Le Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a déposé son rapport après deux mois de travaux. Il en ressort que la population et la municipalité de Lac-Mégantic restent indécises sur l’avenir de la voie ferrée qui traverse le centre-ville.
Statu quo d’emblée rejeté dans les trois villes concernées
La tragédie survenue dans la localité de Lac-Mégantic le 3 juillet 2013 avait coûté la vie à 47 personnes, détruit plusieurs édifices et contaminé le milieu avec déversement du pétrole brut dans la nature.
L’enquête qu’a menée le BAPE a permis de constater que les populations des trois villes concernées par cette tragédie (Lac-Mégantic, Nantes et Frontenac) restent profondément divisées sur la nécessité d’aménager une voie de contournement ferroviaire.
Cette consultation publique a permis aux participants de s'informer, de s'exprimer et de faire progresser la réflexion collective sur les cinq options à propos de la voie ferrée qui traverse actuellement le centre-ville de Lac-Mégantic : l'option 1, le statu quo, qui maintient le tracé actuel, l'option 2, le statu quo amélioré, qui ajoute des mesures d'atténuation et de protection au tracé actuel et les options 3, 4 et 5 qui constituent des voies de contournement du centre-ville.
Le rapport de plus de 70 pages révèle que ces populations ont rejeté le statu quo d’emblée, sans trop donner de justification, bien que certains aient estimé que la situation actuelle, avec le passage de la voie ferrée au centre-ville, serait plus avantageuse et plus rentable sur le plan économique.
Le rapport du BAPE souligne, malgré tout, la nécessité pour ces populations de considérer toutes les options possibles, dans le but de trouver une solution adéquate pour la municipalité, car choisir le statu quo consisterait à ne rien changer à ce qui existe déjà.

Construire un pont au-dessus de la rivière Chaudière
Le rapport du BAPE laisse entrevoir que cette option suscite de l’intérêt auprès de 43 % de la population de Lac-Mégantic, tandis que 59 % ont opté pour le statu quo. À Frontenac, 30 personnes étaient pour le statu quo, et 4 en faveur de la voie de contournement, tandis qu’à Nantes, 4 citoyens sur 5 étaient pour le statu quo.
Selon le BAPE, l’avantage de ce pont est que sa construction va coûter moins cher, soit près de 115 millions de dollars, en plus de ses avantages environnementaux, sociaux et économiques qui s’annonceraient importants.
Au cours de la consultation du BAPE, plusieurs citoyens de la localité ont eu à souligner les possibles retombées économiques d’une telle solution pour une ville qui se relève difficilement de la pire tragédie de son histoire. Mais dans l’ensemble, la population souhaite s’éloigner de toute possibilité d’une autre voie de passage du pétrole dans la localité ou ailleurs, dans une autre région, car ce serait déplacer le problème chez les voisins.
Le rapport est actuellement entre les mains du ministre de l’Environnement David Heurtel, qui a fait part de la sollicitude du gouvernement en lien avec la souffrance et l’impatience de la population soulignée par le rapport du BAPE.
Plusieurs intervenants ont [...] utilisé cette consultation comme tribune pour souligner publiquement leur souffrance depuis l'avènement de la catastrophe ferroviaire. Leurs commentaires étaient donc souvent empreints d'émotion et de tristesse et, à l'occasion, d'impatience à l'égard de la lenteur de l'avancement du dossier.
RCI avec des informations du BAPE et de La Presse canadienne

à noter les grandes conclusions du rapport du BAPE
– l’acceptation sociale de l’option 1, relative au statu quo, exige une documentation rigoureuse et son explicitation aux populations concernées par le projet pour que l’on s’assure d’une pleine compréhension des enjeux rattachés au maintien de la voie ferrée au centre-ville de Lac-Mégantic;
– la Ville de Lac-Mégantic et ses municipalités voisines, Nantes et Frontenac, devraient coordonner leurs efforts pour informer et consulter adéquatement leurs populations sur cette option;
– la documentation et l’analyse de l’option 1 doivent être intégrées à l’étude d’impact en préparation et un chapitre particulier doit être consacré aux démarches qui auront été entreprises auprès des populations concernées et aux conclusions qui s’en dégagent;
– l’acceptation sociale de l’option 1 sous-tend une acceptation volontaire des risques qui lui sont associés, s’éloignant ainsi de certains principes de développement durable, en particulier ceux relatifs à la prévention, à la précaution et à la protection de la santé;
– à ce stade-ci de l’analyse de l’initiateur, l’option 3 représente la voie de contournement la plus avantageuse et elle mérite une attention particulière en raison de ses avantages tant environnementaux que sociaux et économiques.
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