Dans le but d’accroître la sécurité dans l’industrie ferroviaire, le Canadien Pacifique a récemment préconisé que les compagnies aient accès au contenu audio-vidéo issu des enregistreurs à bord des locomotives. Cette recommandation est mal accueillie par la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada qui représente les intérêts de la majorité des travailleurs qui opèrent les trains du pays.
L’un des éléments figurant dans les mesures du transporteur ferroviaire en vue d’assurer la sécurité des Canadiens suscite une vive réaction de Teamsters Canada.
Le transporteur a en effet estimé que la loi actuelle, qui permet l’installation d’enregistreurs audio-vidéo à bord des locomotives, empêcherait aux compagnies ferroviaires d’utiliser les données pour prendre des mesures visant à accentuer la sécurité du transport ferroviaire.
C’est ainsi qu’il a relevé qu’il serait opportun de modifier cette loi pour limiter les accidents ferroviaires et leurs conséquences dramatiques.
La catastrophe survenue il y a quelques années à Lac-Mégantic rappelle de douloureux souvenirs et met en évidence la nécessité de mieux encadrer l’industrie ferroviaire, reconnaît le président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC), Doug Finnson.
Il croit que cela ne devrait pas servir de prétexte aux dirigeants du Canadien Pacifique pour instaurer une culture de la peur, pour intimider les travailleurs et pour les mettre sous pression.

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Interrogé sur les déclarations du président de la CFTC, le directeur des relations publiques de Teamsters, Stéphane Lacroix, a expliqué que c’est à des fins de protection de la vie des travailleurs que l’accès aux enregistrements ne devrait pas être permis.
Selon M. Lacroix, la présence des enregistreurs à bord des trains ne pose pas de problème, mais seuls les enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports devraient avoir accès aux enregistrements.
Il dénonce une culture organisationnelle basée sur la violation du droit à la vie privée des travailleurs, surtout si les transporteurs ferroviaires peuvent les surveiller 24 h sur 24.
D’un autre côté, il fustige les relations acrimonieuses entre les patrons et les employés. Il met en garde contre une possible dégradation de ces relations, advenant la surveillance qu’offrirait aux transporteurs leur accès aux enregistrements.
Rappelant que les enregistreurs audio-vidéo avaient été approuvés au départ dans les locomotives, avec pour objectif de faciliter les enquêtes du Bureau de la sécurité des transports, M. Lacroix craint qu’ils soient utilisés pour punir les travailleurs.
C’est ainsi qu’il suggère que d’autres mesures soient prises pour sécuriser davantage le transport ferroviaire, dont l’embauche d’un plus grand nombre d’inspecteurs de voies ferrées et l’élaboration d’horaires plus humains.
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