Déporté du Canada, Lai Changxing est arrêté par la police chinoise à son arrivée à Pékin. Photo : Reuters/China Stringer Network

Déporté du Canada en 2011, Lai Changxing a été arrêté par la police chinoise dès son arrivée à Pékin puis condamné rapidement. Photo : Reuters/China Stringer Network

Nouvelles pressions de la Chine qui convoite un accord d’extradition avec le Canada

Un an après le début de négociations formelles sur cette question, la Chine vient de réitérer publiquement qu’elle souhaite intensifier sa coopération avec le Canada pour lutter contre la corruption en signant un accord d’extradition.

Cette demande formulée par le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi à la chef de la diplomatie canadienne Chrystia Freeland, mercredi, à Pékin, est susceptible de relancer un débat au Canada sur les dangers de signer un accord d’extradition avec un pays où existe la peine de mort pour des crimes souvent de faibles gravités.

Plusieurs pays occidentaux hésitent à signer de tels accords avec la Chine, entre autres parce qu’ils doutent aussi de l’intégrité du système judiciaire chinois et du traitement des prisonniers.

Des prisonniers dans un camp de travail chinois
Des prisonniers dans un camp de travail chinois

Un accord avec le Canada serait un symbole utile à la Chine

La Chine aimerait voir se concrétiser une telle entente pour pouvoir réclamer le retour de ressortissants qu’elle juge corrompus et qui ont fui au Canada pour éviter la justice.

Le Canada refuse de renvoyer des personnes réclamées par des pays sans avoir l’assurance qu’elles ne seront pas exécutées.

En 2011, le Canada a déporté un ressortissant chinois accusé de contrebande et corruption. L’homme avait utilisé tous les recours possibles pour éviter d’être déporté, alléguant qu’il serait torturé et exécuté s’il retournait en Chine. Mais la justice canadienne a rejeté ses arguments. De retour en Chine, Lai Changxing a été condamné à la prison à vie.

Aide-mémoire...
Des négociations sur un traité d'extradition ont été lancées entre Ottawa et Pékin le 12 septembre 2016, dans le cadre de la réunion inaugurale du Dialogue sur la sécurité nationale et la primauté du droit, quelques jours seulement après la fin de la première visite officielle de M. Trudeau en Chine.
Justin Trudeau en Chine en septembre 2016. © Thomas Peter / Reuters

Justin Trudeau en Chine en septembre 2016. © Thomas Peter / Reuters

Traité d’extradition avec la Chine : Trudeau disait ne pas vouloir céder sur la peine de mort

Des prisonniers dans un camp de travail chinois
Des prisonniers dans un camp de travail chinois

L’automne dernier, lorsque les médias canadiens ont eu vent des négociations entre le Canada et la Chine sur un possible traité d’extradition, le premier ministre canadien avait promis qu’il n’abandonnerait pas les principes qui lui sont chers, notamment sa ferme opposition à la peine de mort.

« Le Canada a toujours eu des attentes extrêmement élevées par rapport aux traités d’extradition avec n’importe quel pays. Notre engagement contre la peine de mort, qui est en vigueur depuis 40 ans, veut dire que même avec un pays comme les États-Unis, on ne fait pas d’extradition si quelqu’un fait face à la peine de mort. D’ailleurs, c’est quelque chose qui est très important pour moi personnellement », avait affirmé M. Trudeau.

« Le gouvernement canadien est obligé de défendre les intérêts de tout Canadien qui fait face à la peine de mort. J’y crois et je sais que les Canadiens tiennent à ce qu’on défende nos principes et nos valeurs et c’est ce que nous allons faire dans toutes circonstances », avait-il ajouté en conférence de presse.

Beaucoup d’inquiétude au Canada

Les partis de l’opposition à Ottawa se disent préoccupés par ce projet d’accord. Le Parti conservateur notamment a accusé en septembre dernier le gouvernement d’avoir «complètement abandonné les principes du Canada en matière de droits de la personne».

Du côté d’Amnistie internationale, on est très préoccupé face à cette situation. Car, pour l’organisme, ce qui entoure la peine capitale – le nombre d’exécutions, les personnes exécutées – relève encore du secret d’État en Chine. Il serait donc assez difficile pour le Canada de faire un suivi des personnes qu’il renverrait en Chine », a-t-elle expliqué.

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Justin Trudeau, son épouse Sophie Grégoire-Trudeau et leur fille Ella-Grace sur la grande muraille de Chine. PHOTO : ADRIAN WYLD
Justin Trudeau, son épouse Sophie Grégoire-Trudeau et leur fille Ella-Grace sur la grande muraille de Chine. PHOTO : ADRIAN WYLD

RCI avec Reuters, La Presse canadienne et Radio-Canada

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