Pensionnats autochtones : un génocide culturel, dit la Commission de vérité et réconciliation
Pensionnats indiens, l’enfance déracinée : l’héritage douloureux des pensionnats indiens pèse sur des générations d’Autochtones éduqués dans ces écoles dont le but avoué était l’assimilation. Cette sombre page de l’histoire du pays demeurée méconnue de la plupart des Canadiens refait surface, au moment où des milliers d’autochtones réclament excuses et dédommagements. Ils demandent à guérir de leur enfance volée.
Ce ne sont là que trois exemples de dossiers au sujet de cette terrible page sombre de l’histoire canadienne.
On ne savait pas
Vous avez déjà entendu cette excuse n’est-ce pas?
Derrière toutes les exactions de l’histoire, dans toutes les guerres, la première victime, c’est la vérité.
C’est aussi l’information.
C’était vrai lors de la Seconde Guerre mondiale, c’était vrai en ex-Yougoslavie, au Rwanda, lors du génocide arménien, chez les Rohingyas en Birmanie, etc.
On ne savait pas!
C’est ainsi que l’on tente d’expliquer comment se sont produites des atrocités : les gens à l’époque ne savaient pas ce que l’on sait aujourd’hui.
Et c’est faux
C’est tout l’argumentaire développé par Cindy Blackstock, directrice de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada.
Certains Blancs savaient. C’était le cas notamment du Dr Peter Bryce.
Le Dr Bryce a soulevé le problème de la maltraitance que subissaient les enfants autochtones dans les pensionnats, il a parlé des décès… Et les autorités fédérales canadiennes l’ont carrément ignoré.

Docteur Peter Bryce (Peter Campbell)
Une exposition en mémoire du Dr Bryce
Mme Blackstock a contribué au montage d’une exposition portant sur ce médecin canadien. Exposition qui vient d’ouvrir ses portes dans l’église presbytérienne St. Andrew’s au coeur du centre-ville d’Ottawa.
Au début du XXe siècle, ce médecin de 51 ans a reçu le mandat de la part du ministère des Affaires indiennes (le nom à l’époque du ministère appelé aujourd’hui Affaires autochtones et du Nord, Canada) de faire un rapport sur l’état de santé des enfants des pensionnats.

Cindy Blackstock, directrice de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des premières nations du Canada.
(Sean Kilpatrick/Presse canadienne)
« He finds that the death rates in the schools are 25 per cent a year, and if you follow the kids over three years, it’s 48 per cent. It’s horrifying.
(trad. : Il découvre une situation où le taux de mortalité dans les écoles est de 25 %. Si vous suivez les enfants durant trois ans, ce taux passe à 48%. C’est effroyable.) »
Cindy Blackstock, directrice de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des premières nations du Canada.
Dans son rapport de 1907, le Dr Bryce souligne que la ville d’Ottawa reçoit, pour le traitement de la tuberculose, « trois fois les sommes reçues par l’ensemble des Premières Nations au Canada ». Il proposait notamment de ne pas mettre dans la même classe enfants malades et enfants en santé. Ses mesures étaient simples, faciles à mettre en place … et complètement ignorées.
Son rapport a même été publié à la une de ce qui deviendrait le quotidien Ottawa Citizen et rien n’a été fait.
«It puts a red hot poker stick into this myth that people in the period didn’t know any better back then. I think that he is a great example of a great Canadian, someone who had the moral courage to stand up for his values and the lives of innocent children, and to keep speaking up.
(trad. : Voilà qui démolit le mythe que les gens de l’époque ne savaient pas. Je crois qu’il est un grand Canadien, quelqu’un qui a eu le courage de défendre ses valeurs et la vie d’enfants innocents. »
Cindy Blackstock
RCI, CBC, Société de soutien à l’enfance et à la famille des premières nations du Canada., Encyclopédie canadienne
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