Alexandre de Juniac - IATA

Alexandre de Juniac - IATA

Au Canada, l’IATA dénonce l’interdiction américaine des appareils électroniques en cabine

Le président et chef de la direction de l’Association du transport aérien international (IATA), Alexandre de Juniac, apparaît visiblement irrité par la décision des États-Unis et du Royaume-Uni la semaine dernière interdisant les appareils électroniques dans la cabine de passagers sur les vols provenant de certains pays du Moyen-Orient et de l’Afrique.

« On a beaucoup de questions sur la validité de cette mesure et sur la méthode par laquelle elle a été prise», indique Alexandre de Juniac, au sortir d’une rencontre avec les membres du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), mardi.

Bien qu’il reconnaisse qu’il est entièrement légitime pour les États de prendre des mesures pour se protéger, M. de Juniac fait valoir que cette décision pourrait avoir pour effet de simplement transférer le risque ailleurs dans l’avion.

« Nous avons déjà limité le trop grand nombre de batteries lithium-ion dans les soutes des avions et cargo en raison des risques d’incendie/explosion (…) Si on craint un problème d’explosif dans un appareil électronique, le mettre en soute ou en cabine, ça ne change pas grand-chose ».

L’interdiction s’appliquerait donc pour le moment à seulement 10 aéroports internationaux desservant les villes du Caire en Égypte; Amman en Jordanie; Koweït au Koweït; Casablanca au Maroc; Doha au Qatar; Riyad et Djeddah en Arabie Saoudite; Istanbul en Turquie; et Abu Dhabi et Dubaï dans les Émirats arabes unis. Un autre fonctionnaire américain a déclaré que l’interdiction affecterait neuf compagnies aériennes au total.
L’interdiction s’applique pour le moment à seulement 10 aéroports internationaux desservant les villes du Caire en Égypte; Amman en Jordanie; Koweït au Koweït; Casablanca au Maroc; Doha au Qatar; Riyad et Djeddah en Arabie Saoudite; Istanbul en Turquie; et Abu Dhabi et Dubaï dans les Émirats arabes unis. Un autre fonctionnaire américain a déclaré que l’interdiction affecterait neuf compagnies aériennes au total. © AFP

Un geste unilatéral et sans consultation avec les experts

Alexandre de Juniac
Alexandre de Juniac © IATA

Le représentant de l’industrie aérienne commerciale déplore également le fait que la décision ait été prise de façon unilatérale, sans consultation et sans avertissement.

« Ça nous oblige à mettre en oeuvre, dans des conditions qui sont très insatisfaisantes, des mesures qui sont tout de même difficiles à accepter pour les passagers et à mettre en oeuvre par les compagnies aériennes », martele M. de Juniac, exprimant l’espoir d’une plus grande ouverture de la part des pays concernés à l’avenir.

« Nous ne sommes pas des experts en sécurité, mais nous sommes des experts en transport de personnes et de biens. S’il vous plaît, demandez-nous notre avis. »

Il a appelé le gouvernement canadien à travailler avec l’industrie du transport pour s’assurer que les passagers ne soient pas séparés de leurs ordinateurs portables, tablettes et autres appareils électroniques.

Le Canada ne dit pas non à une interdiction dans le ciel canadien

Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau
Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau © ICI Radio-Canada

Le ministre canadien des Transports, Marc Garneau, indique pour sa part que son gouvernement étudie cette interdiction, mais qu’aucune décision n’a encore été prise.

« Des représentants de mon ministère sont à Bruxelles pour discuter avec un groupe clé d’alliés et de spécialistes de l’interdiction de transporter des appareils électroniques dans la cabine des aéronefs. Nous évaluons avec soin les préoccupations de nos partenaires », a indiqué le ministre par voie de courriel.

«Notre gouvernement demeure vigilant en réévaluant sans cesse ses mesures de sûreté et n’hésitera pas à en prendre d’autres au besoin», a-t-il ajouté.

Mais pour le PDG de l’IATA, il ne fait aucun doute que cette mesure ne doit pas demeurer en place dans sa forme actuelle, une préoccupation qu’il dit avoir partagée avec les autorités réglementaires américaines et britanniques.

«Nous avons fortement insisté sur le fait que cette mesure ne peut pas être une mesure à long terme. Elle doit être revisitée rapidement en collaboration avec nous.»

L’IATA dit non à la privatisation d’aéroports au Canada

Des passagers à l’aéroport Pearson de Toronto.
Des passagers à l’aéroport Pearson de Toronto. © La Presse canadienne/Aaron Vincent Elkaim

Dans un autre dossier, le président et chef de la direction de l’IATA, exhorte Ottawa à ne pas privatiser les aéroports puisque les expériences en la matière ont démontré que cela nuit à la compétitivité d’un pays en augmentant les coûts des vols pour les citoyens et en compromettant la qualité des services, a-t-il expliqué.

« Le Canada va le regretter s’il vend les joyaux de la Couronne », a-t-il déclaré devant les membres du CORIM, ajoutant que la France regrettait elle-même d’avoir cédé une portion de ses actifs aéroportuaires au secteur privé.

Évoquant des exemples en Australie, en Europe et en Amérique du Sud depuis les 20 dernières années, il a soutenu que «ces privatisations ont plutôt généré des coûts supplémentaires pour les compagnies aériennes avec un niveau de service que nous ne trouvons pas en rapport».

Selon lui, seuls les nouveaux propriétaires en ont profité : « Les principaux aéroports privatisés sont des machines ultra profitables, comparé à la fragilité financière des compagnies aériennes », a-t-il expliqué, alors que la situation est tout autre dans les actifs conservés par les États.

«Dans les aéroports qui sont restés publics, on a trouvé un meilleur compromis entre l’intérêt général, l’intérêt des « stakeholders » et l’intérêt des clients», a-t-il affirmé, ajoutant que cette situation était, jusqu’à preuve du contraire, la meilleure pour tous les clients en matière de coûts et services.

Voyez la suite :
Prix des billets d’avion au pays encore plus élevés avec la privatisation

RCI avec La Presse Canadienne, Radio-Canada, l’AFP et CBC

Sur le même thème

Appareils électroniques bannis sur des vols vers les États-Unis : le Canada n’est pas touché – RCI

Non à l’interdiction des appareils en cabine et à la privatisation des aéroports, dit l’IATA – SRC

Les incidents aériens causés par des passagers en hausse –Radio-Canada

Catégories : International, Internet, sciences et technologies, Politique
Mots-clés : , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.