raison du nombre de tentatives de suicide qui reste élevé depuis un an parmi les adolescentes de cette communauté, les chefs avaient soupçonné l’existence d’un pacte de suicide entre elles. C’est pourquoi ils avaient sollicité une aide financière d’Ottawa pour tenter de maîtriser la situation.
Les chefs autochtones avaient souhaité recevoir 376 706 $ mais, apparemment, leur demande n’avait pas connu une suite favorable.
Selon un rapport de l’Association médicale canadienne sur le suicide au sein des communautés autochtones, le phénomène est particulièrement marqué chez les jeunes. Le chercheur associé au centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto, Gerald McKinley, a parcouru les rapports du bureau du coroner en chef de l’Ontario entre 1991 et 2013. Il a noté que 468 Autochtones se sont enlevé la vie durant cette période et que près de la moitié [d’entre eux] étaient âgés de 25 ans ou moins.

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Clarifications de Santé Canada
Selon un communiqué diffusé par l’organisme fédéral mercredi soir, il y aurait eu une promesse faite aux chefs de la communauté de Wapekeka en automne dernier.
La proposition de Santé Canada était d’essayer de trouver de l’argent pour soutenir cette communauté dans ses efforts pour contrer le suicide des filles du village.
La seule école de ce village demeure jusqu’à présent fermée depuis que les deux adolescentes autochtones de 12 ans se sont enlevé la vie.

Joshua Frogg, Alvin Fiddler, le chef de l’organisme Nishnawbe Aski qui représente 49 communautés du nord de l’Ontario, Jonathan Solomon, le grand chef du Conseil Mushkegowuk qui représente 7 Premières Nations de la baie James et de la baie d’Hudson, en Ontario, sont profondément préoccupés par la situation et les risques de suicide qui continuent de peser sur les jeunes adolescents de leur localité.
C’est ainsi qu’ils se sont fortement mobilisés pour aller à la rencontre du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, afin de réitérer leur demande du mois de janvier 2016 d’accroître les ressources pour l’amélioration de la santé des Autochtones et de préparer une véritable stratégie nationale pour prévenir le suicide au sein de cette population.
RCI avec La Presse canadienne
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