Périlleux exercice que celui de chercher à dénombrer toutes les personnes dans l’itinérance dans un pays. C’est pourtant le défi que s’est donné le Canada qui souhaite documenter le phénomène pour mieux le combattre.
Un projet de trois millions de dollars
Le 22 février 2016, le gouvernement fédéral annonçait son intention d’injecter près de trois millions de dollars dans la réalisation de ce projet titanesque.
Une aventure aux objectifs nobles, qui vise avant tout à porter une plus grande attention à un problème qui mine la santé tant physique que mentale des concernés.
À travers le dénombrement, le gouvernement souhaite mettre à la disposition des communautés des informations qui leur permettent de mener des actions plus ciblées, en connaissance des besoins avec des ressources plus planifiées.
Reconnaissant qu’il s’agit d’un phénomène difficile à documenter, les organismes qui s’occupent du problème de l’itinérance soutiennent qu’un exercice de dénombre ne peut que permettre d’avoir une idée des tendances pour mieux orienter les mesures et les ressources.
Le dénombrement de la discorde ?
Plusieurs provinces du Canada ont dit leur opposition au projet herculéen du gouvernement fédéral qui démarre l’année prochaine.
Sur le front du refus se trouvent de grandes villes du pays comme Toronto, Calgary, Edmonton, Ottawa et Vancouver.
Même le Réseau solidarité et itinérance, qui est d’habitude très présent lorsqu’il est question des personnes sans-abri, a décliné l’invitation à participer au dénombrement, privilégiant la planification annuelle qui prend en compte tous les éléments du phénomène.
Au Québec, la position du gouvernement par rapport à ce projet reste à préciser.
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Pourquoi ça coince ?
Le phénomène des sans-abri qui vivent dans l’itinérance cachée vient compliquer la tâche quand il est question de procéder au dénombrement.
Ces personnes sont difficilement identifiables dans la mesure où elles sont très souvent hébergées sous les toits de leurs parents, amis et autres proches, pour les uns, sollicitent des motels ou des maisons de chambres pour y passer la nuit, pour d’autres.
« Un tel exercice de dénombrement ponctuel ne permet pas de quantifier de manière précise l’ensemble du phénomène. Un grand nombre de personnes en situation d’itinérance sont écartées de telles enquêtes, principalement les femmes, les jeunes, les personnes autochtones et les personnes issues de communautés culturelles, mais aussi la très grande majorité des personnes en situation d’itinérance cycliques ou cachées. Si des données non valides sont utilisées pour la mise en place de politiques publiques et d’initiatives, ces mesures ne parviendront pas à apporter des véritables solutions à l’itinérance. ». – Mathieu Frappier, Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec (RSIQ).
D’un autre côté, les villes hostiles évoquent un manque de temps et elles posent surtout le problème de la fiabilité des données.
l’Observatoire canadien de l’itinérance émet des critiques sévères vis-à-vis de politiques de financements inadéquats qui accentuent le phénomène de l’itinérance dans le pays. Il privilégie l’orientation des ressources vers la construction de logements abordables pour tous.
« C’est […]une occasion d’éliminer l’itinérance au Canada une fois pour toute.» – Stephen Gaetz, directeur de l’Observatoire canadien sur l’itinérance.
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l’itinérance au Canada a augmenté
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Sa cause principale, selon l’Observatoire canadien sur l’itinérance, est le faible niveau de l’investissement fédéral dans les logements depuis les années 1980.
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Ce ne sont plus seulement les hommes célibataires âgés qui sont les principales victimes
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Les femmes aussi sont concernées et elles représentent 27 % de la population des sans-abri
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Les personnes âgées ne sont pas à l’abri et elles représentent 24,4 % des utilisateurs des refuges
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Les jeunes comptent pour 8 % de la population des sans-abri
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Les Autochtones représentent entre 27 % et 33 % des utilisateurs des refuges et sont dix fois plus susceptibles d’utiliser les refuges d’urgence
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